Dans ce pays où l’histoire fait invariablement des va-et-vient sur les mêmes chemins sinueux et escarpés, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ainsi, l’annonce des » grandes actions » par la nouvelle constellation des forces politiques et sociales anti-Fatshi est synonyme de l’imminence d’affrontements entre le pouvoir et l’opposition cartellisée.
Combien de temps durera ce bras de fer ? Qui l’emportera sur l’autre ? Mystère. Même en multipliant les combinaisons à la manière des parieurs invétérés de la place de Kinshasa, aucun bookmaker ne saurait parier un franc congolais sur l’issue des hostilités qui se dessinent. Même en lisant dans une boule de cristal, aucun prestidigitateur ne saurait prédire le vainqueur de la » guerre » dont les prémices s’amoncellent.
Un coup d’œil dans le rétroviseur renseigne, cependant, que le pays paie cash et au prix fort toute épreuve de force entre protagonistes politiques. Une fois dans le cycle infernal de manifestations et contre-manifestations, la RDC se fera enfermée une fois de plus -de trop ?- dans la case » pays à risque « .
Avec cette étiquette collée au label RDC, impossible de rêver d’attirer les investisseurs. Ces derniers ne se hasardent pas à investir dans un pays en proie aux tensions politiques. L’investisseur est comme du gibier peureux, il n’aime pas le bruit ; dixit Léon Kengo.
Vu sous l’angle calendaire, les deux ans qui restent du quinquennat Fatshi risquent de voir le Pouvoir investir davantage dans la gestion des crises politiques que dans la lutte contre la pauvreté. Laquelle passe par la création d’un environnement propice à l’investissement.
En plus, une fois la crise éclatée dans le contexte actuel, la RDC qui assure la présidence tournante de l’Union africaine serait en peine d’arbitrer d’autres conflits en Afrique. Sur le Continent, il s’en trouverait qui conseillerait à Kinshasa de retirer la poutre de son œil avant de prétendre enlever la paille se trouvant dans l’œil du voisin. Même si on peut se consoler avec la citation ressassée par mille et un écrivains dont le fabuliste Jean de la Fontaine, à savoir » nul n’est prophète chez soi « .
Retour au triste remake pour observer que la jurisprudence de la dernière décennie Mobutu et des années Kabila montre bien que le pays dépensait l’essentiel de ses ressources dans la gestion d’interminables querelles politiques et politiciennes résumées par le fameux » Öte-toi de là que je m’y mette » versus » J’y suis , j’y reste « …quoi qu’il en coûte.
Face à ses opposants d’alors menés par un certain Etienne Tshisekedi dont le fils est présentement au pouvoir, le Maréchal-Président avait même multiplié des phrases chocs, des » punchline » pour emprunter au franglais. » Je vendrai ma tête très cher « , » je dirige par défi » …
Sans succomber à la tentation du jeu de mots, le pays a, effectivement, payé un lourd tribut du long bras de fer Mobutu -oppositions non armée et armée jusqu’à la chute du premier. De même au nom de la répétition de l’histoire, l’addition des affrontements politiques durant les années Kabila a été particulièrement salé.
Voilà que faute d’avoir pu tirer les leçons de l’histoire – y compris le passé tout récent -, celle-ci semble bégayer et emprunter derechef les mêmes voies dans le même circuit fermé. Avec potentiellement les mêmes conséquences. Fatalité ? Loi de séries ? Poisse ? » Esprit ya ko rond-point » ? A la réflexion, nenni. Avant-hier, hier comme aujourd’hui, le pays souffre du déficit d’hommes d’Etat. José NAWEJ