Justice spectacle et far west

Un gouverneur de province sans statut fixe est arrêté, menotté, trimballé en survêtement dans les rues de la capitale avant d’être acheminé au Parquet. Et le même jour, patatras, il se retrouve à son domicile kinois sans, rapporte-t-on, avoir été entendu ! Le même week-end, un ministre d’Etat et des députés échappent à des tirs d’un policier commis à la garde d’un sujet…belge en plein Kinshasa !

Qu’inspirent ces deux tableaux ? L’atmosphère de far west ? On n’en est pas loin. D’abord, cet avatar de la justice spectacle avec le film d’Atou Matubouana, arrêté sans le moindre égard à sa personne et à sa personnalité. Abonnés à la propédeutique du pire, certains épigones de la Fatshisphère ont cru bien faire en exhumant la photo montrant l’arrestation musclée d’Etienne Tshisekedi. Une illustration qui sonne comme un parfait contre-exemple, car précisément le martyr du lider maximo de l’UDPS procédait de la négation de l’Etat de droit par le régime Mobutu !

Serions-nous alors dans le même cas de figure ? L’UDPS se serait battue pour perpétuer les pratiques liberticides contre lesquelles elle ou il a lutté des décennies durant ?

Concernant Atou Matubuana, le propos n’est pas de se faire l’avocat du diable. De graves soupçons de détournements de fonds publics pèsent, en effet, sur le Gouverneur « déchu-réhabilité-retenu à Kinshasa » -une spécialité rd congolaise- .Matubuana devrait répondre de ses actes devant la justice. Là aussi, l’épilogue de la sale journée du « Gouv » laisse pantois.

Arrêté de façon spectaculaire, Atou Matubwana sera relaxé le même jour de manière tout aussi spectaculaire. Et afin que nul n’en ignore, les réseaux sociaux sont inondés de photos du « Gouv » de retour à son domicile. Que s’est-il passé pour que quelqu’un qui a été si brutalement interpellé et amené au parquet, tel un kuluna lambda, soit relâché le même jour ? Ça sent la justice spectacle.

Pour le coup, le spectacle semble à tous les étages. Tel un héros…malheureux du mélodrame, mieux de la tragi-comédie, le Gouv sans statut fixe s’est attiré, le temps de l’émotion suscitée par son arrestation, des sympathies. 

Reste qu’engluée dans un cycle d’embastillement-libération difficile à lire même pour les juristes, la Justice – par l’incurie de certains juges- a envoyé un énième mauvais signal qui ne devrait pas plaider pour l’Etat de droit, cheval de bataille proclamé ou affiché – c’est du pareil au même-du pouvoir Fatshi.

Comme dans une triste loi de séries, voici ce qu’il est désormais convenu d’appeler « l’affaire, mieux le supplice Mpunga » ajouter sa part du tragique à ce qui pouvait s’apparenter jusque- là aux coups de boutoirs contre l’Etat de droit sur la mode « théâtre de chez nous« .

Last but not least. Le siège des institutions allait être le théâtre d’une tragédie avec pour victimes des représentants du pays légal. A l’instigation d’un hors-la-loi belge, un policier tire sur une délégation très officielle dans la capitale ! Le ministre d’Etat et cinq députés de Kinshasa ont échappé à la mort. Eux qui étaient en mission d’inspection de la voirie de la capitale. A se demander où on est … Et surtout où on va. José NAWEJ

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