Pour savourer un haut fait, les Français y vont de leur cocorico ! Les Congolais de Kinshasa boivent du petit lait au rythme de » alongi na ye « . Cela a été le cas hier.
Tout le gotha de la fatshisphère a salué et célébré le satisfecit du FMI décerné par la directrice générale en personne. L’élève » RDC » accomplit des progrès notables sur le front de la matérialisation des clauses du programme conclu avec la seconde institution de Bretton Woods.
Une mention qui sonne comme un double cadeau de Noël et nouvel an. Les étrennes ? Ca ne se refuse pas. Surtout qu’en l’occurrence, elles proviennent d’une dame. Celle-là même qui gère le robinet des milliards – réserves de change, appuis budgétaires, aide à la balance de paiement- dont Kinshasa a tant besoin pour arroser financièrement le pays.
Alors, la mention » satisfaction » ou » distinction » faisant foi, le pays réel a-t-il des raisons de se mettre au diapason du pays légal et faire la fête ? Non, trois fois non, répond le Congolais lambda sachet de la ménagère en bandoulière. C’est bien cela le hic. Ce contraste entre les bons points attribués à Kinshasa par les cols blancs du FMI ainsi que de la Banque mondiale et la sempiternelle misère du plus grand nombre.
Déjà sous le Maréchal Mobutu, le Zaïre allait de plébiscite en plébiscite comme meilleur élève du FMI. Humant l’air frais de de sa résidence douillette, le retraité Kengo Wa Dondo, trois fois Premier ministre s’en souvient comme si c’était hier. Lui qui a incarné les » années rigueur dans la gestion » pendant que le pays était sous les fourches caudines du Fonds monétaire. La suite, on la connait. La rigueur a profité aux dirigeants dont l’illustre Premier commissaire d’Etat et non aux Zaïrois.
Performances, assainissement du cadre macro-économique ? Les Congolais ont entendu cette douce musique de tous les lointains successeurs de Kengo sur l’avenue Roi Baudouin. La RDC a même obtenu le Graal avec son admission à l’Initiative PPTE qui lui a valu l’effacement de l’essentiel de sa dette. Pas sûr, cependant, que l’ordinaire des Congolais se soit amélioré.
Comme quoi, sans être par définition grand clerc en économie, l’homme de la rue s’est déjà fait empiriquement une religion sur le mantra des institutions de Bretton Woods. S’il peut se perdre dans le dédale du langage ésotérique des cracks en finances, il ne peut cependant plus se laisser emballer par des satisfecit sans traduction concrète sur le social. José NAWEJ