* En colère, le ministre Udps suspend la Commission paritaire Gouvernement-Syndicat des enseignants.
* Pour sa part, le Secrétaire général a.i à l’EPST, demande aux sous Proved d’effectuer une descente dans les écoles pour prélever les enseignants absents, les radier du Fichier de paie et de procéder à leur remplacement immédiat !
Le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), vient de suspendre pour une durée indéterminée, la commission paritaire Gouvernement-Syndicat des enseignants a-t-on appris hier mercredi 6 octobre, des sources qualifiées du secteur. En même temps, Tony Mwaba, , déclare que l’Etat congolais est prêt à récupérer tous les établissements publics d’enseignement, dont la gestion a été confiée depuis plus de la moitié du siècle à l’Eglise catholique.
A en croire les mêmes sources, Tony Mwaba a pris toutes ces mesures en réaction à la grève des enseignants, observée dans la plupart des écoles catholiques de Kinshasa, depuis le lundi 4 octobre, premier jour de la rentrée scolaire 2021-2022 en RD Congo. Ce n’est pas tout. Dans sa colère, le patron de l’Epst décide de revisiter la Convention de 1979 signée entre l’Etat et l’Eglise catholique en matière d’Education nationale.
Dans la même veine, le Secrétaire général ad intérim à l’EPST, Christine Nepa Nepa, brandit d’autres sanctions sévères aux enseignants. Dans une circulaire adressée aux responsables de toutes les sous Provinces éducationnelles (PROVED), Christine Nepa Nepa, aux affaires depuis le mois de mai dernier, demande à ces derniers d’effectuer des descentes dans les écoles catholiques en grève, en vue de prélever les enseignants absents, les radier du fichier de paie et de procéder à leur remplacement immédiat par de Nouvelles Unités (NU).
COLERE ET INDIGNATION COLLECTIVE
Dès lors, les décisions de ces deux responsables du secteur de l’Epst, ont provoqué un tollé hier sur les réseaux sociaux. En tout, nombre d’internautes congolais d’ici et d’ailleurs, s’en sont violemment pris au ministre Tony Mwaba qu’ils sont qualifié de tous les maux. Dans cette vague de réactions, certains Congolais ont accusé le numéro 1 de l’Epst, de vouloir user de l’intimidation pour forcer les enseignants grévistes à reprendre effectivement la craie.
D’autres jugent cette mesure impopulaire et sans aucune chance de produire le moindre effet. « C’est du diktat« , réagissent certains internaute. D’autres encore, estiment qu’il s’agit d’un zèle outré d’un ministre qui a raté l’occasion de ramener la paix sociale dans son secteur.
D’ores et déjà, les mesures prises par le ministre Tony Mwaba suscitent plusieurs questions. Pourquoi préconiser une telle issue au problème réel des enseignants qui se trouvent en droit légitime de revendiquer ce qui leur revient ? Subsidiairement, la question est aussi celle de savoir les vraies motivations du patron de l’Epst, en prenant ces mesures qui frisent un passage en force, en lieu et place d’un dialogue transparent, considéré comme une arme efficace en situation de conflit.
GARE A UNE GESTION PAR DEFI !
A supposer que l’Etat congolais reprenne effectivement la gestion des écoles naguère confiées à l’Eglise catholique, en tout cas, il n’appartient pas au ministre de tutelle, fut-il du parti présidentiel, de prendre seul cette décision. Bien au contraire, la question mérite un examen sans complaisance au niveau de la réunion du Conseil des ministres en vue de lever une ultime option, tant il s’agit d’un secteur qui touche directement à l’avenir du pays.
Sauf amnésie collective, les Zaïrois d’hier, Congolais d’aujourd’hui, gardent encore en mémoire, les conséquences fatales de la ¨fameuse Zaïriannisation (1971-1973) sous le défunt maréchal Mobutu. Quand il décide de la nationalisation progressive des biens commerciaux et des propriétés foncières qui appartenaient à des ressortissants ou groupes financiers étrangers, l’homme à la très célèbre toque en peau de léopard, avait cru mieux faire les choses. Pourtant, ce processus d’expropriation initié par le Président Mobutu, s’est révélé le début de la descente aux enfers de l’économie zaïroise. Car, au fil des années, toutes les entreprises étatisées ou cédées à des Zaïrois sur base du clientélisme ont fini par faire faillite.
Partant, nombre d’analystes se demandent si Tony Mwaba a oublié ce triste héritage de l’histoire du pays. Pourquoi l’expérience malheureuse de la Zaïrianisation ne lui a pas servi d’exemple, quand il avertit la récupération par l’Etat, des écoles gérées par l’Eglise catholique ? Est-ce là, la solution idoine aux vrais problèmes de l’Enseignement en RD Congo ? Sans doute pas. A preuve, la gratuité de l’Enseignement de base, tant vantée dans tous les établissements publics, comme antidote à l’analphabétisme des milliers d’enfants en âge de scolarité, est à ce jour le fameux remède plus nocif que la maladie qu’il était censé guérir. Autrement dit, la gratuité de l’Enseignement a davantage renforcé la baisse drastique de la qualité de l’Enseignement dans les écoles publiques, parce que non suivie de dispositions pratiques. En l’occurrence, la construction de nouvelles salles de classes pour éviter le surpeuplement, le recrutement de nouveaux enseignants…
Tout bien considéré, un pays ne se gère pas par défi. Au-delà de tout ce que peuvent dire les partisans de Tony Mwaba, il reste une évidence. La vérité est que malgré la baisse de la qualité de l’enseignement actuel dans le pays, les Ecoles catholiques se battent encore, contre vents et marrées, d’assurer une formation acceptable aux plus petits. Que l’Etat reprenne la gestion des écoles catholiques, la proposition pourrait séduire plus d’un. Mais l’on devrait anticiper les conséquences, à l’aune de l’état actuel des établissements publics (Les fameuses EP I, II et III, les athénées et autres Instituts). Les mêmes causes produisant les mêmes effets… Grevisse KABREL