* »Il est inadmissible de constater que la RDC qui disposerait d’une population avoisinant les 100 millions d’habitants, puisse avoir dans les répertoires d’impôts 200 mille contribuables… », fait savoir le DG de la DGI.
Dans la dynamique de la rédevabilité imprimée par le gouvernement des « Warriors », le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a mis en face de la presse, hier mardi 14 septembre, Jacques Kangudia, coordonnateur de la Coordination pour le changement des mentalités (CCM), service spécialisé rattaché à la Présidence de la République.
Le Chef de l’Etat a lancé il y a près d’une semaine, la campagne de civisme fiscal et la gestion responsable des deniers publics. D’après le ministre de l’Information et des Médias, l’objectif de cette croisade, est d’abord de rétablir la confiance qui doit exister entre les citoyens et l’Etat. «A travers notre histoire, il y a eu beaucoup de frictions qui ont ruiné la confiance de citoyens envers l’Etat. Celui-ci ne peut être fort que si ses citoyens sont capables de contribuer», a déclaré Patrick Muyaya.
Outre le Coordonnateur de la CCM, le Porte-parole du Gouvernement a également a associé à cet exercice les responsables des régies financières pour répondre aux questions spécifiques.
Alors, question : quel est le lien entre le changement des mentalités et le civisme fiscal ? Dans ses éléments de réponse, Jacques Kangudia fait savoir que la mauvaise gouvernance est ce qui a fait que la RDC soit là où elle est, «un pays où rien ne semble marcher». «La RDC a beaucoup de potentialités : nous avons des minerais, des sols très riches, mais nous avons un peuple très pauvre», fait-il observer. Pour Kangudia, « ce sont des antivaleurs qui ont miné la société congolaise dans tous les secteurs de la vie nationale : la Présidence, le Gouvernement, le Parlement, la magistrature, l’Université, l’école… « S’il n’y a pas inversion des valeurs, nous pouvons monter des projets très bien ficelés, mais ça ne va pas réussir. Parce que ces antivaleurs sont comme un poids qui nous empêche de pouvoir décoller. C’est la raison pour laquelle le Chef de l’Etat a créé en 2019, la Coordination pour le changement des mentalités», a-t-il expliqué.
Ajoutant que le secteur de fiscalité, de l’économie est pourvoyeur de moyens qui permettent à l’Etat de pouvoir prendre en charge son peuple. «Si ce secteur est aussi frappé par les antivaleurs, il sera difficile à l’Etat de pouvoir réunir les moyens nécessaires afin de pouvoir assurer le bien-être de sa population. Ce que nous allons faire tout au long de cette campagne, c’est de pouvoir éveiller la conscience de tous nos concitoyens en commençant par les responsables, qui doivent comprendre que si nous continuons à détourner, à utiliser l’abus du pouvoir, à corrompre ou à nous faire corrompre, si nous continuons à confondre nos propres poches avec ce qui appartient à tous les Congolais, nous allons faire toujours du surplace, et même descendre plus bas. Cette campagne a pour but d’éveiller la conscience des décideurs», souligne Jacques Kangudia.
Gestion impactée par la dimension de l’éthique
Mais au même moment, dit-il, cette campagne doit établir la confiance entre les gouvernants, ce qu’ils reçoivent du peuple, les moyens pour pouvoir accomplir les missions de l’Etat et la population qui donne ces moyens au travers des impôts, des taxes et redevances. « S’il n’ y a pas cette confiance, il est difficile de demander à la population de pouvoir payer les impôts« , précise-t-il.
Kangudia estime que la population devrait commencer à voir dans le chef des décideurs cette volonté de pouvoir assainir la gestion du pays pour qu’elle devienne «une gestion responsable, impactée par la dimension de l’éthique, de la loi. On ne peut plus tolérer que les gens continuent à se comporter de n’importe quelle manière en tant que responsables, autorités dans notre pays. C’est la motivation première qui nous a poussés à lancer cette campagne de sensibilisation à la gestion responsable des deniers publics.»
Le ministre de la Communication et des Médias a ensuite donné la parole aux représentants des quatre services censés collecter taxes, impôts et redevances pour savoir comment ils vont contribuer au déroulé de cette campagne. Il s’agit de la DGRAD, DGI, DGDA et la DGRK.
Le DG de la DGI a profité de sa tribune pour relever la confusion que les gens entretiennent. Car, beaucoup pensent que lorsque l’on parle de la Direction générale des impôts, cela ne concerne que les entreprises. C’est ainsi qu’à la DGI, on parle des contribuables. «Un contribuable est toute personne physique ou morale qui exerce une activité soumise au payement de l’impôt. Nous sommes tous des contribuables et à ce titre, nous devons payer les impôts. Mais pour être contribuable, il faut disposer d’un numéro impôt, un identifiant qui, à la différence d’autres identifiants, qui permet à la personne physique ou morale de payer l’impôt auprès de la DGI», a expliqué le Dg de la DGI.
Celui-ci explique que le terme impôt signifie «un prélèvement opéré par voie d’autorité sans contrepartie. « On ne paye pas l’impôt pour s’attendre à obtenir un service, mais on paye l’impôt en tant que sa contribution au développement du pays. Un pays fort est celui où toute la population contribue. A ce jour il est inadmissible de constater que la RDC qui disposerait d’une population avoisinant les 100 millions de contribuables, puisse avoir dans les répertoires d’impôts 200 mille contribuables, alors que les pays qui nous entourent disposent d’une population de plus d’un million et demi de contribuables », indique-t-il.
Pour les experts des régies financières, la campagne en cours permettra d’avoir un accroissement des recettes par rapport aux potentialités dont regorge notre pays.
«Très souvent on se plaint de l’Etat, il ne fait pas ceci ou cela. Nous voulons commencer à rétablir cette confiance. Lorsque vous donnez 1 dollar à la République, vous voyez ce à quoi il sert… »
Après avoir écouté les responsables des quatre régies, Jacques Kangudia note que l’Etat est capable de mobiliser beaucoup de ressources. «Mais le premier problème de notre pays, c’est l’homme congolais. Quand nous regardons le système tel qu’il est établi, les lois qui existent, les dispositions qui ont créé tous ces services montrent qu’il y avait une intelligence pour pouvoir permettre à l’Etat d’avoir les moyens pour accomplir toutes ses missions. Nous avons tous la responsabilité de dire que nous ne pouvons plus continuer à aller dans cette direction. Nous sommes tous interpellés à jouer chacun son rôle, et c’est comme ça que nous allons conjurer la pauvreté dans notre pays», a-t-il conclu. Didier KEBONGO