Patrick Muyaya : « Le délai constitutionnel des élections est non négociable»

*Le ministre de la Communication et des médias fait savoir que le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, entend respecter à la lettre la Constitution et impose que les élections se tiennent dans le temps imparti. Et tout est mis en œuvre pour tenir le pari, assure-t-il.

Il ne faudra pas compter sur le Président de la république, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour cautionner les «glissements». Le Magistrat Suprême tient au respect du calendrier électoral, foi du ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, qui l’a déclaré au cours des interviews qu’il a accordées aux médias français, RFI et France 24.

Selon le Porte-parole du Gouvernement, tout est mis en œuvre pour tenir ce délai constitutionnel. «Le peuple congolais veut voter dans le délai. D’ailleurs, je dois vous dire que nous, comme gouvernement, avons fait une provision de 100.000.000 USD pour l’exercice 2021 pour permettre de mettre en marche le processus », a-t-il déclaré sur les ondes de RFI. Patrick Muyaya adresse un message clair à l’endroit justement des parties au processus, plus tôt que de multiplier «les manœuvres dilatoires», elles n’ont qu’à préparer les élections.

Quant à la posture adoptée par les églises catholique et protestante, le ministre de la Communication et des Médias les renvoie à leur mission prophétique. «Les catholiques comme les protestants ont une mission prophétique, nous avons une mission politique qui est tenue notamment par le fait que nous devons respecter le délai pour l’organisation des élections. » 

 Dans les entretiens accordés aux médias français, le porte-parole  de l’Exécutif congolaisa répondu à toutes les questions relatives à l’état de siège, au nombre « élevé » des voyages du Président de la république, aux gains que ces différents déplacements rapportent au pays… Forum des As publie ici de larges extraits de ces interviews.                                                                                                               Didier KEBONGO 

Juan: On a vu les catholiques et les protestants dénoncer le choix de Dénis Kadima à la tête de la CENI. Six d’entre elles soutenaient la candidature de ce dernier, les deux autres sont vent debout. Elles reprochent à Dénis Kadima d’être trop proche du Chef de l’État.

Patrick Muyaya : D’abord, il n’y a pas eu de forcing. C’est un processus qui a pris 3, 4 mois avec plusieurs reports, tout le monde a suivi. Et aujourd’hui, le président de la République devait faire un choix, parce que visiblement les confessions religieuses n’ont pas été en mesure de s’entendre et de produire un président. Lorsqu’on dit de Dénis Kadima qu’il est proche du Président de la République, moi je suis choqué. Comment le nom de Dénis Kadima arrive à la fin des discussions des confessions religieuses ? Mais parce qu’il a commencé par répondre au profil. On arrive en finale, on sort des considérations subjectives, moi Dénis Kadima, je ne l’ai jamais vu de ma vie, je n’ai jamais vu de mémoire de journaliste une photo de Dénis Kadima avec le président de la République, de quelle proximité on parle ? Parce qu’il est de la même province, c’est extrêmement grave, ça c’est des relents tribalistes que nous dénonçons.

Ngoy Mulunda était président de la CENI en 2011, en aucun cas je n’ai entendu dire qu’il était proche du président Kabila pourtant il venait de son village. Toutes les confessions religieuses étaient dans un jeu, dans des règles où elles étaient 8. Vous faites le consensus ou vous faites la majorité, et c’est ce qui a été fait. Les catholiques comme les protestants ont une mission prophétique, nous on a une mission politique qui est tenue notamment par le fait que nous devons respecter le délai pour l’organisation des élections.

Dites-moi, est-ce que les catholiques, les protestants et les autres confessions religieuses peuvent porter la responsabilité du glissement? Le peuple congolais veut quoi? Le peuple congolais veut voter dans le délai, d’ailleurs je dois vous dire que nous comme gouvernement, avons fait une provision de 100.000.000 USD pour l’exercice 2021 pour permettre de mettre en marche le processus. Pensez-vous que si nous avions accordé 6 mois, 1 année…les catholiques, les protestants et les autres confessions religieuses se seraient entendues ? Parce que les protestants récemment ils ont décidé de quitter carrément la collaboration avec les autres. Lorsqu’il y a déjà un problème de confiance entre ceux qui sont censés nous prêcher la tolérance, la patience et tout le reste, mais qu’est-ce que vous voulez ? Le président de la République s’est assumé suivant un rapport, parce qu’ici il faut faire la démarcation entre ce qui s’est passé avec le cas de Malonda. Ici toutes les composantes ont transmis leurs noms à l’exception du FCC du président Kabila. Il y a 12 procès-verbaux qui ont été donnés sur les 15. Et donc, on avait l’obligation d’avancer parce que nous avons la responsabilité politique de conduire le peuple aux urnes. Maintenant le plus important ce n’est pas le passé. Les protestants comme les catholiques sont nos partenaires. Nous comptons sur eux, y compris sur les organisations internationales pour s’impliquer dans le processus qui va suivre.

Ne nous dirigeons-nous pas vers un processus électoral tendu?

Non pas du tout. Vous savez, ici nous parlons des prêtres et des religieux. Quel que soit le cas de figure, ils prient pour nous, ils s’assurent que tout se passe bien dans le pays. Ce n’est pas parce qu’il y a eu un manque de consensus que tout le monde a remarqué en commençant par eux-mêmes, qu’on doit tuer un processus qui n’est pas accordé.

Il faut donner une chance au processus, il faut que chacun joue son rôle, y compris l’église dans la construction de la confiance et d’un processus transparent. Ne donnons pas trop de pouvoir à un seul individu, futur président de la CENI.

Vous arrivez de Glasgow où se tient la COP 26, vous étiez aux côtés du président Félix Tshisekedi, le weekend dernier vous étiez toujours dans la délégation présidentielle à Rome pour le G20, quelques jours plutôt vous étiez en Israël toujours avec le président Tshisekedi. Le président et les membres du gouvernement sont trop friands des déplacements à l’étranger. C’est une remarque que vous entendez régulièrement. Un auditeur de Goma nous envoie un message et nous dit, le président Tshisekedi voyage beaucoup trop alors que son pays est en crise. Mais regardez comment il gaspille l’argent dans des voyages alors que la gratuité de l’enseignement peine toujours dans sa mise en œuvre. Combien coûte au trésor public en moyenne, chaque voyage du président ? Nous demande Jérôme de Goma.

D’abord, je crois que toutes ces questions vont me donner un peu de chaleur parce qu’il fait froid à Paris. Mais, je crois qu’il faut qu’on regarde les choses telles qu’il faut les regarder. Pour commencer, ces simples voyages dont vous parlez, vous avez parlé d’Israël, vous avez parlé du G20, vous avez parlé de Glasgow. Pour ne parler que de Glasgow, le président ramène 500.000.000 USD pour la protection de nos forêts. Alors, s’il faut aller dans les chiffres, il faut parler du G20. Il n’y a pas longtemps le G20 a accordé des facilités pour des pays notamment africains. La RDC a bénéficié d’1.5 milliard en droit de tirages spéciaux. Et là le président de la République, parce qu’il porte la voix de l’Afrique, a continué les plaidoyers.

Je ne vous parle pas de ce qui s’est préparé avec Israël, pour ce qui concerne l’éducation, l’agriculture. Alors, je comprends que les gens veulent voir un peu plus le président dans le pays, mais ils le verront bientôt parce que nous avons finalisé le programme de 145 territoires et le Président passera beaucoup plus de temps à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. On a parlé de trois voyages, je vous ai donné un seul exemple qui ramène 500 millions USD, je pourrais davantage vous donner des détails pour ce qui concerne le G20 et pour ce qui concerne la coopération avec Israël. Ici ce qu’il faut comprendre c’est qu’on a fait 2 ans, entre 2016 et 2018 où le pays était presqu’en isolation. Vous connaissez le contexte dans lequel nous étions.

La République Démocratique du Congo est un pays puissant avec 9 voisins, qui a vocation, aujourd’hui, on l’appelle pays solution notamment pour des problèmes environnementaux, qui a vocation à jouer un rôle de premier plan. Je ne voudrais même pas pour cette année parler du fait que le président de la République est président de l’Union africaine, il ne faut pas l’oublier. Et donc, c’est lui qui porte toutes les causes africaines. Aujourd’hui, on parle de sécurité, on parle de lutte contre la Covid-19, on parle de toutes ces réunions du G20, de climat… Et donc, le président de la République a, à son corps défendant, souvent l’obligation de prendre l’avion pour voyager.

Et donc, aucun voyage du président de la République n’a été fait sans que cela ne rapporte quelque chose au pays. Je crois qu’ici il y a un problème de communication et d’ailleurs nous sommes en train de travailler pour l’améliorer, dès mon retour, nous ferons ce qu’on appelle un briefing spécial avec des finances pour expliquer ce que le président de la République a pu ramener. Nous sommes au mois de novembre, pour simplement cette année, la République a gagné 4 milliards USD du fait des déplacements du président de la République parce que nous avons repris, le programme avec le Fonds Monétaire International. Donc, à travers la facilité élargie des crédits, c’est 1,5 milliards. Ensuite, il y a le droit des tirages spéciaux 1,5 milliards. Aujourd’hui, nous avons atteint le record en termes de réserve 3,3 milliards, jamais atteint par le passé. Il y a le milliard qu’on a récupéré chez les Qataris le mois dernier, si je compte le milliard des forêts, nous sommes à 5 milliards en une année. Et donc, pour le reste c’est des projets d’investissements.

Je crois que les compatriotes ont raison parce qu’ils veulent voir un peu plus le président de la République, mais nous, nous prenons la responsabilité de communiquer davantage pour que les gens comprennent qu’aucun voyage du président de la République n’est le fait du hasard.

La grève des enseignants des écoles conventionnées et publiques dure depuis un mois. Depuis la rentrée scolaire, ils exigent la revalorisation de leur traitement et le paiement des arriérés des salaires. La rentrée scolaire tarde dans de nombreuses écoles.

Écoutez, cela fait 15, 20 ans qu’à chaque rentrée scolaire, il y a des problèmes, parce que d’ailleurs moi, je considère et c’est toujours l’occasion de rendre hommage à ces enseignants parce qu’il y a un grand sens du sacrifice. Et ce qui se passe cette année, ce sont des problèmes qui existaient déjà depuis plusieurs années. Et, nous nous considérons que lorsqu’il y a des grognes, ça veut dire que les enseignants savent qu’ils ont un gouvernement qui sera à leur écoute et qui travaillera à régler les problèmes. Il s’agit ici de parler du principal programme du gouvernement.

Aujourd’hui, il y a certes des problèmes, mais les problèmes que nous connaissions sont ceux qui sont en cours de résolution, parce qu’on a consacré une augmentation depuis qu’on est arrivé au gouvernement et au moment où je vous parle, il y a l’accord qui a été trouvé entre le banc syndical et le gouvernement au sujet de la revendication des enseignants. De toute évidence, nous voulons une année scolaire apaisée et nous comptons ici, parce que nous pouvons mettre tout le budget de l’État congolais aujourd’hui, nous n’aurons pas réglé tous les problèmes de l’éducation. Ici il faut que tout le monde se mette à l’évidence, que pour l’avenir de nos enfants, nous sommes obligés de nous sacrifier à certains égards. Tout ceci arrive pourquoi ? Parce que justement il y a eu cette décision salvatrice du président de la République de mettre en exécution un prescrit constitutionnel consacrant la gratuité de l’enseignement. Et depuis 2006 qu’on a promulgué la nouvelle constitution, on ne l’avait jamais appliqué.

Désormais, c’est l’État qui prend en charge les enseignants. Le programme connaît des difficultés pourquoi ? Parce que toutes les écoles ne sont pas logées à la même enseigne, nous le savons. Il y a des écoles des catégories supérieures et d’autres qui ne le sont moins. Ce sont ces écoles-là qui ne sont pas majoritaires qui posent problème, et pour lesquelles nous sommes en train de trouver des solutions. Ici je dois rappeler que la décision du président de la République a remis sur le banc de l’école 4 millions d’enfants. Dans ces 4 millions d’enfants, il y a au-moins 1 million et demi des jeunes filles qui vont à l’école, vous savez ce que ça représente ? Et donc, aujourd’hui, quelques soient les difficultés que la mise en œuvre de la gratuité rencontre, la volonté politique d’y arriver, vaut plus que tout ça. Et donc, le problème que nous rencontrons c’est un problème qui se gère avec les syndicats, avec les autres partenaires impliqués. C’est ici, le lieu de rappeler encore une nouvelle fois qu’il est important qu’on se sacrifie pour le futur de nos enfants.

L’année dernière a été perturbée par le Covid-19, cette année il y a la grève des enseignants, comment rattrapez un tel retard ?

De 1, je dois dire à l’auditeur qui parlait tout à l’heure que le gouvernement ne veut aucune perturbation, au contraire, parce que les problèmes qu’il pose aujourd’hui c’est un problème qui existait hier, mais pourquoi ne l’avait-il pas posé de cette manière ? Peut-être parce qu’ils n’avaient pas un gouvernement qui était assez attentif et assez audible pour arriver à la solution. Et donc aujourd’hui, il faut considérer que pour nous, le dialogue social est une stratégie permanente. Je vous ai dit tout à l’heure que toutes les écoles ne sont pas logées à la même enseigne, nous sommes conscients, nous y travaillons, mais il est hors de question pour nous comme gouvernement, de sacrifier ces 4 millions d’enfants qui ont repris l’école.

Aujourd’hui, il faut savoir se mettre en évidence parce que moi, j’ai l’impression qu’il y a comme une forme de manipulation politicienne qui veut se mêler d’une question qui est éminemment sociale et qui concerne l’avenir de nos enfants. Aujourd’hui, ces enseignants, ils ont aussi des enfants qui vont à l’école, qui sont aussi enseignés par d’autres enseignants, je crois qu’eux aussi en souffrent. Nous gouvernement, nous sommes transparents, nous avons été en négociations avec les ministres de Budget et des Finances, le ministre de l’Education, nous avons mis nos propositions sur table par rapport à ce qui peut être fait par rapport à nos contraintes budgétaires.

Et donc, il faut que les uns et les autres mettent de l’eau dans leur vin, le processus va aller en s’améliorant, en singularisant les écoles catholiques de catégorie A, par exemple à Kinshasa, collège Boboto, lycée Bosangani doivent être traités d’une telle manière, les autres de telle autre. Toutes ces spécificités ont été prises en compte. Je crois que le dialogue continue, il ne faut pas sacrifier l’année scolaire qui a déjà été perturbée par la Covid. Il ne faut pas sacrifier l’avenir de nos enfants, et nous sommes sûrs, quoiqu’il en soit, tout sera fait pour que cette année scolaire soit apaisée.

Au sujet de l’état de siège que d’aucuns jugent d’avoir échoué, Patrick Muyaya n’est pas de cet avis.

Je ne suis pas sûr que le rapport de l’Assemblée nationale dit des choses telles que vous le dites. De toute évidence, cela fait 20 ans que cela dure. L’état de siège, c’est la réponse à cette situation d’insécurité. N’oublions pas que le prédécesseur du Président Tshisekedi était militaire. Nous n’avons pas trouvé de solution! Le Président Tshisekedi arrive. Il promet le retour de la sécurité sur une demande pressante de la population, on décrète l’état de siège. L’état de siège, c’est le début de la fin de cette pratique. Nous, nous n’avons jamais dit au départ que par l’état de siège que les tueries cesseraient immédiatement. Mais au moins parce que  Luvungi est dans le Sud-Kivu.

Il pourrait poser la question à l’auditorat de l’ituri. Nous y étions, la cheffe de la coordination humanitaire a dit que votre Gouvernement a fait pour l’Ituri en deux mois, nous ne l’avons jamais vu en 20 ans. Au moins, il y avait le Président de la République et le Chef du gouvernement sur place. Et donc aujourd’hui, tous ceux qui tendent à dire que c’est l’état de siège qui est à la base de l’insécurité, font le lit de l’ennemi. Puisque l’état de siège au moins nous permet de ramener cette fois-ci, le Président de la République était à Bunia en Ituri, j’étais avec lui. Lui-même a dit qu’il y avait des pratiques mafieuses au sein de l’armée, mais ce sont des fantômes du passé qui nous hantent Juan. Nous devons avoir une armée qui va en opération mais en même temps nous devons nettoyer l’effectif. On doit nettoyer la chaîne d’approvisionnement et nous devons faire tout en même temps.

Pourquoi ne pas l’avoir fait avant de lancer justement…

Muyaya : Qu’on ne vous trompe pas. Nous, quand on arrive, l’état de siège était la première décision que nous prenons avec mon collègue de la défense et tout le reste. Mais il y avait une planification qui était faite avant et ce n’est pas une décision qui a été prise comme ça. Il n’y a pas d’improvisations et nous ne devons pas considérer les difficultés opérationnelles que nous avons avec notre armée.

Et d’ailleurs, quand vous combattez le terrorisme, c’est le ko partout. Parlons du G5 Sahel, avec tous les moyens que la France met, est-ce qu’il y a déjà le résultat escompté ? Est-ce qu’il y a le terroristes ne cessent de décimer la population la bas? Donc il faut qu’on regarde la nature de la crise, la nature de ce que le pays offre. Nous avons une armée aujourd’hui qui a de problème mais sur quelle armée devons-nous compter pour régler les problèmes de l’est? Est-ce que le Président Tshisekedi même par coup de bâton magique, est-ce qu’il faut créer une armée en deux ans, trois ans, cinq ans? Donc aujourd’hui nous nous attelons à créer un nouvel esprit au sein de cette armée.

N’oublions pas qu’il y a la Monusco qui est là depuis 20 ans. Et donc, aujourd’hui, nous allons pris la mesure de la chose et nous travaillons à régler le problème. Il ne faut pas compter sur nous même si nous avons des dispositions, des potions magiques de régler le problème en six mois, un problème qui dure depuis 20 ans.

L’état de siège sera prorogé tous les 15 jours ou…

Patrick Muyaya : D’ailleurs vous savez Juan, l’état de siège est le processus le plus transparent qui existe en RDC. À quel niveau ? À tous les niveaux ! Vous avez parlé de la commission parlementaire. Est-ce que vous savez que même le gouvernement et la BCC sont passés dire combien  de fonds sont sortis. Nous gouvernent, nous faisons le point au Parlement. On dit que le Président de la République dispose de la majorité parlementaire, mais on nous a privés d’une loi d’habilitation pour proroger l’état de siège. Pour vous dire que pour cette opération, tant que les menaces subsisteront, l’état de siège subsistera jusqu’à ce qu’on va trouver la solution. Tout simplement parce qu’il n’y a pas d’alternative à l’état de siège.

Question : nous avons l’impression que le gouvernement ne communique pas assez sur ce qui se passe dans le Nord Kivu et en Ituri. Aujourd’hui qu’est-ce qui se passe? Combien d’ennemis éliminés et quelles infos pour qu’on sache que nous avons trouvé la situation à tel niveau.

Donc, vous voulez savoir en fait concrètement en tant que citoyen normal combien de rebelles ont été neutralisés et combien d’armes saisis ?

Déjà, avant ma mission en Israël, j’ai fait un briefing et je le fais souvent avec l’armée et la police pour faire le point sur l’état de siège.

Je vous donne quelques chiffres qui m’ont été remis par l’armée de septembre à mi- octobre, on a neutralisé 622, on en a capturé 119, 569 se sont rendus. On a récupéré 1300 armes de différents calibres. Nous avons récupéré 615 otages et nous avons arrêté plus ou moins 210 personnes qui collaborent avec ces rebelles.

C’est le bilan de ces deux derniers mois, donc septembre à octobre ?

Je vais vous donner tout le bilan Juan. De toute évidence, nous n’avons rien à cacher. La transparence, c’est la règle de la rédevabilité. Et dès mon retour, je ferais encore de communication avec les officiers supérieurs de l’armée et de la police pour arriver à communiquer sur cette question d’état de siège.

Ici Juan, je dois relever quand même deux, trois choses. Il y a un dernier rapport qui est sorti, un sondage du groupe d’études sur le Congo. Il dit que 61% de congolais sont d’accord pour l’état de siège. Cela veut dire qu’aujourd’hui, c’est une opération où tout le monde en a marre de ces tueries dans l’est du pays.

Quel est le pourcentage de ces citoyens qui soutiennent l’état de siège et qui estiment que le résultat est bon?

Regardez Juan, le résultat ne peut pas venir d’une manière automatique. Nous combattons le terrorisme. Vous avez vu le 27 juin des Kamikaze.

L’état de siège en tout est déjà un résultat positif parce qu’il permet aujourd’hui, au gouvernement de parler de la situation sécuritaire tous les 15 jours. Nous mettons des moyens, bien sûr qui sont à notre disposition, bien sûr qu’il ne faut pas oublier le contexte dans lequel le pays évolue. Il ne faut pas oublier la superficie du pays. Quelle est la taille de notre budget ? Et comment vous voulez réussir des opérations militaires avec une armée qui est en crise parce qu’elle connaît des problèmes de mafia. Et malheureusement, les gens profitent derrière… pour tout mettre sur notre armée. Au départ de l’état de siège, avec les craintes sur les violations des droits de l’homme. Où est-ce qu’on en est aujourd’hui ? Ce qui est liberticide, ce n’est pas l’état de siège, c’est la présence de groupes armés et leur comportement cruel. C’est ce qui est liberticide et donc l’état de siège finira par donner du résultat. Moi, j’y crois et tous les congolais sont invités à y croire. Ils ne devront que soutenir notre armée. Elle, seule va nous permettre de retrouver la sécurité.

la situation actuelle de Bukavu ?  Nous voulons savoir ce que pense le Président de la République sur ça. Hier, c’était le Nord-Kivu et maintenant, on parle de Bukavu. Quelles sont les solutions envisagées pour que cette situation d’instabilité prenne fin ?

 Mr le ministre, le calme est revenu à Bukavu, mais dans la nuit de mardi à mercredi, des assaillants ont tenté d’attaquer plusieurs positions de l’armée et de la police. De tirs ont été entendus, de quelles informations disposez-vous ?

Malheureusement, ce sont des aventures comme beaucoup en avons connu par le passé parce qu’il y a de gens qui pensent qu’en plein 21ème siècle, il y a toujours moyen de perturber la paix de paisibles citoyens. Effectivement, dans la nuit de mardi à mercredi, il y a eu un groupe d’assaillants avec des motivations floues. Le processus de leur identification est en cours. Ici, c’est pour dire la réactivité. Lorsqu’on vous attaque, mais vous avez vu la réactivité. Certains de ces assaillants ont été neutralisés, une trentaine ont été arrêtés et il y a un processus d’audition qui est en cours au niveau de la justice pour faire la lumière sur cette affaire. Et très vite la situation est revenue au calme. Et d’ailleurs, vous devez savoir que dans le plan, normalement la province du Sud-Kivu aurait pu être mise sous état de siège parce qu’il y a des problèmes de sécurité qui sont très récurrents là-bas et donc, aujourd’hui, le fait qu’il y a eu cette intrusion, nous ramène encore à notre devoir d’être très vigilants et focaliser les ressources qu’il faut pour imposer la paix. De toutes les façons, l’armée s’y attèle,  la police aussi. Nous sommes sûrs que les tentatives que nous avons vécues mardi et mercredi ne se répéteront plus.

Je voulais interpeller le ministre par rapport au rapport que JED a publié cette semaine intitulée : liberté de la presse, un mauvais temps pour la presse en RDC. Et curieusement les signaux sont au rouge dans les deux provinces où il y a l’état de siège. Comment expliquer que le nombre d’exactions sont plus élevés ?

Au moins 110 cas d’attaques de journalistes et c’est dans le Nord-Kivu et Ituri.

Je dois vous dire d’abord que ce qui se passe dans ces deux provinces, c’est une situation extrêmement grave et c’est pour ça qu’il y a eu l’état de siège pour commencer. Vous avez vu qu’on a perdu un ambassadeur dans cette zone, il y a quelques mois et de triste manière. C’est une situation qui nous peine profondément. Dès le déclenchement de l’état de siège, j’ai mis en place en accord avec l’armée un dispositif qui permet aux journalistes de se faire identifier quand ils vont sur le site. Pour qu’on soit en mesure non pas de les contrôler, mais de garantir leur sécurité de manière transparente. Nous communiquons sur toutes les opérations qui se font, mais il y a des réalités de terrain qui font que peut-être les gens ne se donnent pas une image de ce que représente la province de l’Ituri. Les deux cas recensés de mort se sont passés à Mambasa où on disait que le journaliste est mort par règlement de compte…

On avait demandé des enquêtes. Il y a eu des cas similaires à Beni…mais ils ont été assassinés par qui ? Parce que si vous regardez le rapport de BCNDH, il vous démontre noir sur blanc que les exactions sont plus l’objet de groupes armés. Nous comme gouvernement avons mis en place un mécanisme conjoint avec JED et nos amis de Reporters sans frontières. Nous suivons et monitorons. Que désormais dès qu’il y a menace sur le journaliste et qu’il le fait signaler. On a mis en place un dispositif qui permet de le déplacer de la zone où il est pour s’assurer de sa protection. Moi-même qui vous parle, je suis journaliste et je sais ce que cela représente la liberté de la presse. Et donc, il faut considérer qu’il y a un problème global de sécurité et lorsque vous êtes journaliste dans une zone en état de siège, il faut faire plus attention et c’est pour cela qu’on a mis en place un mécanisme pour assurer un suivi étroit et la sécurité des journalistes et nous continuerons.

Mais JED s’inquiète qu’il n’y a jamais eu même un début d’enquête.

Peut-être n’ont-ils pas été informés de processus notamment en Ituri. Car, il faut savoir qu’en Ituri, il n’y a jamais eu de tribunal militaire maintenant il y en a depuis que début de l’état de siège et ces questions sont en train d’être examinés.

Un sujet fâcheux. La taxe RAM. Nous avons reçu de dizaines de réactions d’auditeurs très mécontents.

Je m’oppose à ce que RAM soit qualifié de taxe. Lors de votre 25 ème réunion du gouvernement, le gouvernement s’est interdit lui-même de la qualifier de taxe, on parle juste de prélèvement. Alors ma question est de savoir le gouvernement s’est décidé de supprimer ce prélèvement pour les téléphones 2G, mais cependant de centaines de millions de dollars étaient déjà collectés suite à ce prélèvement alors que comment fait le gouvernement aujourd’hui pour pouvoir encaisser la partie revenant au trésor public conformément au contrat signé par l’autorité de régulation et les entreprises privées ayant implémenter.

Ce n’est pas une taxe. C’est un service rémunéré partout au monde y compris ici en France. Ici, je dois reconnaître, c’est une recommandation de l’union internationale de la communication pour lutter contre la contrefaçon de la téléphonie. Je dois reconnaître que la communication n’a pas été bonne autour de ce service. Aujourd’hui, ce n’est pas que les congolais ne veulent pas payer, mais ils ont besoin de savoir ils payent pourquoi et ce, à quoi sera affecté. Nous comme gouvernement, nous sommes attentifs, nous avons écouté. Alors, le premier ministre a décidé d’ailleurs directement de la suppression pour les téléphones 2G, mais pour les autres, il y a un travail technique qui se fait. Ici, il faut être clair Rwan. Nous comme République démocratique du Congo, nous faisons partie de l’Union internationale des télécommunications et quand, il y a de décisions, recommandations qui viennent de là, nous les intégrons. Comme je l’ai dit on a reconnu qu’il y a eu un problème de communication et donc il y a de mesures qui suivront et qui permettront  aux congolais de se sentir soulagés par rapport à cette mesure. Les revenus qui ressortent se là doit être justement investi. Il s’élève à 25  millions de dollars alors que les gens sont dans l’exagération très souvent. Le ministre des PTNTIC était devant l’assemblée devant toute transparence, il a expliqué pour ce qui concerne les questions de RAM, nous communiquerons dessus pour que tout soit dans la transparence. C’est la marque déposée de notre gouvernement.

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