*Par ailleurs, la plateforme d’opposition appelle au retour de l’administration civile au Nord-Kivu et en Ituri.
Les deux leaders de la plateforme d’opposition Lamuka, Martin Fayulu et Adolphe Muzito, étaient samedi 9 octobre devant une foule de militants, – des dizaines des milliers – massés à la place Sainte Thérèse, dans la commune de N’Djili. Ils ont demandé à ces derniers de refuser une CENI politisée en y barrant la doute à la désignation d’hommes politiques. Evaluant l’état de siège décrété depuis le 6 mai dernier dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, Lamuka conclut à l’échec et appelle au retour à l’administration civile, quitte à laisser l’armée accomplir la tâche qui est la sienne.
« En 2013, les FARDC ont chassé les M23. Mais pourquoi ne peuvent-ils pas mettre nos militaires dans de bonnes conditions pour aller au front ? Cet état de siège n’est pas vrai. En réalité, ils sont en train de chercher comment ils vont voler nos ressources naturelles. Et nous, nous n’allons pas l’accepter… Ils ont fabriqué des usines sur place pour travailler l’or et le coltan du Congo. Mais, ils n’ont pas fabriqué ces usines à Goma, à Bukavu, à Bunia afin de permettre aux citoyens de trouver de l’emploi. C’est comme ça que nous disons qu’ils doivent mettre fin à cet état de siège, nous voulons retourner à l’administration civile et que l’armée fasse son travail, celui de protéger le pays« , a déclaré Martin Fayulu devant des militants enflammés.
Le bilan de l’état de siège dans les deux provinces a été commenté quelques instants plus tôt avant Fayulu par le député Jean-Baptiste Kasekwa. « Depuis le 6 mai jusqu’au 9 octobre, l’état de siège a déjà fait 156 jours. Il y a eu, au total, 917 civils tués. Au premier mois de l’état de siège, au mois de mai 2021, il y a eu 210 civils tués. Ce qui veut dire qu’il y a au moins 7 personnes qui sont en train de mourir par jour« , a-t-il indiqué.
Le Président de la république n’entend pas les choses de cette oreille. Il a tranché la question dans son discours à la 76ème Assemblée générale de l’ONU à New-York (USA), le 21 septembre dernier. Félix Tshisekedi avait rappelé que la mesure exceptionnelle de l’état de siège en cours dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri a été prise pour mettre fin à l’insécurité due à l’activisme des groupes armés nationaux et internationaux dans la partie Est de la RDC.
Fatshi a, ensuite, déclaré que l’état de siège ne sera levé que « lorsque les circonstances qui l’ont motivé disparaîtront« , tout en dressant un bilan largement positif des activités militaires de l’armée congolaise. Il s’agit notamment, selon le Président de la République de plusieurs miliciens tués, des réseaux des trafics démantelés.
Non à la politisation de la CENI
Martin Fayulu et Muzito se sont également prononcer au cours de ce meeting sur l’impasse et la crise qui secouent la classe politique et les confessions religieuses autour de la désignation des animateurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), à deux ans de la fin du premier quinquennat de Fatshi.
« Il faut qu’on avance. Cette loi qui a été votée au Parlement pour la nouvelle commission électorale nationale indépendante est mauvaise. Nous n’allons pas accepter une Céni politisée. Mobilisez-vous pour qu’ils arrêtent de déléguer des hommes politiques pour des postes à la CENI. Nous prévenons aussi que nous n’allons accepter aucun report des élections de 2023, pas question de glissement. Enfin, nous disons non à la fraude. Il ne faudrait pas qu’on nous vole encore notre victoire. Pour réformer la loi sur la CENI, il faudrait juste trouver un consensus, il y a encore du temps « .
Ce n’est pourtant pas le cas pour les Eglises catholique et protestante qui estiment qu’il n’y a plus de temps. Pour éviter tout report des scrutins, elles souhaitent que l’administration sortante de la Centrale électorale s’occupe dès maintenant des préparatifs techniques, avant même la nomination d’une nouvelle équipe. Mais sur ce point précis, Lamuka se montre intraitable vis-à-vis de l’ancienne équipe de la CENI, nommée sous l’ère Joseph Kabila et encore en poste.
Pour faire passer ses idées, la plateforme d’opposition mise sur la pression de la rue avec notamment une marche prévue le 16 octobre courant.
Après six mois, Martin Fayulu a, lors de ce rassemblement, repris les commandes de la coalition Lamuka des mains de son alter ego, Adolphe Muzito. Didier KEBONGO