Vu de Kinshasa, la présence -enfin admise- des troupes ougandaises sur le sol rd congolais procède de la realpolitik. Qui trouverait à redire si au bout de cette « collaboration » les ADF sont mis hors d’état de massacrer des populations innocentes. Qui crierait au crime de lèse-souveraineté si l’Ituri et le Grand nord sont débarrassées de ces forces négatives aux relents islamistes ?
Personne. Car, énième validation de la citation attribuée à Machiavel, la fin aura justifié les moyens. Ou encore, illustration de la leçon de pragmatisme du leader chinois Deng Xiaoping lorsqu’il disait au seuil de sa politique de réforme et d’ouverture : « Peu importe qu’un chat soit noir ou blanc, pourvu qu’il attrape la souris« . Depuis, la Chine a effectué un bond tant quantitatif que qualitatif rarement enregistré dans l’histoire de l’Humanité en seulement trois décennies.
Alors, autant prendre notre mal en patience et attendre l’issue de la traque conjointe des terroristes ougandais et autres groupes armés qui écument l’Est de la RDC. En particulier, dans les deux provinces sous état de siège. Le gouvernement rd congolais demande à être jugé aux résultats. Lui qui revendique et assume, enfin, ouvertement la « coopération » entre les FARDC et l’UPDF. Paraphrasant le Général de Gaulle, les Congolais en leur Armée espèrent que « L’intendance suivra« .
La quête légitime de la quiétude pour des millions de compatriotes vivant dans l’Est du pays ne devrait, cependant, pas faire perdre de vue l’essence et le sens des enjeux en…jeu. Pour la RDC, l’équation ne se pose pas uniquement en terme d’éradication des forces négatives. Le nœud gordien est la défense de l’intégrité du territoire face notamment aux velléités expansionnistes de deux de ses voisins de l’Est sous -traités par des puissances visibles et invisibles qui ont parié sur le remodelage de l’espace congolais à fins d’accès sans frais aux richesses naturelles. La balkanisation étant le stade final de ce plan, dont l’acte I était l’invasion de la RDC par notamment les troupes rwandaises et…ougandaises.
Ce précédent sonne comme un antidote à une espèce de collaboration à tout va avec un voisin qui n’est disposé ni à faire acte de contrition encore moins à passer par le rite cathartique. Car, l’histoire renseigne que lorsqu’un Etat est encore fragile, la frontière entre paix et pacifisme, réalisme et défaitisme, compromis et compromission est ténue. En clair, voulant à tout prix, et donc à n’importe quel prix, le premier on risque de basculer dans le second. José NAWEJ