*Personne, estime la cheffe de la Mission des Nations unies en RDC, ne peut se satisfaire de la présence continue des militaires étrangers sur le sol congolais même si elle demeure vitale…
Au cours d’un briefing hier avec la presse, animé conjointement avec le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies, Madame Bintou Keita, a réfuté les allégations selon lesquelles la Monusco travaillerait à justifier sa présence en RDC.
« J’entends souvent, que la Monusco travaille à justifier sa présence sur le sol congolais. Rien n’est plus faux. Personne, certainement pas moi ni votre Gouvernement, ne peut se satisfaire de la présence continue des militaires étrangers sur le sol congolais même si elle continue d’être nécessaire au-delà de la dépendance de la RDC à l’aide humanitaire et internationale », a-t-elle fait savoir.
Selon la Représentante du SG de l’ONU, «alors que le mandat de la Monusco a été renouvelé pour une année supplémentaire, alors que les populations à l’Est du pays continuent d’être victimes de la violence des groupes armés étrangers et nationaux, créer des conditions nécessaires à un départ définitif des casques bleus de la RDC est notre objectif principal ».
Néanmoins, pour partir de manière responsable et durable, indique Bintou Keita, il reste un travail à finir conformément à la volonté du Conseil de sécurité des Nations unies et des autorités congolaises. « Il nous faut continuer à consolider l’autorité de l’Etat sur la totalité du territoire national, écrire un environnement protecteur pour la population, c’est-à-dire des policiers en mesure d’assurer le maintien de l’ordre partout ; des militaires dédiés à la défense des frontières après avoir neutralisé les groupes armés nationaux et étrangers ; une justice disponible pour régler les différends de manière pacifique et mettre fin à l’impunité. Et aussi des services sociaux de base, éducation et santé, accessibles à tous. Tels sont les fondamentaux sur lesquels nous travaillons avec les autorités et les partenaires » affirme la cheffe de la Monusco.
Selon Bintou Keita, la Monusco est un partenaire du gouvernement congolais et ne cesse de fournir des efforts pour ramener la paix dans tous les territoires de la République Démocratique du Congo.
«Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir l’armée Congolaise contre les groupes armés. Nous nous tenons également prêts à renforcer les efforts fournis par les FARDC dans le cadre des opérations conjointes avec l’armée Ougandaise pour une mutualisation des efforts efficaces et coordonnés», dit Bintou Keita.
Ce n’est pas tout. «La Monusco continue de soutenir toutes les organisations, tous les individus, autorités de l’Etat, leaders communautaires, chefs coutumiers, femmes et jeunes engagés pour la paix et la stabilité. Car ce sont les communautés elles-mêmes, les Congolaises et Congolais eux-mêmes qui ont les clés de la paix », insiste-t-elle.
Changer le narratif
Tout en continuant de respecter le droit de chacun à critiquer la Monusco, Bintou Keita dit souhaiter de tout cœur que l’on puisse changer le narratif habituel et convenu sur le travail de la Mission, et qui malheureusement, rejaillit négativement selon elle sur les progrès qui ont été faits par la RD Congo.
A savoir : « la reconstruction de l’Etat avance, la violence des groupes armés ne touche plus que 10% de territoire du pays, on parle de trois provinces sur les 26 qui existent. Les processus démocratiques et électoraux toujours fragiles se renforcent, les forces de sécurité nationale gagnent en compétence et en efficacité, la promotion et la défense des droits de l’homme trouvent un écho grandissant grâce à une société civile introspective… ».
A l’occasion, Madame Bintou lance un appel à toutes les communautés de la RDC, à toutes les bonnes volontés confiant que les violences intracommunautaires sont aussi la source de malheur de la population à l’Est. « Chaque Congolais doit choisir, et sans ambiguïté, la paix et la construction d’une société où le conflit, les éventuels différends trouvent une résolution pacifique basée sur l’Etat de droit», lance-t-elle.
Le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, rappelle que le nouveau mandat de la Monusco renouvelé avec la résolution 2612, présentée par la France et adoptée par le Conseil de sécurité le 20 décembre courant, a salué les efforts du Gouvernement. Il s’agit notamment de la volonté politique nécessaire pour assurer la promotion des droits de l’homme, consolider la démocratie, rétablir l’autorité de l’état et ramener la sécurité à tous les coins de la RDC.
«Lorsqu’on parle de la République Démocratique du Congo, même de la Mission des Nations-Unies en RDC, on nous regarde sous le prisme de ce qui ne marche pas, mais il y a des progrès qui sont accomplis», note Patrick Muyaya. Didier KEBONGO