Pendant que certains membres de la communauté savante de la RD Congo, se battent -non sans raison pour des postes politiques- et assurer leur survie, il y en a qui consacrent leur temps à leur recherche fondamentale, afin de contribuer à l’avancement du pays. Cas du Prof Germain Kuna Maba, vice doyen chargé de l’Enseignement au département des Sciences politiques et administratives de l’Université de Kinshasa (UNIKIN).
Dans une étude intitulée «Politiques sociales et transformations socio-spatiales en RD Congo : équité de genre, levier économique et durabilité», publiée dans la seconde moitié du mois de novembre dernier, ce chercheur décrit et analyse en même temps, les politiques sociales du pays depuis le crépuscule de l’ère coloniale jusqu’en 2021. Comment ont été ces politiques et comment sont-elles à ce jour, dans un contexte dominé par la crise sanitaire mondiale consécutive à la survenue de la pandémie de Covid-19.
La démarche de ce chercheur a consisté à faire le point descriptif et analytique desdites politiques sociales depuis 1940, deux décennies avant la décolonisation, jusqu’en 2021. L’objectif selon l’auteur de cette étude, est d’appréhender ce qu’elles ont été dans des contextes bien déterminés et ce que ces politiques sont actuellement dans un environnement marqué par la pandémie de Covid-19.
Il s’agit, selon le prof Germain Kuna, d’un voyage intellectuel au cœur de l’histoire sociale, économique et politique congolaise pour mieux comprendre et expliquer le système organisationnel et fonctionnel des politiques sociales dans leur globalité. Une telle approche a l’avantage de permettre leur lecture spatialisée, sans pour autant se référer aux clichés classiques qu’on leur colle assez souvent.
Par ailleurs, la même analyse, rendue possible grâce à la méthode systémique et à la géo-qualimétrie, deux approches de recherche combinées par l’auteur, pour le traitement des données collectées par le biais de la méthode accélérée de recherche participative. Les deux méthodes ont permis au chercheur de comprendre les différentes politiques sociales dans leur globalité, offrant ainsi la possibilité de comprendre, non seulement le contexte dans lequel elles ont été conçues et implémentées mais aussi, comprendre les acteurs politiques qui ont joué un rôle clé dans leur implémentation et les ressources qui ont été rendues disponibles en guise de leur exécution.
Aussi, ces deux méthodes ont-elles permis de dégager les contraintes auxquelles les structures étatiques ont du faire face pour mettre en œuvre lesdites politiques. La possibilité qu’offrent ces deux méthodes d’associer le qualitatif et le quantitatif ouvre grandement la voie à une approche comparative et prospective.
Paraphrasant son collègue feu Samba Kaputo, le Prof Germain Kuna note que l’univers politique demeure un champ de luttes où se bousculent des intérêts à la fois nombreux, contradictoires et paradoxaux. «Des groupes de pression politiques, économiques et sociaux culturels nationaux et internationaux ont, dans une certaine mesure, influencé l’une ou l’autre politique sociale.
Tout bien considéré, l’étude sur les politiques de l’éducation, de la santé, de l’emploi et du logement en RD Congo, a permis à son auteur de comprendre cinq faits importants. Premièrement, le chercheur note qu’outre le régime colonial qui a pris fin en juin 1960 en RD Congo, après 80 ans de colonisation, le pays a connu cinq régimes politiques qui se sont succédé au pouvoir. Ces derniers, hormis le tout premier après l’accession du pays à son indépendance, ont initié chacun et en fonction de son idéologie, plusieurs politiques sociales dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’emploi et du logement.
Selon ce chercheur, ces politiques qui visent l’amélioration des conditions de vie de la population étaient élaborées dans le cadre des programmes gouvernementaux et mises en œuvre par des structures étatiques centrales et ou provinciales sous le leadership du Président de la République. En second lieu, les quatre politiques sociales sous examen ont eu chacune leur fréquence et leur impact dans la société de manière distincte. Depuis 1940, ls politiques sociales de l’éducation ont occupé et occupent encore une place de choix dans les différents programmes gouvernementaux. La formation scolaire et universitaire est considérée comme un facteur promoteur de la réussite, de la stabilité et du progrès social. Par conséquent, les différents gouvernements ont investi dans ce secteur. Grevisse KABREL