» Nini tosali te  » : Rose Mutombo censure le censeur

* Arsenal juridique en bandoulière, la patronne de la Justice juge illégale la décision de Bernadin Maindombe, prise en l’absence des autres membres de la Commission

Un jour seulement après l’interdiction de sa diffusion, la célèbre chanson « Nini tosali te » du groupe Mouvement populaire de la Révolution (MPR)  peut désormais se jouer sans aucune autre forme de procès. Aussi bien dans les discothèques que dans les  débits de boisson, les médias en Rd Congo  et dans toutes les plateformes de téléchargement. Ainsi a décidé la ministre d’Etat, en charge de la Justice et Garde des sceaux, Rose Mutombo qui a demandé au Président de la Commission nationale de censure des chansons et des spectacles (CNCCS) de rapporter toutes affaires cessantes, sa décision.

Brandissant tout l’arsenal juridique sur la création et le fonctionnement de la CNCCS, la patronne de la Justice congolaise juge illégale, la décision de Bernadin Maindombe au motif que celle-ci a été prise en l’absence des autres membres de la Commission.

Ainsi, dans une correspondance datée d’hier mercredi 10 novembre, adressée au président de la Commission nationale de censure, la ministre de la Justice constate que la décision n° JUST &GS/CNCCS/CAB.PRES/BMM/DKS/027 portant interdiction de présentation et de diffusion à l’intention du public, du clip vidéo de la chanson  » Nini tosali te  » du groupe MPR, a été prise sur base du seul rapport de service adressé le lundi 8 novembre courant au numéro 1 de la CNCCS. Ce qui, selon Rose Mutombo, constitue une violation de l’article 9 du décret n° 003 du 21 février 1990 portant création de la CNCCS.

Par ailleurs, la ministre d’Etat, en charge de la Justice et Garde des sceaux a expressément ordonné Bernadin Maindombe, de lui  fournir des explications relatives à la procédure ayant conduit à la prise d’une telle mesure.

DES VIOLATIONS

Dans ses observations, la ministre d’Etat Rose Mutombo souligne que  » le Décret n° 003 du 21 février 1996 portant création d’une Commission nationale de censure des chansons et des spectacles (CNCCS), en son article 9 se rapporte à la composition de cette Commission qui dispose en son sein un Comité de direction, des représentants-délégués des ministres, services, confessions religieuses et associations sans but lucratif« .

Elle fait également signifier que les articles 5 et 6 de l’arrêté d’organisation judiciaire du 08 juillet 1996 portant organisation et fonctionnement de la Commission nationale de censure des chansons et des spectacles indiquent la périodicité de réunion de cette commission et le quorum des décisions en l’occurrence, la majorité des membres présents. 

Toutes ces dispositions légales n’ont pas été respectées par le président de la commission de censure, Bernadin Maindombe.

Le mardi dernier, la Commission nationale de censure  des chansons et des spectacles a reproché au groupe MPR cher au duo Zozo Machine et Yuma Dash la violation des dispositions des articles 2, 5 et 13 du décret numéro 003 du 21 février 1996 portant création de la CNCCS, pour n’avoir pas présenté le clip vidéo avant toute diffusion au public. Les mêmes faits étaient également reprochés à l’artiste musicien Bob Elvis, dont les six clips étaient interdits de diffusion, y compris la chanson  » Lettre à ya Tshitshi « .

Moins d’une semaine après sa sortie, le clip de la chanson  « Nini to sali te » (Ndlr: « Que n’avons-nous pas fait ? ») du groupe MPR a été au centre d’une vive controverse. Ce tube, loin d’être une bouffée d’oxygène pour les partisans de  l’opposition,  est considéré par certains comme une  instrumentalisation supposée visant à mettre les maux du pays depuis des décennies à charge du régime de Félix Tshisekedi.

Dans cette chanson, les deux jeunes mécènes kinois  peignent  un tableau sombre de la chronologie des évènements depuis l’accession du pays à sa souveraineté nationale jusqu’à ce jour, en mettant exergue l’état de pauvreté dans lequel vivent les Congolais.  Cette interdiction de diffusion de la CNCCS avait suscité plusieurs réactions aussi bien dans les rues de Kinshasa, sur les réseaux sociaux que dans les différentes plateformes d’interaction où les internautes congolais ont réagi selon leurs convictions, leurs opinions sur le régime actuel de Félix Tshisekedi.        « Manipulation », selon les partisans du pouvoir, « atteinte à la liberté d’expression » pour des sympathisans de l’Opposition qui ont trouvé en cette chanson, au delà de son caractère « lyrique« , l’expression imagée de la misère de la population. Rocco NKANGA et Rachidi MABANDU

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