Abbé Paul-Marie Buetubela, un bibliste doublé de la casquette d’un enseignant

L’abbé Paul-Marie Buetubela a fêté le dimanche 10 octobre à Luozi ses 50 ans de vie sacerdotale après son ordination comme prêtre le 12 septembre 1972. Des paroissiens et paroissiennes de Notre Dame de Fatima et du Doyenné de Luozi l’ont aidé à célébrer ce jubilé d’or en compagnie de Mgr Daniel Nlandu, évêque émérite, de Mgr André Giraud Pindi, ambassadeur apostolique du diocèse de Matadi, des prêtres dudit diocèse, ainsi que des révérendes sœurs et auxiliaires de l’Apostolat et d’autres invités de marque. Ce prêtre, doublé d’un grand bibliste, a renforcé sa vie sacerdotale comme enseignant consciencieux de la Parole de Dieu.

A l’occasion de la messe de jubilé d’or de ce brillant religieux à la fois bibliste et enseignant, l’homélie a été faite par Mgr André-Giraud Pindi, ambassadeur apostolique du diocèse de Matadi, bien inspiré pour la circonstance pour peindre à merveille ce personnage qui fait la fierté du diocèse de Matadi.

Bibliste, Paul-Marie Buetubela Balembo Nkazi, a consacré toute sa vie au service et à la Parole de Dieu après son ordination sacerdotale le 12 septembre 1972.           Compté parmi les premiers biblistes africains les plus brillants aux côtés de Laurent Cardinal Monsengwo d’heureuse mémoire, Paul-Marie Buetubela a consacré sa vie à I ‘étude de la Bible. Il a voulu ainsi chercher à comprendre la sagesse de Dieu, à posséder en soi la parole de Dieu elle-même pour  mieux la transmettre et la vivre.         

LIRE, ETUDIER,  SE NOURRIR DE LA PAROLE DE DIEU

Ainsi a-t-il pris de son temps pour lire, étudier et se nourrir de la Parole de Dieu pour mieux l’enseigner à ses brebis. Chercher, fouiller dans les Écritures, feuilleter la Bible pour comprendre la volonté de Dieu envers l’homme, le bibliste qu’est le jubilaire du jour s’est livré constamment à cet exercice intellectuel. C’est à ce travail intellectuel que le prédicateur du jour a invité ses confrères, pour ne pas^être, prévient Mgr André Giraud Pindi,  en dehors du bon chemin dans leur ministère sacerdotal. L’amour de la Bible, selon lui, doit marquer la vie des prêtres.

Il ne doit pas se contenter seulement  de la lecture liturgique, mais il doit approfondir de manière constante sa connaissance de la Parole divine par des lectures personnelles, par une auto-formation permanente. On retient de l’abbé Buetubela sa participation à la version de Ia Bible africaine pour mieux inculturer cette Parole au contexte de nos propres réalités.

LE DON D’ENSEIGNER

A chaque créature Dieu a pourvu des dons (apôtres, prophètes, évangélisateurs, pasteurs…). L’abbé Paul-Marie a reçu le sien : le don d’enseigner.  Comme tel, il a enseigné toute sa vie la vraie connaissance de la bible à des curés ; il a instruit toute sa vie à Ia pratique de Ia juste compréhension des textes bibliques. Il a formé des générations d’étudiants aux techniques d’analyse et à la connaissance des langues bibliques.

Pour le prédicateur du jour, l’Eglise d’aujourd’hui a besoin des enseignants consciencieux de la Parole de Dieu, comme l’abbé l’a été pour former des prédicateurs.

Tout compte fait, le travail d’enseignant qu’a réalisé l’abbé Paul, les techniques qu’il a enseignées à ses étudiants ont eu un objectif, celui de constituer un moyen efficace pour améliorer la qualité des prédications, des homélies.

De son ancien enseignant consciencieux et d’une finesse intellectuelle, Mgr André Giraud Pindi a rappelé deux anecdotes qu’il avait retenus de lui que ses étudiants appelaient affectueusement  »Buetus » (diminutif de Buetubela).

Un jour, ün prêtre lui pose cette question : « M. l’Abbé, pourquoi dans le récit des noces de Cana, quand il n’y avait plus de vin, Marie dit à Jésus :  » Ils n’ont PAS de vin « . EIle devrait plutôt dire : « Ils n’ont PLUS de vin ? « . Très calme, l’abbé Buetubela, répondit:  » Mais c’est parce que ce qu’ils buvaient avant, ce n’était pas du vin « .

QUITTER CE QUI LUI EST CHER

Un autre jour, attablé, l’Abbé Paul mangeait avec appétit Ia viande de porc. Pour le taquiner, un confrère lui dit : « M. I’Abbé, vous un bibliste, comment pouvez-vous manger du porc, sachant que Jésus avait envoyé les esprits mauvais dans les porcs ? « . L’enseignant très blagueur lui répondit : « Continue à lire l’évangile, tu verras que tous ces porcs là se sont noyés dans le lac. Donc mange, toi aussi, tranquillement ton porc. ».

       Enseignant qu’il était, Buetubela Balembo Nkazi, a utilisé la réplique et la blague pour enseigner et instruire. Il a évangélisé par son enseignement, il a catéchisé par ses cours, il a sanctifié, sans doute, par ses leçons.

L’abbé Buetubela a d’abord été ordonné prêtre, iI y a cinquante ans, avant d’être bibliste et enseignant de la Bible. Il a compris qu’être prêtre et disciple du Christ, c’est quitter ce qui lui est cher, ceux qui lui sont chers, les relations familiales, conformément à la recommandation du Christ.

En effet, ces relations, « au lieu de nous ouvrir vers les autres, elles peuvent nous enferment sur nous-mêmes ; nous enfermer uniquement entre les personnes de la même langue, de la même contrée, du même village, de la même tribu, de la même culture nuisant ainsi gravement à la mission et offensant l’amour universel, l’amour du prochain. « 

FAIRE CHACUN SON BILAN DE VIE SACERDOTALE

Pour Mgr André Giraud Pindi, excepté le côté festif du jubilé, la célébration du cinquantenaire du sacerdoce de l’abbé Paul-Marie Buetubela doit être « une occasion pour les plus jeunes dans le sacerdoce, de faire aussi chacun son bilan de vie sacerdotale, d’amour pour la Parole de Dieu, d’amour pour le diocèse, d’affection pour les confrères« .

« Que dira-t-on de nous à notre cinquantenaire ? Parlera-t-on de nous dans le bien, comme nous le faisons pour notre aîné, ou laisserons-nous des traces d’amertume, de tristesse dans les cœurs des plus jeunes  confrères ? « , s’est-il interrogé.

Les 50 ans du sacerdoce constituent le symbole de deux réalités dans la vie sacerdotale: « l’engagement pour le Seigneur est possible dans la durée, la fidélité à la vocation est possible dans la durée ; que tout n’est pas qu’éphémère« .

Celui que le prédicateur a qualifié à juste titre d’un excellent ambassadeur du diocèse de Matadi auprès des instances intellectuelles de ce pays et une fierté pour le diocèse de Matadi a su incarner avec brio pendant un demi-siècle trois personnages : bibliste, enseignant et prêtre.  50 ans symbolisés par autant de bougies sur lesquels il a soufflé au cours de la messe de son jubilé d’or, alors que la chorale, relayée par l’assistance toute joyeuse, fredonnait « Joyeux anniversaire « . Kléber KUNGU, de retour de Luozi.

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter