D’opération en opération

Combien de fois doit-on « opérer » Kinshasa ? De quoi souffre finalement cette mégapole tentaculaire  pour que  chaque toubib y aille de son opération ? A l’allure où se succèdent les opérations, tout le corps de la mastodonte grabataire ne sera, au finish,  que cicatrice. Et à force d’opérations répétitives, l’anesthésie risque de ne plus s’avérer efficace.  Il y a même lieu de craindre  que   trop d’opérations tuent  l’opération …par overdose.

Cette virée approximative -de la part d’un modeste littéraire- dans l’univers de la chirurgie sert juste d’entrée en matière dans les dédales des « opérations » décrétées matin, midi et soir par les gouvernants zaïro-congolais. Avec en particulier Kinshasa comme « théâtre » de ces « opérations » qui n’en finissent pas d’être annoncées. Opérations « Coup de poing », « Kanga vagabond », « Kin bopeto », tutti quanti.

 La dernière en date est sortie du chapeau hier. « Opération zéro trou » sur les routes de la capitale. Elle est signée par le premier des warriors  en personne. Objectif proclamé : boucher tous les nids de poule  à la base des embouteillages à Kinshasa.

Au regard de la justesse de la cause, qui trouverait à y redire ? En tout cas pas ce Kinois qui, pour sa pitance  journalière, est obligée de faire…l’opération « descente au centre- ville« .

Le hic, c’est que sous les tropiques congolaises,  les « opérations » sonnent  davantage comme des effets d’annonce que comme des instants d’exécution d’une tâche d’utilité publique. Une fois les objectifs de communication atteints avec force caméras, l’opération fait pschitt. On en imagine une autre.  Résultat, Kinshasa vit depuis des lustres  au rythme d’opérations  sur le front de sa voirie.

 En fait d’opérations (y compris la dernière- née) , il s’agit des tâches basiques qu’un gouvernement central ou provincial est censé exécuter pour le bien-être de ses administrés .  Pas besoin de décréter une opération spéciale pour entretenir les routes, assurer la sécurité des personnes et de leurs biens …

Vivre en permanence dans un régime « d’opérations » pourrait même passer pour une preuve par l’absurde que les pouvoirs publics ne font rien ou pas grand-chose d’ordinaire.

Puisqu’on y est, pourquoi ne pas décréter l’opération « suppression du RAM » ? Ou encore l’opération « satisfaction des revendications  des enseignants » ?   José NAWEJ

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