Le Fonds monétaire international (FMI) est une institution regroupant 190 pays, dont le but est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, garantir la stabilité financière, faciliter les échanges internationaux, contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et faire reculer la pauvreté ». Il encourage la stabilité financière et prête des fonds en contrepartie des réformes aux pays en crise.
Là où il intervient, le FMI, avec l’aide d’autres organisations internationales octroyant des prêts (comme la Banque mondiale), négocie, depuis les années 80, des plans dits d’ajustement structurel. Ces plans consistent généralement à améliorer les conditions de production et d’offre via la promotion des mécanismes du marché. Parmi les mesures concrètes souvent exigées, on trouve l’ouverture du pays aux capitaux étrangers et au commerce international, la libération du marché du travail et la réduction du poids de l’Etat, c’est-à-dire la privatisation de nombreuses entreprises, ainsi que l’austérité budgétaire.
Malgré l’existence de ces plans, aucun pays africain qui en a bénéficié, n’a résolu effectivement ses problèmes. Au contraire, ces mesures ont provoqué des critiques qui fusent de partout pour démontrer leur inefficacité.
Les critiques adressées au FMI proviennent de plusieurs sources, notamment, des organisations altermondialistes et des économistes réputés libéraux (tel que Milton Friedman). Elles considèrent que les interventions du FMI, même si elles permettent un dépannage momentané des pays du tiers-monde qui les acceptent, aggravent la pauvreté et les dettes en supprimant ou en diminuant la capacité d’intervention de ces Etats, ce qui les empêcherait de mieux régler leurs problèmes. L’argument principal se base sur le fait que le FMI préconise les mêmes recommandations économiques et globalement les mêmes plans d’ajustement structurel (essentiellement des privatisations et des ouvertures du marché intérieur) à tout pays demandeur d’aide, sans analyser en profondeur la structure de chacun.
Face à cette réalité sur l’inefficacité des programmes du FMI en Afrique, au lieu de continuer à critiquer cette institution, le plus important est de situer la cause de cet échec et donner une piste de solution.
a) Cause de l’échec
D’éminents auteurs citent les causes suivantes comme étant à la base de l’échec des programmes d’ajustement structurel du FMI, notamment : le poids de la dette, la pénurie des devises ou la spectaculaire chute des prix des matières premières.
En ce qui nous concerne, nous soutenons que la cause de l’échec des programmes du FMI est à situer dans l’absence ou l’insuffisance de l’approche risques dans la réflexion.
En effet, comment peut-on prévoir la même recette pour tous les pays en programme avec le FMI ?
Les réflexions du FMI étaient plus focalisées sur les paramètres « macro » (ex : inflation, croissance, chômage…) en laissant les paramètres « micro » aux Etats eux-mêmes ; alors que ces derniers paramètres recèlent beaucoup d’événements qui empêchent l’atteinte des objectifs. Cette vision a eu comme conséquence le maintien de la pauvreté.
La persistance de la pauvreté en Afrique confirme qu’avant de proposer lesdits programmes, le FMI n’a pas procédé à une analyse suffisante pour :
– Approfondir la connaissance du pays demandeur d’aide ;
– Connaître les acteurs et leurs capacités à s’adapter à ce que le FMI veut proposer ;
– Connaître la mentalité de la population et son mode de vie ;
– Préciser par où commencer si le FMI veut atteindre un bon résultat ;
– Identifier et évaluer les risques qui pourraient empêcher l’atteinte des objectifs (c’est-à-dire le FMI n’a pas élaboré une bonne cartographie des risques) ;
– Proposer de bonnes stratégies afin d’atteindre les objectifs.
S’il y a une analyse qui était faite, donc elle était non satisfaisante ; sinon on ne comprendrait pas le pourquoi de cet échec.
b) Piste de solution
Le piste de solution est simple : intégrer l’approche risques dans la conception des programmes du FMI. Car cette approche met en exergue l’importance des objectifs et la possibilité de les adapter à un environnement précis. Ainsi, il y a plus de probabilité que les objectifs recherchés soient atteints, dans la mesure où notamment :
– Il y aura des objectifs SMART (Spécifiques : clairement définis, Mesurables : quantifiables et chiffrables, Atteignables : suffisance des moyens mis à disposition, Réalistes : pertinence et rentabilité par rapport à la situation et Temporels : fixation du délai de réalisation) ;
– Les évènements susceptibles d’empêcher d’atteindre les objectifs pourraient être bien identifiés et évalués, c’est-à-dire élaborer la bonne cartographie des risques ;
– La gestion de ces évènements pourrait être bien assurée, afin de maîtriser ces risques ;
– L’anticipation pourrait faire éviter l’échec ou corriger la trajectoire avant qu’il ne soit tard ;
– On aurait des programmes adaptés dans le temps et dans l’espace (c’est-à-dire adaptés à chaque pays et à chaque époque) ;
– On atteindrait les objectifs fixés pour tout programme et reculer, entre autres, la pauvreté.
C’est simple, mais la réalité est celle-là. L’approche risques est l’unique solution pour avoir des programmes adaptés à chaque pays et offrir beaucoup de chance à ces pays de s’équilibrer. Il faut donc l’imposer aussi à chaque pays demandeur d’aide pour l’obliger à améliorer le fonctionnement de ses services et changer radicalement la mentalité des acteurs et, surtout, de la population.
Ne pas tenir compte de cette approche risques, c’est, d’une part, engloutir l’argent dans un programme tout en sachant qu’il n’y aura rien de bon ; et, d’autre part, refuser sans le dire, que les pays africains se développent.
Dieudonné BIFUMANU NSOMPI Juriste – Fiscaliste -Auditeur interne