Marche de Lamuka : un test pour le pouvoir et l’Opposition

Les violons se sont enfin accordés entre le Gouverneur de la ville de Kinshasa et les représentants de l’Ecidé et de Nouvel Elan à propos de la marche de Lamuka de ce samedi 16 octobre. A l’issue de la réunion de concertation de ce jeudi 14 octobre à l’Hôtel de ville, les deux parties ont harmonisé leurs vues sur l’itinéraire de la marche reportée et sur la garantie de sécurité de cette manifestation politique.

Le consensus s’est effectivement dégagé entre Gentiny Ngobila Mbaka et les deux Secrétaires généraux, représentant l’Ecidé de Martin Fayulu Madidi et Nouvel Elan d’Adolphe Muzito. D’après un communiqué de presse diffusé hier soir par la cellule de communication du Gouvernorat de Kinshasa, l’itinéraire initial a été modifié. Il ne sera plus question d’aller prendre d’assaut le rond-point Ngaba comme point de départ de la manif, encore moins Kingasani ya suka, tel que les leaders de Lamuka le souhaitaient auparavant.  

Selon ce qui a été convenu, la marche partira désormais du marché de Ngaba, sur l’avenue Kianza, retenu comme lieu de ralliement. Les manifestants vont longer l’artère jusqu’au rond-point Super Lemba, avant de bifurquer sur l’avenue Sefu qui mène vers la Fikin. Ils se dirigeront, dès lors, vers l’échangeur de Limete, avant d’emprunter le petit boulevard de Limete jusqu’au point de chute, à la 1ère Rue, en face de la paroisse Saint Raphaël, à proximité de l’avenue Sendwe.

Sécurisation de la marche

Ayant pris acte de la tenue de cette marche, initiée pour exiger la dépolitisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’autorité urbaine s’est engagée à veiller sur l’encadrement des manifestants, en mettant à leur disposition des éléments de la Police nationale congolaise (PNC), comme n’ont cessé de réclamer les ténors de Lamuka.

« La marche sera donc sécurisée par les services compétents« , a confirmé à cet effet l’un des représentants de Martin Fayulu et d’Adolphe Muzito, au sortir de la réunion de concertation. Il a, pour sa part, souligné que  »tout fauteur de troubles sera interpellé et conduit devant la justice ».

Un test pour le Pouvoir

Pour nombre d’observateurs, cette marche voulue pacifique s’avère un test. Et pour le Pouvoir, et pour l’Opposition. « Il appartiendra, en effet, au Gouverneur de la ville de Kinshasa, et à sa hiérarchie, de démontrer leur esprit démocratique. Leur culture de tolérance. Leur  volonté de garantir la liberté d’expression, la liberté de manifestation… comme le stipule la Constitution du 16 février 2006, en ses articles 23 et 26« , commente un analyste.

« C’est l’occasion propice, pour les autorités congolaises, de montrer à la face du monde qu’elles ne sont pas enclines aux principes de deux poids, deux mesures. En autorisant les réunions et les manifs des courants politiques qui leur sont proches, et en interdisant ou en réprimant celles des formations politiques qui les défient« , soutient un autre analyste. 

« Le test, c’est aussi comment la police va encadrer les manifestants. Comment elle va contrer tout dérapage, voire provocation qui pourrait subvenir entre des militants des formations politiques adverses, afin de faire régner la paix, tout en préservant les droits aux libertés individuelles« , fait remarquer un chroniqueur politique.

Les défis à relever

Coté opposition, le défi, pour les ténors de Lamuka, est de veiller sur les comportements des militants afin qu’ils ne cèdent à la dérive, à la violence, aux provocations…

Autre défi ? La mobilisation. Après le test réussi du meeting du samedi dernier, marqué par une marée humaine à la Place Sainte Thérèse de N’djili, les opposants au régime, brassés derrière Fayulu et Muzito, voudraient montrer à l’opinion qu’ils représentent une réelle force. Qu’ils sont légitimes. Qu’ils mobilisent des masses.

Bref, les porte-étendards de Lamuka veulent montrer à l’opinion  »qu’ils véhiculent les aspirations du peuple », d’autant qu’ils font désormais échos de problèmes qui taraudent l’esprit de nombre de Congolais : dépolitisation de la CENI, tenue des élections dans le délai, arrêt de l’Etat de siège et retour à l’administration civile… Et donc, qu’ils sont en mesure de constituer une alternative aux tenants du pouvoir. Yves KALIKAT

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