Le nouveau comité de gestion de I’Université de Kinshasa (Unikin), dirigé par le recteur Jean-Marie Kayembe, tient au rayonnement de cet établissement. Déterminée à replacer « la colline inspirée » dans le classement de meilleures universités du monde, la nouvelle équipe dirigeante exige aux chercheurs désireux de défendre le mémoire de troisième cycle et de soutenir la thèse de doctorat, d’avoir au moins une publication dans les revues et éditions scientifiques de renommée internationale.
L’instruction ressort clairement d’une récente correspondance du secrétaire général académique de l’Université de Kinshasa, le professeur Antoine Tshimpi Wola Yaba. Adressée à tous les doyens des facultés de l’Unikin, cette lettre précise que tout chercheur désireux de défendre son mémoire de troisième cycle (DEA/DES), de soutenir sa thèse de doctorat ou de bénéficier d’une promotion académique ou scientifique doit avoir publié, au moins une fois, dans une revue scientifique indexée, en plus de ses publications dans les revues scientifiques locales.
« Dans le cadre du projet de visibilité et de rayonnement de notre Alma mater, au regard de l’ambition de son alignement dans le classement de meilleures universités et conformément aux textes réglementaires qui fixent les conditions de la défense des mémoires de DEA/DES, de thèses de doctorat/agrégation ainsi que de promotion du personnel scientifique et académique, aucun dossier ne sera accepté si le candidat ne présente, outre ses publications dans les revues locales, au moins une publication dans les revues indexées« , souligne la correspondance.
Pour identifier des revues et éditions scientifiques cotées avec impact factor, le secrétaire général académique de l’Unikin a invité les chercheurs de son établissement à consulter, à titre indicatif, les sites web suivants : www.scimagojr.com, www.doaj.org et www.gov.za.
Il appelle les comités d’encadrement des travaux de DEA, de DES et de thèses de doctorat, les Conseils de département et de facultés à veiller à cette exigence avant de transmettre les dossiers du candidat au bâtiment administratif pour l’organisation de la défense ou de la soutenance.
Le professeur Antoine Tshimpi a, par ailleurs, saisi cette occasion, au nom de son comité de gestion, pour lancer officiellement la lutte contre ce qu’il appelle « la publication dans les revues scientifiques et maisons d’édition prédatrices, pirates et non indexées« . Il pense que ces canaux de publication ne favorisent pas l’assurance qualité dans la recherche scientifique des chercheurs de son établissement.
ÉVITER LES MAISONS D’EDITION PIRATES
« Je vous demande de sensibiliser nos chercheurs, juniors et seniors, à éviter de publier dans les revues scientifiques et les maisons d’éditions prédatrices, pirates, non indexées et/ou sans comité de lecture« , a-t-il écrit aux doyens de facultés.
Cette décision a été vite saluée par nombre de professeurs de l’Unikin, les vieux comme les jeunes. Interrogé à ce sujet, le professeur en Sciences politiques, Michel Bisa, y voit de l’évolution dans une direction qui permettra à l’Unikin de recouvrer sa place dans le classement de meilleures universités tant au niveau du continent qu’au niveau mondial.
« Je pense que petit à petit, les choses avancent dans la bonne direction, celle qui mène aux hauteurs de l’assurance qualité à l’Université de Kinshasa. Il faut promouvoir nos propres instances éditoriales tout en nous hissant aux standards internationaux et à la compétitivité internationale. Avec des matchs amicaux et l’adversité, l’Unikin sera classée dans ces Rankings. Les Comités d’encadrement doivent coacher les récipiendaires à faire effectivement de la recherche scientifique et à publier dans des revues/éditions indexées. Sinon, pas de défense publique, pas de promotion en grade. C’est bénéfique au progrès de notre Université. On progresse vers le rayonnement de l’Unikin« , a déclaré Michel Bisa Kibul.
CAMPUS NUMÉRIQUE
Cette décision du comité de gestion intervient après la visite sur le campus de l’Unikin, de la directrice régionale Afrique de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF-Afrique centrale et des grands lacs) Aissatou S. Sa visite s’inscrivait dans le cadre du projet « Campus numérique » que son établissement compte appuyer.
Après échange, le comité de gestion lui a fait visiter quelques laboratoires et bibliothèques de l’Unikin. Selon certaines indiscrétions, elle a été impressionnée surtout par les travaux de recherche formidables que mènent des professeurs des facultés de polytechnique et de médecine.
A en croire quelques professeurs qui ont assisté à cette ronde, le constat fait au terme de cette visite est que les facultés voisines à la paroisse Notre Dame de la Sagesse (Droit, Économie, Lettres et Sciences sociales) semblent rester un peu en retard sur le plan de la recherche. Il les encourage à se réveiller pour faire rayonner cette prestigieuse université publique de la RDC.
Ces professeurs abordés au terme appellent de tous leurs vœux la tenue des journées portes ouvertes à l’Unikin afin de permettre à toutes les facultés de présenter leurs travaux de recherche censés éclairer la société entière. Orly-Darel NGIAMBUKULU