Paris- La mission de l’envoyé spécial des Nations unies au Sahara, Staffan de Mistura, ne doit plus consister à chercher de solution mais à mettre en œuvre celle de l’autonomie, en rapprochant les points de vue des parties, souligne le professeur de droit international, Rachid Lazrak, dans une analyse publiée samedi par «Jeune Afrique».
Sous le titre «l’autonomie du Sahara, seule issue pour Staffan de Mistura», l’universitaire estime que ce dernier, officiellement nommé le 6 octobre comme nouvel envoyé spécial des Nations unies au Sahara «ne réussira dans sa mission que si le Conseil de sécurité se prononce en faveur de la solution proposée par le Maroc».
Si les missions du nouvel envoyé spécial ne devaient pas évoluer, l’ONU enverrait au monde un bien mauvais message, en donnant l’impression de vouloir laisser perdurer un conflit qui date de 1974, et, surtout, de ne pas tenir compte des derniers développements autour de cette épineuse question, relève-t-il.
Parmi ces derniers développements figurent notamment la reconnaissance par les États Unis de la marocanité du Sahara dans le cadre d’un statut d’autonomie, la dénonciation par le Polisario de l’accord de cessez-le-feu de 1991, la rupture par l’Algérie des relations diplomatiques avec le Maroc et les graves événements qui ébranlent la région du Sahel, avec la multiplication des coups d’États militaires et des actions de groupes terroristes, énumère l’universitaire.
A ses yeux, «il est temps que le Conseil de sécurité prenne ses responsabilités et cesse d’être le complice de la prise en otage de milliers de Sahraouis dans un conflit où ils sont instrumentalisés pour des raisons qui les dépassent», ajoutant que le Conseil de sécurité doit préciser ce qu’il entend par «/ solution politique/ », sachant que, depuis quatorze ans, aucune résolution n’évoque de référendum d’autodétermination, son organisation ayant échoué faute de pouvoir identifier les personnes susceptibles de voter.
La seule solution politique réaliste et pragmatique ne peut être que l’autonomie, alors que deux membres permanents – les États-Unis et la France – y sont favorables et que 42 États y ont exprimé publiquement leur adhésion, insiste le professeur Lazrak.
«Dès lors, la mission de l’envoyé spécial ne doit plus consister à trouver une solution mais à mettre en œuvre celle de l’autonomie, en rapprochant les points de vue des parties», relève-t-il.
Reste que cette mission peut prendre des mois et peut-être des années. C’est la raison pour laquelle il est primordial de se préoccuper réellement du sort des Sahraouis qui vivent dans les camps de Tindouf, en Algérie, dans des conditions inhumaines, fait observer l’auteur de l’article.
«Il est temps que le Conseil de sécurité ordonne le recensement de ces populations et permette à celles qui le veulent de regagner le Maroc lors d’une opération menée par l’envoyé spécial du secrétaire général et le chef de la Minurso – dont l’appellation doit d’ailleurs changer puisque l’organisation du référendum n’est plus à l’ordre du jour», souligne l’universitaire.
Pour lui, «le Conseil de sécurité pourrait ainsi sortir l’affaire du Sahara de l’impasse, coupant l’herbe sous le pied de certains États qui cherchent, pour des raisons qui leur sont propres, à maintenir le statu quo». MAP