Les plaintes des femmes « violées » lors des perquisitions chez Kalev moisissent à l’auditorat militaire

Plus de deux mois après, les plaintes de deux femmes présumées victimes de viol et violences lors des perquisitions effectuées le 10 août dernier dans deux résidences de l’ancien administrateur général de l’Agence nationale des renseignements (ANR), Kalev Mutondo, déposées à l’auditorat général, n’ont pas toujours connu de suite. Épuisés après des interminables rappels, les avocats des plaignantes ont décidé de dénoncer cet état de chose.

Ces juristes estiment que ce n’est pas normal pour un pays qui se veut être un État de droit. Ces avocats ont profité de la tenue à Kinshasa de la conférence de haut niveau sur la masculinité positive pour attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur ce qui paraît être, selon eux, l’un des indices irréfutables du disfonctionnement de la Justice. « Sinon, qu’est ce qui expliquerait la lenteur, mieux l’indifférence du parquet militaire sur ces faits dont les plaignantes disposent des éléments de preuve« , s’interrogent-ils.

Ils souhaitent que ces assises qui ont réuni six chefs d’États africains dans la capitale congolaise puissent être une interpellation pour les autorités de manière générale, particulièrement la ministre de la Justice et Garde des sceaux qui doit immédiatement après instruire les magistrats du parquet quant à l’instruction avec célérité de toutes les plaintes des femmes victimes des violences de tout genre déposées dans leurs offices. 

GARE AUX ABUS DES MAGISTRATS

A défaut d’une intervention au niveau du Gouvernement, soutiennent ces avocats, le président de la République, magistrat suprême, devrait lui-même s’impliquer pour mettre fin aux abus qui continuent à se multiplier du côté de la Justice. La Justice élève et anoblit une nation, rappellent-ils.

«En tant qu’êtres vulnérables, les femmes devraient bénéficier d’une certaine protection juridique et judiciaire. Lorsqu’elles viennent se plaindre pour un droit subjectif qui a été violé ou pour un préjudiciable subi, les magistrats qui sont les gardiens de l’ordre public devraient leur témoigner une sollicitude affirmée», soutiennent ces avocats.

Ils estiment qu’il est incompréhensible qu’une plainte déposée dans une juridiction de poursuites reste gelée sans que rien ne soit fait. Non seulement, c’est irrégulière, la lenteur observée dans ce dossier énerve aussi la déontologie de la magistrature, souligne-t-ils. Ces avocats pensent que cette attitude est tout simplement l’antinomie à l’Etat droit auquel aspire la RDC.

LES FAITS SONT TÊTUS

Les faits à la base de ces plaintes remontent au mois d’août  dernier. Les deux présumées victimes sont respectivement les nommées Sandra Bonginda Kelekele et Dorcas Basilua Kapinga. Dans sa plainte déposée à l’auditorat général le 17 août dernier, la première a affirmé avoir connu un avortement provoqué de suite du stress et le traumatisme subis lors de l’une de deux perquisitions domiciliaires qualifiées d’irrégulières effectuées dans l’une des parcelles de Kalev Mutondo.

Elle a affirmé que cet avortement a aussi été provoqué par les actes de violences qui ont caractérisé cette perquisition dont l’arrestation, l’enlèvement et la détention arbitraire de son mari et de son petit-frère, par ailleurs jamais impliqués dans le dossier judiciaire de l’ancien AG de l’ANR. 

La deuxième plainte est celle de la demoiselle Dorcas Basilua Kapinga, déposée le 20 août à la même juridiction. Elle s’est dit victime d’un viol qui aurait été perpétré devant témoins lors de la perquisition dans l’autre parcelle de Kalev Mutondo.

VIVEMENT JUSTICE

Après ces perquisitions plusieurs personnes et organisations de la société civile sont montées au créneau pour dénoncer son caractère irrégulier. C’est le cas de l’asbl spécialisée dans la défense des droits de l’homme dénommée «Justicia». Cette organisation a, dans un communiqué, insisté sur la nécessité pour la justice congolaise et les autorités de l’armée et de la Police de poursuivre les militaires et policiers qui ont mené cette opération. ODON

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