Ambassadeur de la République Populaire de Chine (RPC) en RDC, Zhu Jing a animé le 16 décembre 2021 une conférence de presse au cours de laquelle il a passé en revue tous les sujets politiques, économiques et sociaux touchant à la coopération sino-congolaise ciblée par une campagne de diabolisation insolite. N’étant pas habitué à user de la langue de bois, il a utilisé les mots justes pour secouer la population congolaise…
» La RDC a tous les atouts pour devenir une autre Chine en Afrique. C’est ma conviction ferme. Quand on fait la comparaison, les deux pays ont un vaste territoire. La Chine d’ailleurs ne compte que 7% des terres arables pour nourrir 1,4 milliard d’habitants. Une grande partie du territoire chinois est composée de sables, montagnes et désert. La Chine fait face aux catastrophes naturelles tous les ans. Mais la RDC est d’abord un scandale géologique avec 50% des terres arables. Le Congo n’enregistre pas fréquemment les cas de tremblement de terre, d’inondation. Le Congo a tout, le soleil, les fleuves, les forêts, les mines. Le Congo a aussi une population trop jeune, dynamique. Donc la RDC a des avantages considérables pour être la Chine de l’Afrique « , a-t-il déclaré d’un trait.
Le problème se situe toutefois au niveau du choix politique. » Si les Congolais réussissent à s’organiser, à mettre en place un système politique, économique et social adapté aux réalités du pays, la RDC pourrait devenir très vite plus prospère que la Chine, en Afrique« , a-t-il poursuivi.
Se défendant de donner des leçons aux Congolais (la Chine, on le sait, ne s’ingère jamais dans les affaires d’autres Etats), l’ambassadeur Zhu Jing considère qu’il revient aux Congolais de fournir les efforts conséquents pour relever leur pays.
Il a fait cependant observer qu' » Il y a 100 ans, la Chine était extrêmement pauvre et occupée par des forces étrangères. Nous avons réussi à transformer la Chine d’un pays pauvre en un pays riche. C’est grâce à la vision politique du Parti Communiste chinois. Ce parti a réussi à trouver un chemin propre à la prospérité chinoise, à l’indépendance et à la justice sociale. Avant 1949, la Chine n’avait aucune industrie manufacturière mais aujourd’hui nous en comptons plusieurs grâce au leadership responsable du parti communiste« , mettant en exergue l’affirmation selon laquelle » En Chine avant le Parti Communiste, on a fait beaucoup d’essais. On a essayé le système européen. Mais toutes ces initiatives ont connu des échecs. Jusqu’à ce que le Parti Communiste chinois a créé son propre système « .
D’où sa recommandation aux Congolais de se trouver une démocratie conforme à la réalité congolaise.
TAIWAN, MACAO ET HONG KONG
L’intérêt des Congolais pour cette conférence est de voir le premier des Chinois en RDC établir des traits communs entre son pays et le nôtre, mais surtout de confirmer ce qui est connu de tout le monde : la capacité du Congo-KInshasa de devenir la Chine de l’Afrique en raison de ses disponibilités en ressources humaines et naturelles.
L’enjeu décisif, on s’en doute, se situe au niveau de la volonté d’assurer d’abord l’intégrité du territoire national et de booster le développement. L’exemple de la République Populaire de Chine est suffisamment éloquent.
Voilà un grand pays avec ses 9,597 millions km² (près de 4 fois plus que la RDC) qui voit ses terres extra-continentales (Tawain, Hong Kong et Macao) constamment sous menace de » sécession« .
Taïwan est à 180 km de la Chine continentale. C’est la distance séparant Kinshasa de Kimpese ou Lukala, au Kongo Central. L’appartenance de cette île à la République Populaire de Chine est de tout temps contestée par les Occidentaux, de même que Macao, région administrative spéciale de la RPC.
Le cas le plus emblématique est toutefois celui de Hong Kong. Avec ses 1.106 km2 pour 7.842.000 d’habitants pour une densité de 6.763 habitants au km2, ce territoire chinois avait été cédé en 1843 à l’Angleterre qui l’a restitué à la Chine en 1997 après 155 ans. En soi, la restitution prouve la reconnaissance de l’autorité de la Chine sur ce bout de terre.
Paradoxalement, les Occidentaux poussent ouvertement les Chinois de ces trois territoires à contester cette autorité pendant qu’ils ne trouvent aucun inconvénient à commercer légalement avec la RPC où ils ont même des missions diplomatiques au rang le plus élevé en la matière !
Leur volonté d’émietter la République Populaire de Chine est avérée.
CONTRE LES GRANDS ETATS QUI NE SOIENT SOUS LEUR CONTROLE
Pourtant, la Chine n’est pas le seul pays au monde à avoir des territoires extra-continentaux. Les États-Unis ont Alaska au Pôle Nord et Hawaii dans le Pacifique Sud. La France, outre la Corse dans la Méditerranée, a des Départements et Territoires généralement appelés « DOM-TOM » : Réunion dans l’océan Indien, Martinique et Guadeloupe dans les Caraïbes etc. La Grande-Bretagne de même. Elle a Gibraltar en Europe, Guyane dans les Caraïbes et même Malouines à la base d’une guerre sanglante avec l’Argentine en 1982.
Question alors simple : pourquoi, pour ces pays européens et américains, ce qui est normal pour leurs possessions extra-continentales devient anormal, s’agissant de la RPC ! Simple souci d’extension de la superficie terrestre et maritime nationale ? Loin s’en faut !
En réalité, les puissances occidentales ne tolèrent pas l’existence des Grands États qui ne soient sous leur tutelle. En Afrique particulièrement, tous les grands États en superficie sont aujourd’hui sous menace de déstabilisation : Algérie et Libye au Nord, Mali et Mauritanie à l’Ouest, Soudan à l’Est, Angola au Sud et, naturellement, RDC au Centre. L’Afrique du Sud a failli en faire les frais avec la création des Bantoustans à l’époque de l’apartheid.
Bref, la réalité est là : pour étendre leur domination sur le monde, les puissances occidentales se sont toujours inspirées de la citation latine » divide et impera » ou » diviser pour mieux régner « .
CETTE CHINE-LA, AUCUNE RAISON DE LA DÉTESTER
La situation sécuritaire qui prévaut en RDC résulte d’une programmation bien planifiée d’un démembrement. Voilà, en effet, un pays reconnu comme clé dans la reconstruction de l’Europe post-Seconde guerre. Les témoignages sont avérés : Américains et Européens en ont abondamment tiré profit.
Curieusement, à partir de 1960 – année d’une indépendance piégée par la double sécession katangaise et sud-kasaienne du 11 juillet et du 8 août – ce pays a moins de plages de paix, donc de (re) construction, que de zones de guerre : rébellion, mutinerie, agression etc. s’enchaînent.
Depuis, tous les ingrédients pour sa destruction sont réunis.
On ne le cessera jamais de le dire parce que le principe de la vérité est de triompher : sans le renforcement de la coopération sino-congolaise en 2008 avec la conclusion du contrat dit sino-congolais, la RDC aurait déjà volé en éclats.
On imagine seulement ce qui serait advenu de ce pays du fait de la non-tenue, par l’Union européenne, de ses promesses aux Congolais du retour de ses investissements à condition de participer aux élections de 2006 !
L’évidence est que les Congolais ont repris confiance dans leur pays lorsqu’ils ont vu le contrat sino-congolais produire ses premiers résultats. Ce n’était ni le cuivre, ni le cobalt, mais des infrastructures de base entre 2008 et 2015. Car le premier lingot de cuivre ou de cobalt n’a été produit qu’en 2016. Sept ans avant la mise en service de Sicomines, les Congolais ont eu des routes, des écoles, des hôpitaux, des stations de traitement d’eau, des centrales hydroélectriques à un rythme qu’ils n’ont jamais connu depuis une quarantaine d’années.
On peut alors dire du Congo-Kinshasa qu’il est resté debout grâce à la Chine.
Dans cet ordre d’idées, les Congolais ont beaucoup à gagner en s’inspirant du modèle chinois. D’abord au plan politique, en faisant leur la proposition de l’ambassadeur Zhu Jing d’un modèle de démocratie qui convienne à leurs réalités. Ensuite au plan économique, en s’inspirant du miracle chinois. En trois décennies à peine, la Chine s’est totalement décomplexée. Enfin au plan social, la Chine a réalisé l’exploit de donner à chaque chinoise ou à chaque chinois un toit et à lui garantir l’accès à l’éducation, à la santé, à l’eau, à l’électricité et au transport.
Grâce donc à la Chine, le Congo-Kinshasa est à l’heure où, pour paraphraser Alain Peyrefitte, on peut prédire » Quand la RDC s’éveillera… le monde tremblera « .
Cette Chine là, on ne peut pas ne pas l’aimer, tant il est vrai qu’il n’y a aucune raison, mais alors aucune de la détester. Club Vigilance Congo