La CENCO suspend sa contribution à la plateforme « confession religieuse » et demande aux partis politiques de s’assumer

*Selon l’Abbé Nshole, cette entité est pourrie par les politiques, les évêques sont pas par ailleurs un corps de militants ont plusieurs autres canaux pour passer leurs messages. L’Eglise catholique demande à chaque organisation de ne plus se cacher derrière elle, et exiger qu’elle fasse son boulot.

Les religions n’ont pas donné un bon témoignage de cohésion avec ce qui ne s’est pas passé. Le spectacle donné dans la plateforme  » Confessions religieuses  » c’est une honte. L’Abbé Nshole estime qu’il faut être humble et demander pardon. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le, dit la Bible. Voilà pourquoi les évêques ont décidé de suspendre leur participation. « Mieux vaut aller au ciel avec un seul œil qu’avec les deux yeux« , commente l’Abbé nshole. 

A la question sur les propos de Mgr Marcel Utembi qui avait déclaré au sortir de l’audience des membres du Comité Permanent avec le Chef de l’Etat, que « une étape a été franchie, il est temps d’être réaliste « , l’Abbé Nshole commence par dire ce que cela ne signifie pas. « Cela  ne signifie pas qu’il ne faut pas tenir compte de ce qui a été fait parce que c’est passé. Les évêques sont conscients que  ce qui a été fait ne devrait pas l’être de cette façon, ils le (la politisation de la CENI) déplorent et sont clairs là-dessus. Ils déplorent le climat que cela a engendré parce que cela a été fait de cette façon« , a-t-il expliqué.

Mais le Secrétaire général de la CENCO ne s’est pas arrêté là. Il a tenu à faire savoir que la CENCO c’est un corps pastoral.  La CENCO n’est pas un parti politique, ce n’est pas un corps de militants, les évêques s’engagent à accompagner le processus par des orientations pastorales. Les évêques ont été responsables en ce qu’ils ne se sont pas simplement contentés de déplorer ce qui ne va pas, de dénoncer la méfiance et le danger que cela court, mais ils ont fait également des propositions concrètes. « 

Et pour l’Abbé Nshole, la proposition la plus concrète que les pères spirituels ont faite au Chef de l’Etat, c’est « les réformes consensuelles de la loi électorale. » Les évêques, comme pasteurs,  demandent l’ouverture à  toutes les parties prenantes pour qu’on arrive à une CENI, mieux,  à un mécanisme qui rassure toutes les parties prenantes.

L’Abbé Nshole estime que « si dans le cadre de ces réformes consensuelles souhaitées par la CENCO les gens sont rassurés, avec ou sans Kadima, le problème serait résolu. » La deuxième proposition que les évêques font, c’est d’avoir la garantie de l’accréditation pour les missions d’observations capables de rassurer la population. Ce n’est pas tout. Pour montrer que les évêques sont dans une logique d’orientation pastorale, et non dans celle de l’affrontement avec le Pouvoir, ils ont fait une troisième proposition qui insiste sur la « dépolitisation » et le « renforcement de l’indépendance » des membres du Bureau de la CENI ainsi que la « désignation des personnes apolitiques dans l’administration de la CENI« , notamment  le Secrétariat exécutif national, les secrétariats exécutifs provinciaux et antennes locales.  

Pour Nshole, ces recommandations ont été faites dans le but de rassurer les uns et les autres, auquel cas le problème serait clos. DK

COMMUNIQUE DE PRESSE

1.  De mardi 23 à jeudi 25 Novembre 2021 s’est tenue au Centre d’Accueil Caritas à Kinshasa, une session extraordinaire du Comité Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO).

2. En vertu de leur mission prophétique, dans le cadre de leur pastorale d’ensemble, les Archevêques et Evêques membres du Comité Permanent de la CENCO se sont penchés sur des questions préoccupantes de l’heure qui affectent la vie du peuple de Dieu qui leur est confié, notamment la persistance de l’insécurité dans l’Ituri et le Nord Kivu, l’état du processus électoral et la situation de l’enseignement.

La question sécuritaire

3. Les membres du Comité Permanent de la CENCO ont échangé sur la situation sécuritaire du pays, en particulier sur l’insécurité grandissante dans les territoires où est proclamé l’état de siège. Ils sont très affectés par le nombre croissant des morts, des déplacés internes et des personnes enlevées, malgré les dispositions prises pour arrêter cette escalade.

4. Forts du rapport reçu des deux missions de la CENCO sur terrain, les pères Evêques ont évalué l’état de siège et ils ont aligné quelques recommandations à faire au Commandant suprême dans le sens de requalifier cet état de siège de manière à ce qu’il soit plus efficace et réponde davantage aux besoins de la population qui y vit.

Le processus électoral

5. Convaincus que le bien-être du peuple congolais et la cohésion nationale dépendent pour beaucoup de la réussite du processus électoral dont l’objectif    est l’organisation    des    élections    crédibles,    inclusives, transparentes et apaisées, les évêques ont échangé sur l’évolution de ce processus qu’ils suivent très attentivement.

6. Ils déplorent la politisation de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CEM) et le climat de méfiance engendré, susceptible de conduire aux élections contestées d’avance et qui, par conséquent, porteraient sérieusement atteinte à la cohésion nationale et à la paix sociale.

7. C’est pourquoi, pour garantir le caractère apaisé du processus électoral, ils ont levé l’option de demander à qui de droit à faire preuve d’ouverture afin de rassurer toutes les parties prenantes de la transparence et de l’inclusivité du processus électoral.

8. Avec la désignation des animateurs de la CENI, les Evêques se sont rendu compte de la grande divergence de doctrines et de perception des valeurs éthiques avec certaines confessions religieuses. C’est pourquoi ils ont décidé de suspendre la participation de l’Eglise Catholique dans la plateforme des Confessions religieuses.

L’enseignement

9. Par ailleurs, les Evêques membres de la CENCO se sont penchés aussi sur la question de l’enseignement. Ils ont fait Tétât de lieu de la rentrée scolaire 2021 -2022, des revendications des enseignants et des négociations en cours avec les syndicats. Ils se sont rendu compte que tout se ramène à la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire.

10. Invité pour éclairer la lanterne des évêques, le Ministre de l’Enseignement Primaire Secondaire et Technique (EPST) leur a expliqué la politique de son Ministère pour la mise en œuvre de la gratuité et pour combattre les antivaleurs.

Les Evêques ont exprimé leurs préoccupations majeures dans ce secteur tout en lui rassurant du soutien de la CENCO dans la mise en œuvre de la gratuité.

11. C’était aussi l’occasion pour les membres du Comité Permanent de faire l’état de lieu de l’itinéraire synodal qui a été lancé dans les différents diocèses le dimanche 17/10/2021, de l’avancement de l’élaboration des mesures d’application de l’Accord-cadre et de la constitution des tribunaux ecclésiastiques interdiocésains dans notre pays.

12. Enfin, les évêques ont décidé d’aller à la rencontre du Chef de l’Etat avec un mémorandum pour lui faire des propositions utiles par rapport aux préoccupations relevées sur les points évoqués ci-dessus

Conclusion

13. Les évêques ont renouvelé leur engagement à accompagner le peuple congolais sur la voie de l’édification de la paix et de la consolidation de la démocratie par des orientations pastorales. Ils encouragent en même temps les fidèles laïcs à prendre leur responsabilité citoyenne pour l’avènement d’un Congo plus beau qu’avant.

14. Pour clore, les évêques ont adressé une lettre de compassion au peuple de Dieu meurtri dans les diocèses de Bunia et de Butembo-Beni. En plus, ils ont demandé à tous les fidèles catholiques de profiter de la fête de la Bienheureuse Anuarite (1er décembre) pour invoquer son intercession en faveur de la paix dans notre pays et particulièrement dans sa partie Est.

Kinshasa, le 29/11/2021

Abbé Donatien NSHOLE

Secrétaire Général de la CENCO

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