* De son côté, le caucus de députés de l’Ituri appelle à l’ouverture des enquêtes.
Le ixième massacre des populations civiles, le dimanche 21 novembre à Drodro, localité située à quelque 60 Km au Nord de Bunia, capitale provinciale de l’Ituri, continue à défrayer la chronique politique en RD Congo. 72 heures après ces tueries (de trop), plusieurs réactions sont enregistrées. La dernière à la journée d’hier mardi, est celle de David Mc Lachlan-Karr, coordinateur humanitaire en RDC.
Dans un communiqué rendu public hier mardi 23 novembre, David Mc Lachlan-Karr dit être « extrêmement » inquiet de la montée d’actes de violences en séries qui, ces derniers mois, prennent pour cibles les populations civiles et les sites de refuge de nombreux déplacés internes en Ituri. Selon lui, ces réfugiés doivent se sentir protégés dans ces sites, en vertu du droit international humanitaire.
Tout en invitant les parties au conflit à se conformer au prescrit du droit humanitaire en période de crise, le coordonnateur humanitaire en RD Congo hausse le ton. Il dénonce avec véhémence et condamne énergiquement cette énième attaque des populations civiles sans aucune défense, dans cette partie du Nord-est du vaste territoire congolais.
En même temps qu’il condamne cette barbarie attribuée aux éléments du groupe armé Union des révolutionnaires pour la défense du peuple congolais (URDPC)/CODECO), David Mc Lachlan-Karr invite les dirigeants congolais à plus d’efforts pour neutraliser les forces négatives actives dans la région et mettre les populations autochtones à l’abri des exactions de ces tueurs en série qui ont transformé ce coin de la RD Congo en une « école d’artillerie« .
« La population de la province de l’Ituri est victime de l’augmentation des violences. Il est impératif que les acteurs humanitaires puissent apporter une assistance sans entrave dans le respect des principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance. J’en appelle aux autorités congolaises afin qu’elles redoublent d’efforts pour assurer la protection des populations civiles« , explique le coordonnateur humanitaire en RD Congo.
Toujours dans le même communiqué publié hier mardi, David Mc Lachlan-Karr rappelle qu’entre le vendredi 19 et le dimanche 21 novembre courant, le site des déplacés de Tche dans le territoire de Djugu en Ituri, abritant près de 3 700 personnes, a été attaqué. Il ajoute qu’un autre assaut meurtrier a été lancé contre le village de Drodro et le camp des déplacés installées aménagé dans l’enceinte de l’église. Cette attaque, selon lui, a occasionné la fuite de 16 000 personnes vers la localité voisine de Roe.
« En l’espace de 48 heures, le site de personnes déplacées de Roe, qui comptait initialement plus de 21 000 personnes, et ses alentours ont accueilli près de 50.000 nouveaux arrivants. l’accès humanitaire s’est réduit de manière considérable ces dernières semaines dans le territoire de Djugu, entraînant la suspension des mouvements de 17 organisations humanitaires et affectant l’accès de près de 320 000 personnes à une aide vitale et urgente à Drodro, Fataki, Nizi, Lita, Bambu et Mangala« , conclut David Mc Lachlan-Karr cité par radio Okapi.
AU-DELA DE LA CONDAMNATION…
Au lendemain du massacre de Drodro, le Caucus des députés de l’Ituri et de Deda Tipa, a réagi à chaud, le lundi 22 novembre, en exhortant l’Exécutif national à initier une enquête sur ces nouvelles tueries des civiles. Dans leur déclaration en rapport avec la situation à Drodro, le rapporteur dudit Caucus a appelé l’Etat congolais à prendre des sanctions sévères contre les auteurs de ces attaques du dimanche dernier.
Que plusieurs voix s’élèvent ici comme ailleurs, pour condamner des attaques à répétitions qui se soldent par un véritable carnage dans l’Ituri, cela procède de la compassion en pareille circonstance. Il est donc dans l’ordre naturel des choses de voir des langues se délier pour fustiger des tueries en séries, des populations civiles vivant dans l’incertitude constante du lendemain.
Cependant, plus d’un analyste estime qu’on devrait aller au-delà de simples condamnations verbales qui ne changent pas la donne sécuritaire dans l’Ituri. Dès lors qu’on entend la même chanson, à chaque exaction des milices sur les populations civiles, ces déclarations de compassion ne suffisent pas pour soulager la douleur des rescapés et leur garantir des lendemains meilleurs en termes de sécurité ou de paix durable.
C’est vrai que la défense du territoire national est l’un des attributs de la souveraineté et relève de la compétence exclusive d’un Etat. Pour le cas d’espèce, il appartient à l’Etat congolais d’assurer la défense de son territoire et la protection de ses citoyens. L’état de siège, proclamé début mai dernier par le Président Félix Tshisekedi, sur une partie du territoire congolais, procède donc de ce double impératif. A savoir, la défense de l’intégrité territoriale et la protection des citoyens.
Toutefois, de nombreux observateurs pensent que les messages de compassion des partenaires extérieurs de la RD Congo, aux populations plusieurs fois martyrs de l’Ituri, devraient s’accompagner de la volonté réelle d’aider l’Etat congolais dans son combat légitime contre tous groupes armés locaux et étrangers qui, depuis près d’une décennie, endeuillent le pays au quotidien. C’est ici, le lieu d’encourager les efforts des FARDC qui mènent des actions de terrain pour contrecarrer les miliciens. Certes, beaucoup reste encore à faire, compte tenu de la taille de l’enjeu sécuritaire dans les deux provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu où des multinationales injectent d’importants fonds pour perpétuer l’insécurité et mieux piller les richesses du pays.
Toujours en ce qui concerne le massacre du dimanche dernier à Drodro, le bilan officiel annoncé le lundi 22 novembre par le porte-parole du Gouvernement, faisait état de 12 morts. Par contre, des sources sécuritaires non autrement citées par radio Okapi, ont laissé entendre que cette énième incursion des milices CODECO a fait 22 décès. Grevisse KABREL