Le sélectionneur Cuper et le coach Macron

C’est archi-connu. On ne change pas une équipe qui gagne. Auréolé de son tout premier succès, l’Argentin Cuper devrait reconduire au match retour,  les fauves qui ont dévoré hier les Baleares. Personne – en commençant par l’ancien gardien de talent devenu PR05-  ne lui opposerait le « on prend les mêmes et on recommence « . Car, en sport comme en politique, c’est le résultat qui dicte le commentaire.

En ce vendredi 8 octobre, un autre coach entre en scène avec une composition   complètement renouvelée. Pour tout dire  iconoclaste.   Il s’agit d’Emmanuel Macron qui,  pour le traditionnel sommet France-Afrique, a carrément renvoyé toute l’équipe! Personne n’a eu grâce aux yeux du sélectionneur. Même pas pour s’asseoir sur le banc des remplaçants !

Pour le sommet de Montpellier-dans le sud de la France-, le coach Macron n’aligne que la société civile africaine. Rien que de  nouvelles figures. Aucun chef d’Etat africain ! Aucun ministre ! Bref, aucun plénipotentiaire !  

Devrions-nous en déduire que le sélectionneur Macron a congédié toute son équipe pour insuffisance de résultats ? Etant donné  qu’en sport comme en politique, on est jugé au résultat ?  Poser la question c’est  y répondre. 

Devrions-nous subodorer que le coach de la sélection africaine entend faire du neuf avec du neuf ? Ce qui constituerait,  au passage,  un pied de nez au proverbe à forte saveur africaine  selon lequel  » c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes « .

Devrions-nous conclure qu’à l’opposé du technicien argentin des Léopards, le sélectionneur Macron en a assez de  » on prend les mêmes et on recommence  » que ses prédécesseurs ont perpétué depuis la première grand-messe franco-africaine au seuil des années 70 ?

Plus sérieusement, l’Africain lambda serait le dernier à se formaliser de  la révolution copernicienne décrétée  par le Président français. Tant le sommet France-Afrique avait tout de ce rituel diplomatique coûteux,  artificiel et  désincarné sans incidence  réelle sur la vie de vraies gens. A l’instar de  ces sommets de l’OUA muée en UA qui ressemblent davantage à des assemblées générales des syndicats des chefs d’Etat qu’à des réunions où se prennent des décisions qui transforment la vie des Africains .  

Vu des dignitaires africains, la décision -souveraine -du chef de l’Etat français sonne comme un désaveu. Pire, une preuve par l’absurde que la relation entre l’Elysée et les dirigeants africains est semblable à celle du cavalier et de son cheval. Véritable illustration du principe  » qui paie commande « .

Last but not least, voilà que chassez la françafrique, il revient par un des avatars insoupçonnés ! Pauvre Afrique ! Thomas Sankara devrait se retourner mille fois dans sa tombe. Car, s’il voulait prendre le pouls de l’Afrique d’en bas, Emmanuel Macron avait le loisir d’organiser un autre cadre avec des représentants de la société civile africaine.

Retour à la métaphore footballistique. Ne comptant ni Messi ni Cristiano dans son effectif,  le coach Macron n’a pas eu le moindre remords en faisant de l’ancienne équipe tabula rasa. Rendez-vous ce soir au terme du match de Montpellier pour savoir si le coaching aura été payant.                                                José NAWEJ

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