Violences sexuelles en temps de conflits en Afrique La Déclaration de Kinshasa très attendue pour les survivantes

Plus de 20 survivantes de violences sexuelles liées aux conflits dans 12 pays africains séjournent à Kinshasa du 22 au 24 novembre pour témoigner et faire une déclaration dans le but d’obtenir réparation.

Cet événement intitulé : « IL EST TEMPS : Tribune des survivantes sur les réparations « est organisé par le Panel chargé d’accompagner la RDC à la présidence de l’Union Africaine, SOFEPADI avec l’appui de Fonds mondial pour les survivantes, Esclavage Conjugal en Temps de Guerre (CSW) et du Canada. Cette tribune vise à fournir une plateforme aux survivantes de violences sexuelles liées aux conflits à travers le monde pour partager leurs témoignages, perceptions et réflexions autour de la question des réparations et leur participation aux processus. Cette rencontre doit aussi permettre aux parties prenantes de rédiger la Déclarations de Kinshasa sur les droits des survivantes de violences sexuelles liées aux conflits à participer et à co-créer des réparations sur le genre. Lors de cette tribune, plusieurs thèmes seront abordés. Il s’agit des sujets tels que les besoins et les attentes des survivantes de violences sexuelles liées aux conflits, la participation des survivantes à la conception, la mise en œuvre et le suivi des réparations, le rôle majeur de la société civile, des groupes de défense des survivantes ou de la communauté internationale, ainsi que la nécessité d’instaurer des programmes de réparations sensibles au genre et avec une forte dimension transformatrice.


A l’ouverture de cette réunion, le lundi 20 novembre dernier à Kinshasa, le Président du Panel qui accompagne le mandat de la RDC à l’Union Africaine, le Professeur Ntumba Luaba a fait savoir que le Chef de l’Etat et son épouse sont très sensibles aux questions de réparations des violences sexuelles. Il a rappelé qu’en octobre dernier, «  nous avions tenu une table ronde inclusive nationale avec en perspective la création d’un Fonds national de réparation. Nous avons voulu saisir cette opportunité, au moment où le Chef de l’Etat est encore le président en exercice de l’Union Africaine pour pouvoir porter cette question de réparation au niveau de l’UA et que l’on puisse sensibiliser tous les Chef d’Etat et des gouvernements pour que l’Afrique ait une véritable politique de réparation holistique pour contribuer à donner espoir  », a-t-il indiqué.

Nécessité d’élaborer une loi au profit des survivantes

La présidente de la Commission Genre de l’Assemblée Nationale a fait savoir que le droit à la réparation est reconnu par tous les instruments juridiques ratifiés par la TRDC afin de redonner espoir aux survivantes. L’élue de la Funa a fait savoir qu’il est logique d’accélérer le processus d’élaboration d’une loi au profit des survivantes. Christelle Vuanga a, au nom de toutes les députées exprimé sa compassion aux survivantes présentes à Kinshasa. Elle a souligné que les survivantes ont droits d’être traitées avec dignité. « Il n’y aura pas de justice si les droits des victimes ne sont pas reconnus », a-t-elle lancé avant de faire remarquer que la chambre basse du Parlement doit garantir la disponibilité des fonds dans le budget de l’Etat.  


Intervenant en visioconférence, Le Dr Denis Mukwenge a souligné : « Il n’y a rien de plus urgent aujourd’hui dans notre pays, en RDC et d’autres de ce monde, que d’écouter les survivantes des violences sexuelles liées aux conflits. Avec cette tribune, elles/ils nous crient leur désespoir, pleurent leurs traumatismes et se battent courageusement pour leur droit. Le droit à la réparation est ancré dans les textes, il faut maintenant faire en sorte de l’appliquer, de la meilleure manière qui soit, c’est-à-dire en leur permettant de décider ce qui est bon pour elles/eux ». Selon lui, cette tribune est une chance de les entendre. Les écouter serait une des plus belles formes de reconnaissance qu’on puisse leur offrir », a ajouté le prix Nobel de la paix.

 
Pour sa part, la Directrice Exécutive du Fonds Global pour les réparations (GSF) Esther Dingemans a soutenu : « La réparation est en ce moment un droit pour les survivantes, reconnu à différents niveaux, national, international mais dans la réalité, elles n’en reçoivent pas. Et l’une des missions du GSF est de changer cette réalité. Cela passe par les plaidoyers auprès des Etats (qui doivent prendre les responsabilités), mais aussi à travers un vrai travail avec les survivant.es pour qu’elles puissent s’exprimer sur les thèmes silencieux comme les violences liées aux conflits. Cela aide les gouvernements à les écouter et se rendre compte qu’il est très urgent que les victimes reçoivent réparation ».

 
Plus ou moins 80 participants prennent part à ces assises, à savoir des représentants de la communauté internationale, des agences et organes des Nations unies et de l’Union africaine, des missions diplomatiques en RDC, des organisations de la société civile, des experts et universitaires et des autorités nationales et locales. Mathy Musau

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter