Présents à l’école, des enseignants ne touchent pas à la craie

Mardi 12 octobre 2021. Il est environ 12h00. C’est la fin de la journée pour les élèves qui fréquentent l’EP7/Ngaba (Ecole conventionnée catholique), située sur l’avenue Kianza. Ces bleus et blancs se bousculent devant de petits étalages placés le long du mur de l’école Saint Adrien. Ils achètent, qui des bonbons, des biscuits et autres articles. 

Dans la cour de l’école,  des enseignants, assis devant les salles de classes taillent bavette! Le Directeur chef d’Etablissement nous reçoit dans son bureau. Dans un bâtiment à côté des instituteurs de cette école conversent. Malgré leur présence remarquable sur le lieu de travail, ils ne touchent pas à la craie.

La grève est, certes, sèche. La reprise des cours est conditionnée par la réalisation des promesses du gouvernement. Une semaine après la rentrée officielle, les élèves ont effectivement repris le chemin de l’école. Même si les cours ne sont pas dispensés, ils ont fait leur part. 

Le Directeur Chef d’Etablissement de l’EP7 Ngaba, école conventionnée catholique, située sur Kianza (Vacation des garçons), Jean Claude Kalemba Muadija,  atteste l’effectivité de la rentrée scolaire par la présence des élèves une semaine après le go officiel. « Depuis le lundi11 octobre dernier, les parents ont envoyé leurs enfants à l’école. 360 élèves sur 800 attendus se sont présentés. Je crois que d’ici la fin de la semaine, les autres vont retrouver le chemin de l’école« , souligne-t-il. 

Ne pas suivre à l’aveuglette

« Je fais ce que je dois faire. Pour preuve, le lundi dernier, j’ai fait l’animation de catéchisme en présence des parents. Aujourd’hui mardi, j’ai organisé une réunion avec les enseignants. Je les ai fais comprendre que la grève doit suivre la procédure en la matière et qu’ils ne doivent pas suivre le mouvement des autres à l’aveuglette.  

« J’ai reçu un président d’un syndicat qui n’est pas un enseignant catholique. Comment quelqu’un qui n’est pas catholique peut créer un syndicat pour défendre les catholiques? », s’interroge. cet ancien syndicaliste formé par les Allemands.

Comme beaucoup d’autres enseignants des certaines écoles  primaires catholiques, ceux de l’EP7/Ngaba observent aussi un mouvement de grève suite au non-respect du cahier de charges, présenté par des syndicalistes au gouvernement.

« Nous recevons les enfants. Nous les encadrons, parce que l’école, c’est la famille. Les cours ne se donnent pas. Nous observons une grève sèche. Les enseignants sont à leur lieu de service. Ils exigent l’amélioration de leurs conditions de vie par le gouvernement central« , affirment sans ambages Mbuyi Banza Josué, enseignant à l’EP7/Ngaba.

la grève est constitutionnelle

Cet enseignant reconnait que « la grève est constitutionnel. Elle est garantie par la Constitution qui est la loi mère de notre pays. C’est tout à fait normal que cette grève suive la procédure. La preuve en est que, nous enseignants,  nous sommes présents au lieu de service« .

Mbuyi Banza invite le gouvernement au dialogue: « Ce que nous  demandons au gouvernement, ce n’est pas d’appliquer la mesure forte sur les faibles, parce que ce sont les enfants qui vont en pâtir. Le gouvernement peut exiger le contrôle physique. Par contrainte, les enseignants vont se présenter, mais les enfants seront abandonnés à leur triste sort. Le mieux serait de trouver un consensus. Que le gouvernement prenne ses responsabilités vis-à-vis des enseignants. C’est le ministre qui avait promis. Donc, le gouvernement doit réaliser. Il vaut mieux réaliser que d’utiliser une dictature qui n’a pas sa place. Nous demandons à ce sujet que les parties prenantes se réunissent afin de dégager un consensus« .

Pour cet enseignant, le champ est vaste. Les enseignants ne demandent pas au gouvernement de résoudre  tous les problèmes dans l’immédiat: « Il peut aller petit à petit mais en tenant compte de ce qui est prioritaire. Tout est utile, mais tout n’est pas prioritaire. Au stade actuel, la priorité pour nous, c’est l’avenir des enfants que nous formons et qui, demain, seront des présidents de la république, de futurs premiers ministres, donc de futurs cadres de ce pays« .

la greve relance le debat sur la gratuite

 Soucieux de la qualité de l’enseignement, Mbuyi Banza Josué  ne veut pas «  que la gratuité de l’enseignement primaire soit comme un élément de baisse dans l’éducation dans notre pays. C’est un geste louable qui fait qu’aujourd’hui même, les enfants les plus démunis se retrouvent dans des milieux scolaires. Mais que cette gratuité soit appliquée en bonne et due forme « , conclut-t-il. 

Au nombre des problèmes, un autre enseignant de l’EP7/ de Ngaba a soulevé la question des retraités de cette école qui, selon lui, se sentent abandonnés. Il demande aux autorités de tenir compte de cet aspect pour mécaniser les nouvelles unités afin qu’ils prennent la relève.

Des parents, dont les enfants fréquentent des écoles où la gratuité est effective, se plaignent du fait que la rentrée n’ait pas encore eu lieu jusqu’à ce jour.

C’est le cas notamment à Saint Mathias, à Makala, et Sainte Christine au Rond-Point Ngaba. « J’ai deux enfants inscrits à Saint Mathias à Makala, respectivement en 3ème et 6ème primaire. Depuis la rentrée scolaire, ils vont à l’école, mais n’étudient pas. Ils arrivent le matin. Ils se mettent à jouer et à 12h00, ils retournent à la maison, tout sales parce qu’ils restent à jouer pendant tout ce temps« , déclare Charlotte Kiangu.

Sous le coup de la colère et la crainte de voir ses enfants connaître un retard par rapport aux autres qui fréquentent des établissements privés, elle s’enchaîne : « On ne veut plus d’écoles gratuites. Dans ces écoles, une classe reçoit entre 60 à 70 élèves. Quatre ou cinq enfants se mettent sur un même banc. Si un enfant arrive en retard, il s’assoit à même le sol « .

Pour ce parent, il faut revenir au système payant. « nous allons nous débrouiller comme par le temps, petit à petit, pour le paiement de minerval pourvue que nos enfants étudient dans de bonnes conditions « . Dina BUHAKE 

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