En politique comme dans la vie de couple, le casus belli apparent constitue souvent la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Tout semble porter à croire qu’il en est de même du feuilleton » démission annoncée de Kabund » consécutif au double incident survenu le mercredi dernier.
Des bisbilles entre usufruitiers de la rente laissée par Etienne Tshisekedi ? Des querelles entre cohéritiers de l’alternance de janvier 2019 et prétendants au butin de la révolution de palais qui, il y a un an, éloigna les kabilistes du festin ? Et dont l’un des hérauts et héros visibles était Jean-Marc Kabund. Au terme de ce que la rhétorique officielle a appelé » requalification de la majorité « , le Président faisant fonction de l’UDPS était apparu comme le nouvel homme fort de la fatshisphère.
Il y eut Vital Kamerhe dans le rôle de Richelieu. Voici Jean-Marc Kabund, façon Mazarin. D’un » vice-président à un autre « . On le sait depuis Aristote, la nature a horreur du vide.
Seulement voilà, la » révolution comme Saturne, dévore ses propres enfants « , dixit le philosophe-scientifique -dramaturge allemand du XIXème siècle Georg Buchner. Surtout si parmi ses enfants il y en a qui ont participé au rite initiatique du pouvoir en place. Et qui par leur influence donnent l’impression de nourrir les ambitions de devenir calife à la place du calife. Comme, il n’y a pas deux places sur le fauteuil présidentiel, le calife prend souvent le devant et élimine ses ex- compagnons.
Pour l’heure, bien malin qui pourra prédire le nombre d’épisodes du » feuilleton Kabund » et surtout son épilogue. Même si a priori, fort de l’impérium et de la légitimité familiale sur la marque UDPS, le Président Félix-Antoine Tshisekedi a toutes les faveurs du pronostic. Connu pour son aptitude à nulle autre pareille à brûler facilement celui ou ce qu’il a adoré hier et vice-versa, le peuple historique de l’UDPS crierait qu’il n’y a pas match. Il n’aurait pas forcément tort.
Le problème est de connaître la nature de la compétition et les règles du jeu. Là, seuls les initiés aux arcanes de l’alternance d’il y a trois ans et à tous ses avatars disposent de lunettes spéciales pour lire et décoder les bisbilles entre cohéritiers biologiques et politiques. Qui a droit à quoi en vertu de quelle disposition du deal ? Là, réside l’énigme Kabund.
Reste que ces chamailleries sont à des années lumière des préoccupations quotidiennes du Congolais non estampillé UDPS. Lui, qui a tout d’un dindon de la farce, voit le Régime secréter, en trois ans, ses nouveaux riches. José NAWEJ