2021 a été une année extrêmement difficile pour les enseignants des écoles conventionnées de la RDC et aussi un casse-tête pour les parents d’élèves qui s’attendaient pourtant à la concrétisation de la gratuité de l’enseignement. L’avènement de Tony Mwaba à la tête du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), présageait une lueur d’espoir. Elle a vite été transformée en leurre sur terrain. Intimidations, bras de fer avec le très influent réseau catholique, promesses non tenues … ont été au menu de la gestion du patron de l’enseignement primaire et secondaire. Conséquence. La gratuité a été un échec, avec au passage, une grève d’un mois et demi dans le chef des enseignants, la marche des élèves et même la reprise de la prise en charge des professeurs par les parents.
La gratuité de l’enseignement dans des écoles conventionnées pour la rentrée scolaire 2021-2022 est une véritable poudre aux yeux. Les professionnels de la craie, habitués à écouter de bonne foi les belles promesses du Gouvernement n’ont pas cédé, cette fois-ci, au charme de l’interlocuteur.
Au travers de leurs différents syndicats, en l’occurrence le Syndicat des enseignants du Congo (SYECO) et le Syndicat des enseignants des écoles catholiques ( SYNECAT) se sont soudés les coudes. Les enseignants ont fait bloc contre l’Exécutif national via son ministre de l’EPST.
UN MOIS ET DEMI DE GRÈVE, UN RECORD DEPUIS 2006
Tout portait à croire que cette grève ne serait qu’éphémère. Rien de tel comme d’habitude. «Une fois n’est pas coutume» dit-on. Ceux qui sont en première ligne dans la pédagogie sont allés jusqu’à un mois et demi de grève, du 4 octobre au 11 novembre. Un record dans le secteur depuis 2006 sous Joseph Kabila.
La ténacité a été au rendez-vous malgré une avalanche de menaces, d’intimidations et de critiques à l’endroit du très politique cardinal Fridolin Ambongo de la part des cadres, militants, sympathisants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et de l’Union sacrée de la nation (USN).
Des diatribes ont également été au rendez-vous au réseau protestant, qui est revenu depuis un temps aux vieilles amours.
Comme si cela ne suffisait pas, quelques enseignants des écoles conventionnées catholiques ont été désactivés du système de la paie au Collège Boboto. Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour casser ce vent de réclamation de droits des enseignants. Mais, les grévistes n’étaient pas prêts à lâcher prise.
DES ÉLÈVES DANS LA RUE ET AU PALAIS DU PEUPLE
Sur le terrain, les élèves viennent à l’école en nombre réduit, passent leurs journées en classe, mais sans étudier. Les quelque professeurs sont dans des salles de classe et la plupart sous les arbres ou dans la salle des professeurs. Le mot d’ordre était bel et bien respecté dans la durée.
Un bon nombre d’élèves ont marché le jeudi 21 octobre jusqu’au Palais du Peuple pour exprimer leur ras-le-bol étant donné qu’ils n’étudiaient pas depuis la rentrée scolaire lancée « le 4 octobre». Jusque-là leurs professeurs ne sont pas payés. Du jamais vu depuis l’accession de la RDC à la souveraineté nationale et internationale.
Seules les élèves des écoles privées étudiaient normalement. «Faut-il emmerder» les enseignants qui exigent pacifiquement qu’ils soient rétablis dans leurs droits et mis dans de bonnes conditions ?
PAIE DES 2ème, 3ème PALIERS, MÉCANISATION DE NOUVELLES UNITÉS
Malgré les efforts de Tony Mwaba, certaines décisions prises sur fond d’humeurs n’ont pas réussi à conviancre le Gouvernement de répondre aux attentes des professionnels de la craie : la paie des 2ème et 3ème paliers, la mécanisation de nouvelles unités.
Le ministre de tutelle a fini par annoncer le 1er novembre, que la gratuité de l’enseignement ne s’appliquait plus aux niveaux de la 7ème et 8ème de l’enseignement élémentaire.
Comme si ce rétropédalage ne suffisait pas, le successeur de Willy Bakonga, a été contraint à demander aux parents d’élèves des écoles maternelles de payer pour permettre la reprise des cours.
Dans une note circulaire, le ministre de l’EPST a tenu à souligner que la gratuité ne s’applique qu’aux établissements publics d’enseignement primaire allant de la 1 ère jusqu’à 6ème année.
PLUS DE GRATUITÉ AUX 7ème et 8ème ANNÉES
Ici, les frais scolaires de n’importe quelle nature ne peuvent être perçus conformément à la vision du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi.
Pour les classes de 7ème et 8ème année, assimilées au secondaire, la gratuité de l’enseignement du primaire ne s’appliquera plus.
Toutefois, les chefs d’établissements ne sont pas autorisés à réunir les Comités des parents afin de fixer d’autres frais en dehors de ceux que doivent fixer les autorités provinciales.
Faisant suite à la note circulaire sus- évoquée, le Gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila, a fixé, le 11 novembre 2021, les frais scolaires pour les cycles maternel et secondaire à 150 USD, soit 300 000 FC dans les écoles publiques.
C’est donc un Tony Mwaba dégonflé qui a poursuivi les pourparlers en cours entre le Gouvernement et le banc syndical de l’EPST à Mbuela Lodge à Kisantu dans la province du Kongo Central.
Lassés de voir leurs enfants aller à l’école sans étudier, les parents en avaient ras-le-bol. Avec les Comités de parents dans leurs écoles, ils ont voulu rattraper le retard et motiver les enseignants.
L’ÉCHEC DE LA GRATUITÉ ACTE
Les écoles du réseau catholique font payer les parents les frais d’appui aux enseignants. Au Lycée Sacré Cœur de la Gombe par exemple, les parents d’élèves sont priés à présent de payer 600 000 FC soit 300 dollars.
Même son de cloche aux Lycées Bolingani de Kintambo, Motema Mpiko de Kasa-Vubu; au Collège Boboto, Saint Joseph, Saint Raphaël, Bosembo, Alingba, Saint Georges pour ne citer que ces établissements scolaires.
Depuis son avènement à la tête du pays, le 24 janvier 2019, Fatshi a fait de la gratuité de l’enseignement le programme phare de son mandat. Mais jusqu’à présent au-delà de la bonne volonté politique, sa mise en exécution est un casse-tête. Ce quand bien même le fils-maison UDPS, Tony Mwaba a succédé au frère ennemi très PPRD, Willy Bakonga.
«L’éducation est l’arme la plus puissante du monde», disait le Prix Nobel de la paix 1993, Nelson Mandela et «Il n’y a de bonnes leçons que celles qui sont données avec amour» dixit l’écrivain français Anatole France. Gloire BATOMENE