Depuis le 10 décembre dernier, les toiles du peintre Dikisongele Zatumwa trônent dans les couloirs et façades de la galerie »Le monde des Flamboyants », au premier niveau de la banque TMB (Trust Merchant Bank S.A.), aux abords de l’hôtel de ville de Kinshasa. Cinquante jours durant, les visiteurs auront l’occasion de découvrir le mystère des 53 tableaux de l’énigmatique disciple du regretté peintre Botembe qui s’est spécialisé dans la promotion des masques africains.
Initié des dizaines d’années dans cette école des arts plastiques, ce chef des travaux de l’Académie des beaux-arts revient sur scène avec des matériaux puisés à la fois de la tradition africaine et de l’univers moderne. L’un des porte-étendards du transymbolisme africain, Dikisongele Zatumwa se pointe à l’affiche avec une thématique philosophique qui lui est particulière : la tridimension.
Le visiteur attentionné le voit slalomer entre ses triptyques (tableaux à trois dimensions) en abordant aussi bien des thèmes exaltant la trinité, la trilogie, les trois temps, les trois facettes de l’homme qui est corps, âme et esprit. Bien plus, ses matériaux artistiques ; qui ont fait sa renommée, réapparaissent dans les toiles : les masques, le ventilateur, l’horloge…
La spirale à l’affiche
A ces outils, s’ajoute le fil conducteur de l’exposition : la spirale. Ce symbole traditionnel, puisé dans l’art et le graphisme africain, est quasiment omniprésent dans chaque tableau. Et particulièrement dans les méninges. Facon pour l’artiste de traduire la réflexion, le dynamisme, l’évolution, la naissance d’ondes qui progresse sans fin…
Dans ses toiles, le peintre Dikisongele réserve une place de choix à la femme. Présentes dans une vingtaine de tableaux sous une forme figurative ou abstraite, ces dames aux couleurs vives ont des visages aux dimensions caricaturales, déformées… loin de ces figures réalistes qui vous font fantasmer. L’érotisme n’étant pas le propre de Diki. Mais bien plus, le spirituel.
Le décollage
A travers des toiles comme « La reine, Gloire à la génitrice, L’expression d’ondes, Femme identité, Mater Africa, la transfiguration, Le ressourcement, Attitude femme, Conscience saine ; les Confidentes entre elles, Tala sima… » Dikisongele rend hommage à la femme africaine, mère de famille et gardienne des traditions africaines… Aussi à cette épouse qui se veut belle en puisant dans le maquillage moderne, tout en gardant son originalité africaine.
De méandres du figuratif, Dikisongele replonge les visiteurs dans le tourbillon de l’abstraction avec des toiles aux figures circulaires… On a l’impression de se retrouver dans la voie lactée, dans l’espace où jaillit soudain un bing-bang, un boum qui fait exploser l’Afrique au sein du globe. Une explosion qui va, certes, déclencher le décollage du continent vers un monde développé… Du moins jusqu’au 30 janvier 2023. Rideaux. Yves KALIKAT