* La RDC gagnerait en crédibilité en sachant consolider tous les engagements pris avec les partenaires, cela au nom du principe sacré de la nation de continuité de l’Etat !
En face du Palais du peuple situé à quelques encablures du stade des Martyrs, la Chine est en train de construire un complexe culturel classé déjà le plus grand et le plus moderne d’Afrique Centrale. Le projet, faut-il le souligner, avait été initié sous Joseph Kabila. En provinces et dans la capitale, c’est l’entreprise chinoise CREC-7 qui pré-finance les travaux du Programme Tshilejelu initié par Félix Tshisekedi.
D’ailleurs, les sauts-de-mouton livrés à temps sont ceux aménagés par les entreprises chinoises. Pendant que certains proches du chef de l’Etat le poussent à la faute, il y a lieu de réaliser que depuis 2008 – année de signature du contrat sino-congolais – toute l’Union européenne et toute l’Amérique du Nord (moins le Mexique) réunies n’ont pas construit autant d’infrastructures que les Chinois au cours de ces 15 dernières années : voirie urbaine, routes inter-provinciales, installations aéroportuaires, centrales hydroélectriques, usines de traitement d’eau etc.
PREMIERS INVESTISSEMENTS CHINOIS
Petit mais important plongeon dans l’histoire : à l’accession du Congo belge à l’indépendance, l’Occident ne voulait pas de la présence chinoise ni soviétique (russe) sur le territoire qu’il considérait comme sa chasse gardée. D’où l’assassinat, en 1961, du Premier ministre Patrice-Emery Lumumba soupçonné à tort d’être communiste alors qu’il ne l’était pas. Assassinat perpétré avec le concours d’un certain Joseph Mobutu.
Ironie du sort, c’est le même Mobutu, devenu président de la République en 1965, qui tendra la main à la Chine communiste de Mao Tsé Toung.
Reçu à l’Elysée par Giscard d’Estaing le 10 juin 1977, rapporte le quotidien français Le Monde trois jours après, le maréchal avait réservé aux médias une réponse audacieuse à la question « Que pensez-vous de l’attitude de la Chine à l’égard de votre pays? ». Il avait ainsi réagi: « Depuis janvier 1973, c’est-à-dire depuis le début des relations sino-zaïroises, jamais le gouvernement de Pékin ne s’est ingéré en aucune façon dans nos affaires internes. L’aide de la Chine est non seulement la plus directe et la plus efficace, mais c’est aussi celle que je crois la plus totalement dénuée de calcul. Dès le début de la crise du Shaba, un avion spécial nous a amené 40 tonnes de matériel divers… Actuellement, deux navires chinois sont attendus dans le port zaïrois de Matadi… En moins de quatre ans, les résultats de la coopération avec la Chine sont spectaculaires, et, au seul titre du développement agricole, plus de sept cents experts chinois travaillent au Zaïre… ».
Évidemment, les premiers investissements chinois vont se faire dans la construction des édifices comme le Palais du Peuple entre 1975 et 1979 (pour un coût de USD 42.300.000 transformé d’ailleurs en don en 1983) et le stade des Martyrs entre 1988 et octobre 1993, tout comme dans l’agriculture (riz et légumes) ainsi que dans la santé (acupuncture).
CENT ANS DEJA !
Il a fallu attendre 35 ans (1973-2008) pour voir la Chine opérer pour la première fois dans l’exploitation minière en contrepartie des infrastructures de base : voies de communication routières et aériennes, usines de production d’eau, centrales hydroélectriques, complexes hospitaliers, établissements d’enseignement, cités résidentielles.
L’opinion doit retenir que depuis les années 1990, l’Occident n’a plus investi véritablement et totalement dans ces infrastructures. Ses interventions relèvent plus de l’aide humanitaire que de l’aide au développement pendant qu’il est établi que l’humanitaire ne favorise pas la construction ni la reconstruction du pays. Même quand cela arrive, l’aménagement des voies de communication en RDC est assurée par des entreprises chinoises au nombre desquelles, du reste, celles identifiées dans le contrat sino-congolais.
Les 35 ans d’attente de la Chine avant l’exploitation minière ne sont déjà rien par rapport aux 100 ans (1908-2008) au cours desquels les puissances occidentales ont exploité seules les minerais du Congo.
Si elles avaient quelque considération pour les Congolais, ces puissances auraient dû publier les statistiques des produits miniers exploités un siècle durant et déclarer à l’ITIE, juste pour sa documentation, les versements effectués aux différents régimes qui se sont succédé au pays.
LA RDC GAGNERAIT EN CRÉDIBILITÉ
La fixation faite aujourd’hui sur le contrat sino-congolais a quelque chose de discriminatoire : établir l’incompétence des Congolais à négocier des engagements financiers pour le développement de leur pays en termes d’infrastructures de base, cela en contrepartie des ressources naturelles congolaises.
Pourtant, et sauf avis contraire, l’or du Congo est pour le Congo, la chikwangue du Congo est pour le Congo, les eaux du Congo sont pour le Congo, le café du Congo est pour le Congo, le coltan du Congo est pour le Congo, le cobalt du Congo est pour le Congo, le bois du Congo est pour le Congo, le diamant du Congo est pour le Congo, la rumba du Congo est pour le Congo, l’uranium du Congo est pour le Congo. C’est au Congo d’en faire ce qu’il veut : les vendre à son prix, les « cadeauner » comme disent les Ouestafs.
Aujourd’hui, on peut faire des reproches qu’on veut aux négociateurs congolais du contrat sino-congolais, voire les soupçonner de forfaire et exiger pour eux la potence au motif de n’avoir pas défendu les intérêts du pays. On peut coller aux négociateurs chinois toutes les épithètes possibles.
Mais est-ce une raison pour développer la « chinophobie » en cours au motif simpliste de cultiver l’ « occidentophilie » alors qu’en Occident, la Chine passe pour un partenaire crédible, sérieux?
A ce sujet précisément, on ne doit pas perdre de vue le fait que la Chine est devenue le plus grand investisseur au monde dans bon nombre d’Etats d’Europe et d’Amérique. Même en Afrique, des pays réputés francophones (cas du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Congo-Brazzaville), de même que des pays réputés anglophones (cas du Nigéria, du Ghana, du Kenya), entretiennent de bonnes relations avec l’Occident sans pour autant verser dans la chinophobie !
C’est seulement au Congo ex-belge qu’on se singularise par la politique de balançoire.
Et là, l’histoire rappelle que Mobutu, qui jouait ce jeu tantôt avec les Français contre les Américains, tantôt avec les Belges contre les Français, n’obtint le soutien ni de Washington, ni de Bruxelles, ni de Paris au moment crucial de sa vie, à savoir l’apparition de l’Afdl.
Encore pour l’histoire, autour de la RDC, il y a eu des pays qui sont demeurés fermes dans leurs relations avec les premières puissances du Pacte de Varsovie qui les avaient soutenus pour leurs indépendances. Ils n’ont cependant pas rompu avec les puissances coloniales : Congo-Brazzaville, Angola, Zambie et Tanzanie. Et ils se font respecter dans toutes les arènes du monde.
La RDC gagnerait en crédibilité en sachant consolider tous les engagements pris avec les partenaires, cela au nom du principe sacré de la nation de continuité de l’Etat ! Club Congo Vigilance