Ituri: MSF déplore la détérioration de la situation humanitaire

Une accalmie précaire s’observe à Djugu, dans la province de l’Ituri. Mais les quatre attaques successives qui ont frappé les sites de Tché, Drodro Paroisse, Luko et Ivo entre le 12 et le 28 novembre 2021 détériore la situation humanitaire et sécuritaire des sites de déplacés de la zone, augmente la vulnérabilité et l’isolement de la population, rapporte un communiqué des médecins sans frontières(MSF).

 Depuis 2017, le territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri en République démocratique du Congo, est régulièrement en proie à la violence et la résurgence de conflits armés sur fond de tensions communautaires. 

Originaire de Dhedja, Suzanne était agricultrice. Elle a fui à Ivo avec ses trois enfants à cause de l’insécurité. C’est la seconde fois qu’elle est contrainte d’abandonner, champs et maisons, cette fois à destination du camp de Rhoe. A Ivo, elle se souvient encore des passants qui se font tirer dessus et de ses voisins qui étaient attaqués à la machette. Heureusement qu’elle était parvenue à s’échapper avec sa famille. Elle a encore en tête toutes les images du massacre de ses voisins et peine à s’occuper de ses enfants depuis sont arrivée dans le site.

 Plus de 40 000 personnes ont été contraintes de se réfugier sur le site de Rhoe dans la zone de santé de Blukwa Etat. C’est une zone où l’accès est difficile. La présence des acteurs humanitaires est réduite en raison de la récurrence de problèmes de sécurité.  » Les gens ont été confrontés à de nombreuses difficultés, le froid, le manque d’abris, de latrines. Les affrontements entre groupes armés ont conduit au déplacement massif de la population, y compris des agents de santé qui ne sont, dès lors, plus au chevet de leurs patients « , affirme le médecin MSF à Drodro, Dr Benjamin Safari. Selon ce dernier,  les besoins sanitaires sont énormes. C’est dans cette optique que MSF a démarré plusieurs activités dans le but de renforcer les capacités de prise en charge des enfants de moins de 15 ans.

 Le poste de santé avancé installé dans le camp avait vocation à référer les patients nécessitant des soins plus lourds vers l’hôpital général de référence (HGR) de la ville de Drodro, plus équipé. Les derniers affrontements ayant détruit un pan de Drodro et poussé une partie de ses habitants vers le camp de Rhoe, les équipes de MSF y ont été relocalisées. C’est ainsi que le poste avancé s’est transformé en hôpital de campagne pour venir en aide aux plus de 65 000 personnes, soit 40 000 de plus en deux mois.

« Bien que certains commencent à reprendre le chemin de leur foyer au vu de la fragile mais néanmoins réelle accalmie constatée ces dernières semaines, les besoins restent élevés et les accès réduits. Nous ne pourrons pas suivre ces personnes à Drodro si la sécurité n’y est pas assurée pour le personnel de santé« , constate Davide Occhipinti, coordinateur de projet MSF à Drodro.

Il affirme que « ceux qui restent à Rhoe n’ont nulle part où aller. Les communautés qui s’affrontent dans la région ont été délaissées depuis trop longtemps et nous ne réglerons par leurs différends avec des pansements et des médicaments. Il est nécessaire que l’Etat congolais et ses partenaires internationaux prennent leurs responsabilités pour inverser la dynamique de ce cercle vicieux qui conduit à toujours plus de morts, de blessés, et de déplacés« .

Selon la source, les équipes médicales MSF ont réalisé au cours des dernières semaines de décembre 2021en moyenne plus de 800 consultations par semaine. Elles ont assisté 35 accouchements et ont pris en charge plusieurs dizaines de patients nécessitant une assistance en santé mentale. Des séances de sensibilisation dispensées par des équipes de promotion de la santé déployées sur le site ont été également organisées.

Ces séances avaient pour objectif de détecter les cas de malnutrition aigüe, de maladies chroniques et d’informer sur les services de soutien aux potentielles victimes de violence sexuelle.

En Ituri, MSF apporte son soutien à quatre hôpitaux généraux de référence, 12 centres de santé, trois postes de santé et 32 sites de soins communautaires dans les zones de santé de Drodro, Nizi, Bambu et Angumu pour la prise en charge des maladies pédiatriques, de la malnutrition, du paludisme, des violences sexuelles et de la santé mentale. Dina BUHAKE

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