I . Marocains et fiers de l’être
Chroniqueur de politique étrangère au seuil des années 90, nous avons entendu et lu mille fois « Sahara occidental, polisario et république arabe sahraouie démocratique« . Dans la décennie 2010-2020, nous avons eu l’occasion de visiter à deux reprises cette partie de l’Afrique dont nous avions longtemps entendu parler.
Notre curiosité journalistique nous a poussé à mettre les différents discours contradictoires à l’épreuve des faits. Sahara occidental ? Sahara marocain? Qui habite cette région ? Quelle relation entretiennent les habitants avec Rabat ? Autant de questions…
Ce qui frappe d’abord tout Africain qui débarque à Lâayoune ou à Dakhla -principales villes du Sahara- , c’est le paysage infrastructurel. De l’aéroport au centre-ville en passant par des quartiers populaires, Lâayoune et Dakhla impressionnent par leur modernité. Des routes, des bâtiments, des installations portuaires des hôtels, des écoles, des stades sortis de terre après le départ de l’occupant espagnol qui n’y avait laissé que des hameaux
Ce qui frappe ensuite au contact avec les populations locales, c’est l’attachement au Trône Alaouite. L’un de nos passages avait coïncidé avec le quarantième anniversaire de la Marche Verte. Le Roi Mohammed VI était venu personnellement présider les festivités de cet événement à nul autre pareil en terme d’engouement et de ferveur populaire. Le 6 novembre 1975, en effet, 350 mille Marocains ont, à l’appel du ROI Hassan II, entrepris de marcher vers le sud du Royaume pour parachever le recouvrement de l’intégrité territoriale.
Alors, à l’occasion du quarantième anniversaire de la Marche Verte, le Roi a sacrifié au rituel de la fête avec son peuple à la grand’place de Lâayoune. Nous avons assisté à une déferlante populaire. Des gens de tous âges, de toutes conditions, allaient à la rencontre du Souverain. La Garde et le Protocole ne pouvaient contenir la foule.
Il n’y a pas meilleure illustration de l’allégeance -la béia- que cette communion entre le Trône et le peuple du Sahara.
Autre chose qui frappe dans ce sud du Maroc, c’est la participation des populations locales à la gestion des villes, communes et villages. A Lâayoune, Dahla ou encore Boujdour, ce sont des sahraouis qui administrent leurs contrées . Ce processus de forte décentralisation est frappé du sceau de l’onction démocratique, car les autorités locales et régionales sont issus du suffrage universel. A l’image des élections générales qui se sont tenues le 9 septembre et qui ont vu le Sahara réaliser le plus fort taux de participation.
II. La Sahara marocain, un modèle et un atout pour l’Afrique
Comme Africain, comment ne pas ériger le Sahara marocain en exemple sur le front de la gestion autonome des entités locales. En proie au jacobinisme hérité de la colonisation, beaucoup de pays africains peinent à transférer des pouvoirs et des compétences l à des entités locales en vue d’une administration de proximité. Fort de sa régionalisation avancée et de sa constitution de juillet 2011, le Maroc sous le leadership éclairé du Roi Mohammed VI a su faire du Sahara marocain un laboratoire d’une administration fortement décentralisée et démocratisée. Si bien que même l’incontournable plan d’autonomie sous souveraineté marocaine trouvera déjà un cadre propice à sa mise en œuvre. Nombre de pays africains seraient bien inspirés de s’inspirer de l’expérience du Maroc. Quitte à l’adapter aux conditions spécifiques de chaque pays.
D’autre part, le Sahara marocain est un atout pour la nécessaire intégration du Continent du fait de sa position géographique. Voie d’entrée du Maroc dans sa profondeur naturelle qu’est l’Afrique subsaharienne , trait d’union entre l’Afrique et l’Europe , le Sahara marocain a tout pour devenir ce hub de développement du Continent . Il est donc de la responsabilité de tout Africain d’œuvrer au règlement du différend régional hérité de la Guerre froide de manière à évacuer le « conflit artificiel » qui empêche le Continent de se pencher sur le seul défi qui vaille : celui du développement.
III. Leçons de la virée dans le Sahara
« Lire c’est voyager, voyager c’est lire« , dixit Victor Hugo. J’ai, par la lecture de plusieurs ouvrages, des échanges avec des amis et frères Africains dont des Marocains, acquis la certitude de la marocanité du Sahara. Mes voyages m’ont permis de me rendre compte de visu que le Sahara marocain est une réalité physique, humaine, sociologique, économique, culturelle et institutionnelle. Les habitants de ces provinces du sud sont tout aussi fiers de leur marocanité que leurs compatriotes d’autres régions du Royaume.
Le débat n’est plus de savoir si le Sahara est marocain ou pas. Le propos est de trouver une solution pacifique, réaliste et pérenne à ce conflit régional. A cet égard, le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine est la seule issue car elle allie la marocanité et la gestion autonome des affaires spécifiques de cette région.
Kinshasa le 22/10/2021
José NAWEJ
Editeur du journal FORUM DES AS