La commissaire supérieure Carine Lokeso condamnée à la prison à perpétuité

C’est la fin d’un long feuilleton judiciaire qui était au centre de toutes les attentions. La Cour militaire de Kinshasa-Matete, statuant sur le meurtre de l’activiste pro-démocratie Rossy Mukendi, a rendu son arrêt hier lundi 10 janvier au cours d’une audience foraine à la prison militaire de Ndolo. Les juges ont condamné la commissaire supérieur e adjointe Carine Lokeso à la servitude pénale à perpétuité, assortie de 10 ans de sûreté incompressible.

La Cour militaire de Matete a reconnu la major Carine Lokeso coupable du meurtre de cet activiste des droits de l’homme qui a été tué par balle réelle le 25 janvier 2018 à Kinshasa, alors qu’il participait à une manifestation pacifique organisée par le Comité laïc de coordination (CLC). Les juges de cette juridiction l’ont aussi reconnue coupable des infractions de violation des consignes.

A la suite de la prononciation de la dégradation, les militaires commis à la police d’audience ont dépossédé, séance tenante, major Carine Lokeso de ses galons. Ils l’ont, sous le regard satisfait des parties civiles, enlevé les grades de major sur les épaules de sa tenue kaki bleu de la Police nationale congolaise.

115.000 USD DE DOMMAGES ET INTÉRÊTS

Considéré comme l’auteur du tir qui a entraîné la mort de Rossy Mukendi, le brigadier en chef, Gérard Tokis Nkumbo, a écopé de la même peine que Carine Lokeso. Les juges n’ont pas retenu contre lui l’infraction de violation des consignes. La Cour a aussi prononcé sa dégradation. 

Cette juridiction a condamné par contumace le garde du corps de C. Lokeso, l’APG Franco Bivuala, en cavale. Elle lui a infligé la peine de 10 ans de prison. La Cour a prononcé aussi sa dégradation sur le banc.

Tous ces officiers condamnés et l’État congolais sont astreints à payer l’équivalent en francs congolais de la somme globale de 115.000 dollars américains aux parties civiles au titre de dommages et intérêts.

PAS DE GRÂCE PRÉSIDENTIELLE POUR LES CONDAMNÉS 

Les acteurs de la société civile et les parties civiles ont salué cette décision de la justice. Ils promettent de veiller à ce que Carine Lokeso et les autres personnes condamnées ne puissent bénéficier d’aucune mesure de grâce présidentielle.

Fustigeant un arrêt trop sévère, la commissaire supérieure adjointe Carine Lokeso compte interjeter appel contre cette décision prise par la Cour militaire de Kinshasa-Matete.

C’est l’un de ses avocats, Me Willy Kaluma, qui l’a affirmé au cours d’une interview accordée à la presse au terme de cette audience. Pour lui, la décision a été mal rendue. 

«Nous allons procéder par la voie de recours tel que la loi le prévoit devant la Haute Cour endéans cinq jours. C’est devant le juge supérieur que nous allons faire voir que la décision a été mal rendue. Je ne reproche pas la Cour, mais nous avons une voie de recours contre l’arrêt rendu. La décision est rendue et nous exercerons toutes les voies de recours reconnues par la loi», a-t-il déclaré. 

ROSSY TSHIMANGA, UN COMBATTANT DE LA DÉMOCRATIE

Rossy Tshimanga Mukendi a été abattu le 25 février 2018, par la police, à la paroisse Saint Benoit dans la commune de Lemba, à Kinshasa, au cours d’une marche pacifique organisée par le CLC contre la tentative de troisième mandat de Joseph Kabila. Selon ses proches, il était question d’une attaque ciblée.

L’avocat de la famille a déposé une plainte auprès de l’auditeur général de l’armée congolaise contre 10 personnes dont les responsables de la Police, le 21 septembre 2018 pour le meurtre de Rossy Tshimanga.

Le procès ouvert a été suspendu en octobre 2018 à la demande de sa famille, après que le tribunal militaire chargé de l’affaire a refusé d’enquêter sur un agent de police que la famille de Rossy et des témoins croient être le véritable coupable du meurtre de Rossy.

La réouverture de ce procès est intervenue le mercredi 24 février 2021. Convoquée au Tribunal à titre de renseignante, Carine Lokeso a été transformée en prévenue et placée à la disposition du ministère public à l’audience du jeudi 25 mars 2021. Elle a été sur le champ mis en détention préventive à la prison de Makala.  Orly-Darel NGIAMBUKULU

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter