Les forces politiques et sociales ont fondu dans Lamuka

De tout ce temps, c’est Lamuka de Martin Fayulu Madidi et d’Adolphe Muzito qui était à l’avant-plan du combat pour la dépolitisation de la CENI. Avec la désignation sans consensus du Bureau présidé par Denis Kadima, excédés, les catholiques de la CENCO et les protestants de l’ECC, ont souverainement décidé de prendre le relais par le biais de leurs organisations respectives des laïcs notamment CALCC et Milapro.

Ce sont ces deux ministères laïcs qui ont, par la suite, pris sur eux l’organisation de gigantesques manifestations publiques pour exiger entre autres le départ du Bureau de Denis Kadima qu’ils ont taxé, sur leurs banderoles, d’être membre de l’UDPS de Félix Tshisekedi et que, de ce fait, il ne pourrait jamais publier les résultats des élections de 2023.

C’est ce qu’ont exprimé dans tous leurs mémos remis aux autorités congolaises ces ministères des laïcs catholiques et protestants structurés en « forces politiques et sociales de la nation. Leurs trois premières actions ont connu un succès retentissant sur toute l’étendue du pays. Même le sit-in interdit devant le siège de la CENI au centre-ville de Kinshasa, a mobilisé plusieurs centaines de personnes qui ont dû forcer les barrages fortifiés de la Police autour de la centrale pour arriver jusqu’au niveau de l’ex-BCDC, très proche du siège de la Centrale électorale.

La suite est tout autre, c’est le vide actuel matérialisé par une divergence de taille entre Lamuka et l’Eglise catholique, après que  cette dernière et les protestants de l’ECC eurent été reçus par Félix Tshisekedi, qui a réussi à désamorcer la crise. Mais en fait, rien de spécial obtenu: car Denis Kadima est toujours là et il n’y a du reste pas eu dépolitisation de la CENI come réclamé par les forces politiques et sociales de la nation.

Par la suite, il n’y a plus eu de nouvelles manifestations à l’appel de ces forces politiques. C’est la situation dans laquelle on est à ce jour. A cette revendication de la dépolitisatioin de la CENI et du renvoi du Bureau de Denis Kadima, le chef de l’Etat a réservé une fin de non recevoir dans son message sur l’état de la nation lundi dernier devant le Congrès et exhorté plutôt ceux qui continuent à traîner les pieds à envoyer leurs délégués pour compléter le Bureau de la CENI. Il estime par ailleurs que ce Bureau est mis en place sur la base du consensus des confessions  religieuses. C’est la réponse du berger à la bergère. Ils ont donné leurs langues aux chats, coté CALCC (CENCO) et Milapro (ECC).

De ce point de vue, pour les observateurs sérieux, il s’en déduit la conséquence que dès cet instant les forces politiques et sociales ont signé leur certificat de décès. Elles avaient comme soubassement de leurs actions la composante politique composée principalement de Lamuka et du FCC de Joseph Kabila qui, bien que tous dans l’Opposition, ne regardent pas tous dans la même direction.

Il s’entend qu’en toute logique, comme Lamuka embouchait toujours la trompette de la dépolitisation de la CENI avant la création des forces politiques et sociales, ces dernières se sont fondues dans la plateforme du duo Martin Fayulu et Adolphe Muzito. Ce sont eux qui seront à la manœuvre pour les prochaines actions populaires contre le Pouvoir Tshisekedi. Désormais, ils opéreront à visage découvert et non caché comme lors des manifestations publiques des forces sociales des catholiques et des protestants. Le FCC devrait aussi être partant étant donné qu’il refuse de siéger au Bureau Denis Kadima où il a trois postes dont le 2ème vice-président.

Par ailleurs, il sied de relever que la plateforme politique de Joseph Kabila continue à exiger le consensus de huit confessions religieuses. Ils n’émettent pas sur la même longueur d’onde avec Lamuka sur la loi sur la CENI qu’ils ont adoptée au Parlement mais qui a un effet contraire en ce qui concerne la dépolitisation.

On voit bien qu’à la manière dont étaient constituées ces forces politiques et sociales, les acteurs politiques autour des catholiques et des protestants, elles ne pouvaient faire long feu. Dès que les catholiques ne seront plus concernés, c’était la fin de l’aventure. Pourtant, le cahier des charges de ces forces sociales ont fait rêver les Congolais avec comme soubassement la dépolitisation de la CENI et le départ du Bureau non consensuel de Denis Kadima.

Ont-ils fait l’évaluation de leurs actions pour voir s’ils ont eu gain de cause ? En tout cas, Kadima et ses colistiers du Bureau sont toujours là et le Parlement, – en principe – en vacances depuis hier, n’a voté aucune révision de la loi Lutundula sur la CENI. Car la dépolitisation de la CENI n’est pas du domaine d’un slogan, mais doit se matérialiser dans un texte de loi. Echec et mat. Les compétiteurs aux élections de 2023 sont conviés à se lancer dans la course avec un arbitre contesté dès le départ. KANDOLO M.

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