A quelque chose malheur est bon, dit-on. La passe d’armes entre le speaker de la Chambre et le député Delly Sesanga autour du concept « délinquance financière » a réconcilié nombre d’élus- pas seulement- avec le dictionnaire. Le temps d’en avoir le cœur net pour certains ou tout simplement de se faire une religion pour d’autres. Même si le « pape » de l’autre religion-dixit Sesanga- s’était déjà fait sa religion sur le sujet au point d’appliquer sur le champ le fameux « retour à l’expéditeur » à l’élu de Luiza traité carrément de « délinquant » ! On connait la suite.
Une séquence « pièce contre pièce » fort peu honorable est servie aux…honorables députés. « Ba élus du peuple ba ngangi ! », pour emprunter à l’une des expressions locales en vogue sortie de l’imagination fertile des Congolais.
Au fond, le concept « délinquance financière » est-il une « injure » susceptible de constituer un casus belli ? La réponse est non.
Delly Sesanga, qui a été à bonne école, n’a fait que définir en compréhension ce que depuis des lustres le commun des mortels définit en extension en dénonçant les dépassements budgétaires, les détournements, le non-respect de la loi de finances, le coulage des recettes… Bref, tous les actes et pratiques qui énervent l’abc de la gestion de l’argent public.
Une véritable épidémie contre laquelle les Zaïro-congolais ne sont toujours pas immunisés! Des variants « 100 premiers jours« , « carrés miniers au Lualaba« , « dépassements budgétaires » …continuent à circuler.
Le leader d’Envol n’a donc nullement fait œuvre de transgression. Pas plus qu’il n’a révélé des vérités que les Congolais ignoraient. Eux, qui paient au quotidien la note des affres de la mauvaise gouvernance, n’ont pas besoin de consulter Google pour savoir ce que recouvre la délinquance financière. Pas la peine par exemple pour nombre de Congolais de définir le seuil de pauvreté de manière théorique en recourant aux cols blancs du FMI, ils le vivent dans leur ventre. C’est dire.
Député ayant coupé les amarres avec l’Union sacrée, Delly Sesanga devait-il rester scotché à la citation proverbiale du philosophe des lumières Beaumarchais selon laquelle « toute vérité n’est pas bonne à dire » ? A-t-il eu tort d’en prendre le contrepied en convoquant plutôt le philosophe libertaire Albert Camus avec son « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur de ce monde » ? Poser la question sur pied de ces deux citations, c’est y répondre. José NAWEJ