Patrick Muyaya et Mme Bintou Keita, respectivement ministre de la Communication et médias et cheffe de la MONUSCO étaient invités d’une édition spéciale de Dialogue entre Congolais de radio Okapi. A l’occasion, ils ont non seulement présenté leurs vœux aux auditrices et auditeurs de Radio Okapi, mais aussi répondu aux questions de ces derniers sur le renouvellement du mandat de la Monusco. Comme vous le savez, le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé lundi 20 décembre d’un an le mandat de sa Mission en République Démocratique du Congo (MONUSCO). Dans cette nouvelle résolution adoptée, le conseil de sécurité demande à la Monusco de se retirer du Tanganyika d’ici à la mi-2022 et de consolider sa présence en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, les trois provinces où sévissent les groupes armés. Les casques bleus, dans leur nouveau mandat, se voient confier des priorités stratégiques, notamment d’assurer une protection efficace, rapide, dynamique et intégrée des civils menacés dans les provinces où elle est actuellement déployée. Rédigée par la France, la résolution 2612 du Conseil de sécurité adoptée à l’unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité.
Réagissant à l’attentat de dimanche dernier à Beni, Mme Bintou Keita a indiqué que c’est un attentat qui est terrible. En cette période fin d’année, tous les concitoyens s’attendaient à une période paisible. C’est un choc, nous déplorons des morts et des blessés, des réactions pour s’occuper des blessés et de faire en sorte qu’on puisse avoir l’information qui permet de détecter comment ça s’est passé pour faire des enquêtes appropriées. La Monusco avec ses composantes des Nations Unies, et le collègue qui s’occupe des engins non explosés, font leur travail aux côtés des autorités provinciales, pour assurer qu’on puisse juger à la fin ceux qui ont perpétré cet attentat. « Mes condoléances à tous ceux qui ont perdu les leurs, mais aussi je souhaite le rétablissement de tous ceux qui ont été blessés et qui sont sous le choc », dit-elle.
A la question de savoir s’il s’agit d’une attaque terroriste et de l’utilisation abusive d’une grenade, Patrick Muyaya explique que ce que nous savons, ce qu’il y a eu un KAMIKAZE qui s‘est fait exploser vers le Bar In box, non loin du Bar Ichango très bien connu de Beni. « Il s’est fait exploser lorsqu’il a été intercepté par les vigils qui avaient remarqué des mouvements suspects. C’était le soir de Noël et vous savez que la nativité, c’est une fête que nous célébrons ici et les gens se retrouvent en famille », indique-t-il, avant d’ajouter que le modus operandi utilisé rappelle ce qui s’est passé au mois de juin dernier, où il y a un kamikaze qui s’était fait exploser devant un bar. En réunissant tous ces éléments, il s’avère qu’il s’agit bien d’une action terroriste des ADF, parce que le jour choisi, la méthode choisie est connue et nous savons que dès le départ des opérations avec l’Ouganda, nous savions qu’il y aurait des réactions. Dans le modus operandi des ADF, c’est toujours la population qui est la cible et nous pensons que ce sont eux qui sont derrière cet attentat.
Qu’est-ce qui a motivé le renouvellement d’une année du mandat de la Monusco ?
A cette question, la patronne de la Monusco pense que le Conseil de sécurité avec ses 15 membres, examine la situation à la fois sur le plan politique, sécuritaire, des droits humains et de la coopération régionale et sous régionale. Dans les évaluations faites, ils ont compris qu’il y a encore besoin de l’accompagnement de la Monsuco auprès de la Rdc. C’est ce qui justifie le renouvellement du mandat.
A ceux qui pensent que la Monusco devrait partir, Bintou Keita a une opinion contraire. « C’est l’opinion, mais nous avons un avis contraire. Le fait que la mission soit en Rdc procède de la décision du pays hôte qui a demandé au Conseil de sécurité de prolonger le mandat de la Monsuco pour continuer à accompagner le pays. En termes de bilan, c’est toujours compliqué, parce que différentes personnes ont plusieurs appréciations. La grande question, si on regarde toutes ces années, ça fait 20 ans que le pays n’était pas dans une telle situation. Il y a des progrès. Le gouvernement aussi, il y a une meilleure coopération et collaboration », pense-t-elle.
Pour sa part, Patrick Muyaya croit que le renouvellement s’imposait au regard du progrès qui a été fait. C’est tout à fait normal qu’il y ait de scepticisme au niveau de la population, parce qu’elle espère la paix, elle veut la paix. Elle ne veut plus qu’il y ait des Congolais qui meurent de toutes les manières. Elle a pensé que la présence de la Monsuco devrait régler le problème. Ceci dit, nous comme gouvernement, depuis l’arrivée de Tshisekedi, l’idée est claire, la Monusco est un assemblage des partenaires avec lesquels nous avons de bonnes relations. L’idée ici est de dire, comment nous améliorons la coordination et mieux répondre aux défis communs. C’est la sécurité. Dans un passé récent, il y avait des problèmes de collaboration, maintenant, nous nous regardons en partenaires avec un souci commun de la paix. Aussi longtemps que le pays n’aura pas ce résultat, on en voudra à la Monusco et au Gouvernement.
Pour le départ de la Monusco, tout le monde est d’accord, mais il doit se faire de quelle manière et quand ? La Monusco ne nous appuie pas seulement pour la sécurité, mais il y a un travail immense auquel la population ne se rend pas compte. Il y a un plan de retrait qui a été adopté et cela doit se faire. A Tanganyika, le retrait aura lieu. Mais il faut aussi se demander si comme gouvernement, nous serons suffisamment outillés pour assurer nos fonctions !
Comment le renforcement de la Monusco se fera dans les prochains jours ?
Pour Mme Bintou, ce renforcement a déjà commencé depuis 2 ans, n’eut été la Covid, nous aurions les quatre groupes de réponses qui sont de la Tanzanie, Kenya, Afrique du Sud et Népal pour renforcer notre FIB (Brigade d’intervention rapide basée à Beni qui va travailler dans le Grand Nord, mais aussi dans le sud de l’Ituri à Irumu. Le 2er aspect, le conseil de sécurité dit là où on n’a pas de combat actif, ou la présence des groupes armés, il faut se rassurer que tout cela soit déployé aussi bien en Ituri qu’au Nord et au Sud-Kivu. C’est ce qui se fait. Nous allons continuer à avoir une présence militaire dans le triangle de la mort. Il faut s’assurer qu’il n’y a pas de combat actif.
Pour sa part, Patrick Muyaya dit qu’il était plus que temps. Lorsque nous regardons la nature de la menace, on a l’impression qu’elle progresse d’avantage. La population a tendance à en vouloir à la Monusco. Il faut que ce renforcement nous permette d’avoir des véritables opérations et une collaboration stratégique. Chaque fois que je discute avec les militaires, ils disent que s’il y avait les dispositifs militaires de la Monusco Beni, on ne sait pas si le site serait sécurisé. Les groupes armés étrangers, c’est dans la forêt qu’ils se trouvent et c’est là qu’il faut aller les chercher. C’est l’une des facettes les plus complexes de cette guerre. Les pays qui viennent nous aider, c’est pour qu’on ramène la paix. Nous avons un devoir de défendre le pays. Il faut avoir des gens capables de descendre dans la forêt. Il y a de fois des appréhensions pour dire que nous devons protéger la population et lorsqu’il y a une cible, on dit nous dévons protéger la population. L’idée du renforcement vient rencontre une volonté politique forte.
Les Adf est un groupe terroriste reconnu par les Etats Unis est plusieurs pays au monde. Le terrorisme se combat en coalition. Pour nous, au regard de la complexité de la situation, Fatshi a résolu d’utiliser toutes les facettes. Il y a la partie diplomatique qui veut que l’on discute avec l’Ouganda. Comme c’est un cancer qui tend à se métaphaser, nous avons l’obligation de mutualiser nos efforts. Même si le mandat de la Monusco c’est de collaborer avec les FARDC, les trois doivent se mettre ensemble, parce que nous combattons un ennemi commun.
Pour Bintou, c’est une décision souveraine d’avoir un partenariat avec l’Ouganda et nous la respectons. La résolution parle de l’indépendance, de l’unité du Congo. Nous sommes les partenaires de la Rdc. Notre souci, c’est de s’assurer que nous ayons une coordination qui nous permet d’être efficaces dans la mutualisation des efforts. Ceci est déjà effectif, pour s’assurer que la planification est faite d’une façon tripartite.
En quoi va consister le déploiement en Ituri ?
« Le gouverneur de l’ituri a très clairement demandé à la Monsucio de participer à la formation des troupes qui ont été déployées de Kisangani à Bunia. Nous appuyons logistiquement, mais aussi en terme d’intelligence (renseignement). Nous aidons aussi avec tout ce qu’il y a comme évacuation des blessés, nous décisions sur tout ce qui a opération.
Les troupes qui sont déjà au Sud-Kivu font de la protection des civils et des milliers des personnes sont gardées par la Monusco parce que la FRADC est occupé à se battre contre les groupes étrangers. Nous avons des milices communautaires qui créent des dégâts. Que les communautés regardent leur contribution à l’apaisement.
Pourquoi pas d’état de siège au Sud-Kivu ?
Muyaya explique que l’instauration de l’état de siège est une mesure exceptionnelle qui requiert beaucoup de choses. Le Gouverneur est militaire et son adjoint est policier. Là où la menace exigeait, le chef de l’Etat a opté pour l’Ituri et Nord-Kivu. La question sécuritaire du Sud-Kivu est aussi suivie avec la même intensité. Si les conditions l’exigent, le chef de l’Etat ne manquera pas de décréter un état de siège.