On se rapproche de plus en plus de la manifestation de la vérité dans le procès de l’activiste des droits de l’homme, tué en 2010, Floribert Chebeya. Au cours de l’audience d’hier mercredi 27 octobre, la Haute Cour militaire a autorisé la descente à la concession du général Zelwa Katanga dit « Djadjidja » où Fidèle Bazana, tué avec Chebeya, avait été inhumé. Il s’agit d’une concession située dans la commune de Mont-Ngafula.
La Haute Cour militaire siégeant en matière répressive en appel sur le double assassinat des défenseurs des droits humains Floribert Chebeya et Fidèle Bazana a auditionné, à l’audience d’hier mercredi 27 octobre, à la prison militaire de Ndolo, le commandant en chef de poste de Police de Mitendi, dans la commune de Mont Ngafula.
Il était question pour le renseignant de répondre avant tout au sujet de la surveillance des concessions du général Zelwa Katanga alias » Djadjidja » dont l’une a servi du lieu d’inhumation de la dépouille de Fidèle Bazana.
« Il est militaire, commis au bataillon PM. En juin 2010, c’est lui qui était attaché au poste de Mitendi. On lui a posé la question de savoir si des militaires étaient commis à la surveillance de deux concessions du général Djadjidja parce que ce dernier avait dit que ses parcelles étaient sous la surveillance des gardiens privés. Il l’a contredit. Il a dit qu’il était chargé par le général de surveiller ces deux concessions et donner l’argent aux gens qui y faisaient le travail de construction « , a rapporté Me Élie Mbikayi, membre du collectif des avocats de l’une des parties civiles.
Selon ce juriste interrogé à la fin de l’audience, le renseignant devrait aussi éclairer la religion de la Haute Cour sur sa présence ou non à son poste au moment de la commission des faits.
» Il a d’abord commencé par répondre à la question du ministère public de dire qui était au poste du 31 mai au 1er juin 2010. Il a dit qu’il n’était pas à son poste ce jour-là. Lorsqu’il est allé le 1er juin, on lui a raconté l’histoire du corps d’une personne qui était abandonné dans une voiture. Ce qui est faux. Nous lui avons posé la question de savoir quel a été son emploi du temps entre le 1er et 2 juin parce que c’est ce jour que Chebeya a été tué et qu’il nous dise aussi ce qui s’est passé exactement. Il n’a pas répondu à notre question. Il n’a pas dit mot. La Haute Cour a dit qu’il faut en tirer les conséquences de droit « , a fait savoir Me Mbikayi.
Réconfortés dans leurs prétentions, les avocats des parties civiles estiment que tout est clair sur le rôle joué par le général « Djadjidja ». Ils affirment que la comparution du renseignant a apporté des éléments nouveaux qui s’opposent aux allégations du général » Djadjidja « .
» Katebere est un renseignant très bien mal préparé. Il est venu avec une récitation déjà préparée, mais dans laquelle il y a de choses qui nous ont intéressées. Il a affirmé que dans le bataillon PM, il a existé un certain Banza Kilolo dont Djadjidja avait nié l’existence lorsqu’il a comparu. Il a confirmé que Banza Kilolo était dans son équipe de 6 personnes qui étaient attachées au poste de Mitendi et qu’il a travaillé à ce poste-là pendant cette période. Il a même confirmé aussi que Banza Kilolo est décédé, il y a à peu près 6 à 7 mois comme nous l’avions affirmé à l’audience passée. Le même jour, nous avons dit que le corps de Banza Kilolo se trouverait à la morgue du Camp Kololo. Banza Kilolo était l’homme qui creusait des trous pour enterrer des personnes dans la concession du général Djadjidja. Mugabo a confirmé même que lorsqu’ils sont arrivés dans cette concession, Christian Kenga Kenga avait appelé un certain Banza et ce dernier les a conduits vers le trou où Bazana fut enterré. C’est pour dire que cette concession était gardée par les militaires du bataillon PM et Banza Kilolo y était chargé de creuser des trous parce que Mugabo l’a confirmé en disant que lorsqu’ils ont enterré le corps de Fidèle Bazana, ils sont ensuite partis avec le même Banza Kilolo vers le lieu où ils avaient abandonné le corps de Chebeya « , a affirmé Me Mbikayi.
Après débat entre les parties, la Haute Cour a autorisé la demande selon laquelle que le général « Djadjidja » être de nouveau devant les juges pour confronter ses allégations à celles du chef de poste de Police de Mitendi Katebere.
A la demande des parties civiles, appuyées par le ministère public, la comparution pour la deuxième fois du général » Djadjidja » va intervenir à l’audience prochaine, avant la descente sur terrain dans sa concession.
» Les parties civiles ont demandé à ce que lors cette descente que le général Djadjidja soit là pour opposer ses allégations à celles du renseignant qui a comparu aujourd’hui et du prévenu Jacques Mugabo. La Haute Cour a accédé à cette demande. Elle a demandé que le général Djadjidja revienne pour l’opposer principalement à Katebere à la prochaine audience. La descente sur terrain aura lieu après la comparution du général Djadjidja et sa confrontation avec Katebere pour apprécier leurs allégations « , a indiqué Me Mbikayi.
Donnant sa version de faits dans sa comparution au cours de l’audience du 20 octobre dernier, le général Zelwa Katanga alias « Djadjidja » a affirmé avoir appris par la voix des médias la découverte d’un corps sans vie dans sa concession à Mitendi.
» À l’époque, j’étais le commandant de la police militaire de Kinshasa. C’est par la voie des ondes que j’ai appris au début du mois de février de cette année que Bazana serait enterré dans l’une de mes parcelles. J’ai directement porté plainte à l’auditorat militaire contre le policier qui a témoigné à la RFI. Moi, j’étais à Maluku pour les préparatifs de la fête du 30 juin 2010… « , a-t-il fait savoir. Orly-Darel NGIAMBUKULU