* Pour Félix Tshisekedi, « ce joyau culturel est reconnu pour sa valeur universelle».
* Martin Fayulu félicite tous les musiciens congolais et ceux qui ont contribué à cette reconnaissance.
Loin d’être une simple reconnaissance, c’est une consécration. La candidature déposée par les deux Congo l’a emporté. La Rumba congolaise est inscrite le mardi 14 décembre dernier au patrimoine mondial immatériel de l’Organisation des Nations-Unies pour la promotion de la Science, l’éducation et la Culture (Unesco). Elle rejoint la Rumba Cubaine qui, elle, a été inscrite en 2016, et pour l’Afrique centrale, les polyphonies pygmées de Centrafrique (2003) et les tambours du Burundi (2014).
L’Unesco a reçu plus d’une soixantaine de candidatures parmi lesquelles celle déposée par le Congo-Kinshasa et le Congo-Brazzaville au sujet de ce genre musical qui véhicule la culture et réunit plusieurs peuples du continent africain. Après analyse minutieux, les experts de cette institution du système des Nations-Unies ont décidé s’inscrire la Rumba congolaise.
Dès l’annonce de cette inscription, les réseaux sociaux ont explosé tant en RDC qu’au Congo Brazzaville. Tout en saluant cette reconnaissance, les internautes parmi lesquels les officiels ont accueilli cet événement comme une responsabilité.
JOYAU CULTUREL
«C’est avec joie et fierté que nous accueillons cette inscription…ce joyau culturel propre aux deux Congo est reconnu pour sa valeur universelle», s’est félicité sur Twitter le président de République Démocratique du Congo Félix Tshisekedi.
Le candidat malheureux à la présidentielle de 2018, Martin Fayulu, n’est pas resté indifférent face à l’inscription de la rumba congolaise au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Il a, à travers un tweet, félicité les musiciens congolais et tous ceux qui ont contribué à la matérialisation de cette reconnaissance.
«L’inscription de la rumba congolaise au patrimoine culturel immatériel de l’humanité est une fierté pour notre peuple. Félicitations à nos artistes musiciens d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué à cette reconnaissance», a-t-il écrit.
UN ÉVÉNEMENT À CÉLÉBRER
Pour la ministre de la Culture, des Arts et du Patrimoine, Catherine Furaha, cette reconnaissance est une fierté et un événement à célébrer par les deux Congo. «La Rumba, c’est notre identité ! Sa reconnaissance internationale est une fierté et une richesse. C’est un événement à célébrer par les deux Congo», a-t-elle réagi sur les réseaux sociaux.
Au cours d’une communication réalisée en prélude de cette reconnaissance,
Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement avait appelé les peuples des deux Congo à continuer à promouvoir la Rumba qui est l’un des éléments de leur identité culturelle.
«Il est de notre devoir à tous de promouvoir la rumba. C’est une valeur, une civilisation, une science, elle doit s’apprendre», avait-il déclaré avant d’inviter les opérateurs culturels à créer des écoles pour apprendre la Rumba et des salles de spectacle pour la promouvoir.
UNE RESPONSABILITÉ
«Rien de plus normal que le combat des Congolais aboutisse à cette reconnaissance universelle. Sentiments de réhabilitation et de reconnaissance pour cette belle musique dont le tempo est puisé dans les tripes des Congolais», a déclaré Zacharie Bababaswe, chroniqueur de musique.
Tout en saluant cette décision, les opérateurs culturels congolais ont, dans leurs premières, réactions sur les réseaux sociaux, affirmé qu’il agit là d’une grande responsable.
C’est le cas du sénateur Didier Mumengi, auteur de l’ouvrage sur «l’Economie de la Rumba» et de l’artiste musicien Jean Goubald Kalala. Ils en appellent à la multiplication des activités tendant à fructifier et à promouvoir davantage ce genre musical à l’échelle mondiale.
ORIGINE DE LA RUMBA
La Rumba congolaise est l’un des genres musicaux les plus adulés en Afrique. Ses grands ténors sont à titre indicatif Papa Wemba, Grand Kallé, Wendo, Tabu Ley Rochereau, Franklin Boukaka et autres.
Des musicologues situent les origines de la rumba dans l’ancien royaume Kongo, où l’on pratiquait une danse appelée Nkumba, qui signifie «nombril». Cette danse faisait danser homme et femme nombril contre nombril.
Avec la traite négrière, les Africains ont emmené dans les Amériques leur culture et leur musique. Ils ont fabriqué leurs instruments, rudimentaires au début, plus sophistiqués ensuite, pour donner naissance au jazz au nord, à la rumba au sud. Avant que cette musique soit ramenée en Afrique par les commerçants, avec disques et guitares.
MUSIQUE DES BARS
Dans une interview accordée à l’AFP, André Yoka Lye, directeur à Kinshasa de l’Institut national des arts (INA) a affirmé que «la rumba dans sa version moderne a une centaine d’années. C’est une musique des villes et des bars, de rencontre des cultures et de nostalgie, de «résistance et de résilience», de «partage du plaisir aussi», avec son mode de vie et ses codes vestimentaires.
Pour lui, la rumba est «tentaculaire, présente dans tous les domaines de la vie nationale. Elle est marquée par l’histoire politique des deux Congo, avant et après l’indépendance».
Et de conclure : «Elle a connu des hauts et des bas, ses stars font parfois polémique voire scandale, ses réseaux de production et de distribution sont critiqués pour manquer de rigueur. Mais elle vit et se renouvelle». Orly-Darel NGIAMBUKULU