* L’Assemblée nationale a entériné le jeudi 23 décembre Didi Manara et Aggée Matembo comme délégués de l’opposition à la centrale électorale.
L’Assemblée nationale a, au cours de la plénière d’hier jeudi 23 décembre, entériné les procès-verbaux déposés par la commission paritaire sur la désignation des membres de l’opposition au bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Au total trois personnes ont été validées par la chambre basse du Parlement au cours de cette plénière. Il s’agit de Didi Manara (2ème vice-président), d’Aggée Matembo (Rapporteur adjoint) et d’Ilongo Tokole Jean ( Membre de la plénière).
Il est prévu que les personnes entérinées prêtent serment devant la Cour constitutionnelle dans les jours à venir, après leur confirmation par le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi, au moyen d’une ordonnance présidentielle.
UN ENTRERINEMENT TARDIF
L’entérinement de ces délégués de l’opposition à la CENI est intervenu pratiquement deux mois après la prestation de serment de 12 autres animateurs de la centrale électorale. L’opposition politique avait refusé de s’embarquer dans ce processus le qualifiant de peu crédible. Ce boycott avait retardé le processus électoral tel qu’enclenché.
Plusieurs appels lancés à l’opposition politique congolaise étaient restés sans suite. Dans son discours à la nation, devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi avait encouragé l’opposition à envoyer ses délégués afin de permettre à la CENI d’organiser les élections en 2023.
« Le processus électoral avec ses enjeux oblige que nous nous engagions dès à présent pour des élections que nous voulons crédibles, en écartant les différents obstacles tant juridiques que matériels qui en constituent les pesanteurs. Mon engagement de faire de la République démocratique du Congo un État véritablement démocratique ne peut se concrétiser sans l’organisation des élections libres, démocratiques, transparentes et dans le délai constitutionnel. Je lance donc un appel solennel à tout notre peuple pour accompagner démocratiquement la Commission électorale nationale indépendante et pour s’impliquer activement dans le processus électoral. Je rappelle que celui-ci a déjà commencé avec la désignation de ces nouveaux animateurs après consultation des confessions religieuses et validation par l’Assemblée nationale. Afin de parachever la composition du bureau de la CENI, j’invite instamment des acteurs politiques qui traînent encore les pieds à désigner rapidement leurs représentants respectifs au sein de ce bureau. J’invite en même temps le gouvernement à mobiliser et à rendre disponibles les moyens financiers conséquents pour permettre à la CENI de respecter le délai d’organisation de ces élections afin qu’elles se tiennent effectivement en 2023« , avait-il déclaré.
DES SENTIMENTS VARIÉS APRÈS CET ENTRERINEMENT
Malgré l’exhortation du président Felix Tshisekedi, les états-majors de l’opposition sont restés de marbre. Réagissant à un appel lancé par le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, le Front commun pour le Congo a expressément refusé d’envoyer ses délégués. Dans une correspondance adressée au bureau de la chambre basse du Parlement, Raymond Tshibanda, coordonnateur du comité de crise de cette plateforme politique, a affirmé que tant qu’il n’y a pas consensus, sa famille politique n’enverra pas ses délégués.
C’est alors qu’une nouvelle tendance au sein du FCC menée par Âgée Matembo et Constant Mutamba est entrée dans la danse. Après la publication du calendrier de désignation des délégués de l’opposition, et bravant les menaces proférées par leur famille politique, ces deux membres du FCC ont déposé leurs noms au bureau de la chambre basse du Parlement.
Soulignons que l’entérinement de ces délégués de l’opposition à la CENI a suscité des sentiments divers dans l’opinion. Certains observateurs ont salué ce qu’ils qualifient d’une avancée qui permettra au pays d’organiser les élections à différents niveaux en 2023, conformément au délai légal.
LE TRAIN DES ÉLECTIONS EN MARCHE
« C’est une chose à saluer. La non-désignation des délégués de l’opposition mettait le processus tel qu’enclenché en retard. Avec cet entérinement, le train des élections de 2023 est réellement en marche. Il ne reste plus que le Parlement puisse voter la législation en matière électorale et le budget conséquent pour l’organisation des élections« , a déclaré un acteur de la société civile.
Si certains saluent cette démarche, d’autres observateurs y voient un forcing. Ils pensent que l’Assemblée nationale a usé des méthodes décriées pour débaucher des acteurs de l’opposition à placer à la Centrale électorale. Orly-Darel NGIAMBUKULU