* »Nous avons perdu les 2/3 de nos ressources depuis l’instauration de la gratuité », regrettent les enseignants du GS du Mont Amba.
Le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), Tony Mwaba, a officiellement lancé l’année scolaire 2021-2022 sur toute l’étendue de la RDC hier lundi 4 octobre. Constat fait, cette rentrée a été timide dans beaucoup d’écoles de la capitale congolaise. A l’école primaire du Groupe scolaire du Mont Amba, les enseignants, rassemblés sous les arbres dans la cour, ont refusé d’enseigner.
Renseignement pris, ils font savoir que l’école primaire du Groupe scolaire du Mont Amba ne bénéficie pas de mesures d’accompagnement depuis le début de la gratuité de l’enseignement de base, alors qu’elle est une école d’application relevant du ministère de l’ESU.
« Depuis que la gratuité a commencé, notre école, le Mont Amba, n’a jamais bénéficié des mesures d’accompagnement. Nous sommes une école de l’Enseignement supérieur et universitaire. Cette histoire de gratuité ne devrait pas, en principe, nous concerner. Mais bientôt deux ans depuis que le Gouvernement nous a privé des frais des parents, nous avons perdu deux tiers de nos salaires« , a dénoncé un des enseignants.
Des promesses non tenues
Par mesures d’accompagnement, les enseignants entendent principalement les frais de fonctionnement devant couvrir le déficit créé par les frais de motivation des parents. Ils déplorent le fait que toutes les promesses faites par les autorités sont restées lettres mortes.
« Nous avons trois catégories d’enseignants ici. La première est constituée de ceux qui touchent la prime institutionnelle et la base, la deuxième la prime institutionnelle, la troisième est celle de ceux qui n’ont rien. Ces enseignants ne vivaient que de la prime de motivation payée par les parents. Depuis qu’on a décrété la gratuité de l’enseignement, nous travaillons dans les conditions très difficile« , déplore un enseignant de la 7ème année.
A en croire ce dernier, avec la gratuité de l’enseignement, les professionnels de la craie de l’école primaire du groupe scolaire du Mont Amba ont au moins perdu deux tiers de leurs salaires ou de leurs primes. Malgré des correspondances adressées aux autorités, rien n’est fait jusque-là.
« La vie devient intenable. Nous avons écrit, sans succès. L’école est actuellement dans un état de délabrement très avancé. Quand les parents payaient, on essayait de s’organiser. Aujourd’hui, nous manquons même des bancs pour les élèves. C’est la rentrée des classes, et on nous demande d’enseigner alors que nos propres enfants sont à la maison. Nous n’avons pas été en mesure de leur acheter même un crayon. C’est pourquoi nous lançons un cri d’alarme aux autorités pour qu’une solution soit vite trouvée« , plaide une enseignante de 6ème année primaire.
1/3 d’élèves présents
Malgré ce boycott des enseignants, quelques élèves, à compter sur le bout des doigts, ont été aperçus dans les salles de classes. Selon le directeur de l’EP Mont Amba II, Désiré Ifulu, cette première journée de rentrée scolaire a surtout été consacrée à la confirmation des élèves nouvellement inscrits. Il se dit confiant qu’un compromis sera vite trouvé entre les enseignants et les autorités du pays.
Désiré Ifulu affirme qu’un tiers d’élèves seulement se sont présentés. Il a encouragé les parents à envoyer leurs enfants dès ce mardi 5 octobre. Il a lancé un appel aux autorités afin de doter son établissement de bancs et de dispositifs pour faire respecter les gestes barrières.
« Nous espérons que l’on puisse démarrer à temps pour terminer l’année au mois de juillet 2022. Nous avons un sérieux problème de bancs. Nous sommes obligés de mettre les élèves à trois, voire à quatre sur un même banc. Nous sollicitons aussi l’appui du gouvernement pour faire respecter les gestes barrières« , a-t-il plaidé.
Ce problème de carence des mesures d’accompagnement que connait actuellement l’école primaire du groupe scolaire du Mont Amba est loin d’être un cas isolé. La plupart des écoles d’application de l’ESU sont butées à cette difficulté depuis l’effectivité de la gratuité de l’enseignement de base. Orly-Darel Ngiambukulu