Mukoko Samba publie  » Guérir le Congo du mal zaïrois »

* Ce livre de plus de 300 pages retrace le parcours économique de la RDC de 1885 à 2016.

Pourquoi la RDC tarde-t-elle à se développer ? On entend souvent dire qu’il manque la volonté politique, mais pourquoi manque-t-elle? Pourquoi le Botswana, l’île Maurice et les Seychelles se sont-ils écartés du lot d’autres pays d’Afrique subsaharienne qui restent, eux, enfermés dans le piège de la stagnation économique?  Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles le professeur Daniel Mukoko Samba a tenté de répondre dans son livre intitulé « Guérir le Congo du mal zaïrois ». La cérémonie de baptême de cet ouvrage qui retrace le parcours économique de la RDC de 1885 à 2016 a eu lieu le samedi 9 octobre courant à Kinshasa.

Après 3 ans de réflexion et de réclusion volontaire dans sa ferme de Mbanza-Ngungu, dans le Kongo central, l’auteur a apporté sa thérapie à ce malade qu’est l’Etat congolais. Il insiste sur la nécessité de réajuster la gouvernance de la RDC afin de mettre fin au sous-développement dans lequel elle patauge malgré ses atouts qui la prédestinent à être une économie forte au cœur du continent africain.

Le livre a été baptisé par le professeur Mokonda Bonza Florentin, en présence de plusieurs personnalités tant du monde politique que scientifique. On a retrouvé aussi dans la salle  des diplomates accrédités en RDC.

Parcours économique de 1885 à 2016

« Plein succès à cet ouvrage qui retrace le parcours économique de notre pays, de nos échecs et nos réussites, histoire de la prédation.

Mon souhait est que nous puissions lire cet ouvrage et en parler aux autres dans les milieux universitaires, politiques et dans la société civile pour que tous voyions quelle a été l’histoire économique de notre pays de 1885 à 2016 et que nous puissions tirer des leçons pour que ça aille mieux« , a déclaré le professeur Mokonda Bonza.

L’acte de baptême est intervenu après les communications du professeur Kabeya Tshikuku Léonard et du professeur Kahumba Lufunda Samajiku qui ont commenté l’ouvrage. Dans sa recension,  le professeur Kabeya Tshikuku affirmé que ce livre est un appel à  l’engagement patriotique en vue de redresser de manière pérenne l’économie congolaise.

Pour avoir beaucoup donné dans la rédaction de ce livre, l’auteur a été moins parlant dans la salle. Il a remercié tous ceux qui l’ont aidé et  émis le vœu de voir ce livre contribuer à la restructuration de l’Etat congolais.

Restructuration de l’Etat congolais

« Cet ouvrage, je le dédie à l’historien congolais Jacob Sabakinu qui nous a brutalement quitté en janvier dernier. Je ne suis pas le premier à écrire sur la question du mal zaïrois. Dans cet ouvrage, j’ai donc voulu dépasser le pessimisme et bâtir sur l’optimisme. Mon vœu le plus cher est qu’il initie un vrai questionnement sur la structuration de l’Etat congolais et sur ses capacités. Je formule donc le vœu que cet ouvrage ne soit pas seulement un discours.  Qu’il nous permette de discuter des chances nouvelles pour transformer l’État congolais« , a-t-il déclaré.

Pour le professeur Mukoko, dans cet ouvrage, l’expression « mal zaïrois » symbolise l’impuissance de l’action publique, l’incapacité de l’État congolais à concevoir des politiques publiques efficaces, à les mettre en exécution et à les suivre jusqu’au bout.

« Depuis 1960, on n’a pas réussi à concevoir et à exécuter un plan de développement et aller jusqu’au bout. Donc, il faut extirper ce mal zaïrois en transformant l’Etat congolais, en faisant de lui un agent de développement capable et efficace« , a-t-il indiqué.

Faible capacité de l’État

Cet économiste formé au Japon impute le retard du développement économique du Congo aux faibles capacités de l’Etat. Pour lui, les trois principaux obstacles à la croissance économique de la RDC sont l’incapacité de l’Etat à mettre en œuvre de manière efficace les politiques publiques annoncées, le manque des infrastructures et la présence d’obstacles au développement du secteur privé.

Un autre frein identifié par le scientifique dans cet ouvrage est ce qu’il a appelé  » le syndrome de la fragmentation des élites« . Il pense que l’efficacité de l’Etat nécessite une évolution vers des coalitions prêtes à respecter une approche plus technocratique dans l’élaboration des politiques publiques et dans leur mise en œuvre.

Ce livre replace au centre de discussions le paradoxe d’un pays doté de riches ressources naturelles, d’où l’appellation non sans raison de scandale géologique, mais qui dispose d’un peuple parmi les plus pauvres au monde.

Cohésion des élites

Il met en lumière les mécanismes qui alimentent le manque de cohésion des élites congolaises et l’instabilité des équilibres sociopolitiques à la base de l’inefficacité de l’action publique. Dans son dernier chapitre, l’auteur propose une esquisse d’un programme visant à créer un État aux relents développementalistes.

Mukoko Samba est docteur en Économie de l’université de Tsukuba au Japon. Professeur à l’Université de Kinshasa, il a été tour à tour économiste au PNUD, directeur de cabinet adjoint du premier ministre et Vice-premier ministre, ministre du Budget. Orly-Darel NGIAMBUKULU

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