Muhindo Nzangi : «Sans réformes audacieuses, il n’est pas possible d’améliorer notre système universitaire»

Les états généraux de l’Enseignement supérieur et Universitaire en République démocratique du Congo (EGESU RDC 2021) se tiennent depuis le vendredi 10 septembre à Lubumbashi, capitale du Haut-Katanga. Convoqués à l’initiative du Gouvernement congolais, ces travaux se fixent pour objectif de  »relever, redresser, requalifier et innover le Système de l’Enseignement Supérieur et Universitaire en RDC », a indiqué le ministre de tutelle, Muhindo Nzangi Butondo, lors de son discours d’ouverture.

Le numéro un de l’ESU révèle que les assises en cours s’inscrivent dans le cadre du « Programme d’actions du Gouvernement 2021-2023″. C’est dans ce cadre qu’elles ont été, le 20 août dernier, au menu du 16ème conseil des ministres qui a avalisé leur tenue pour ce mois de septembre à Lubumbashi. Aux dires du ministre Muhindo Nzangi, ce programme se propose de concrétiser la volonté du chef de l’État qui tient à  »ériger l’éducation comme pilier majeur d’impulsion de développement durable et de prospérité de la société congolaise ».

« Cette mission, précise-t-il, a été confiée à mon Ministère. C’est pourquoi, dès la prise de mes fonctions de ministre, je me suis attelé à cerner les problèmes auxquels ce secteur stratégique est confronté et à penser des voies de solutions efficaces, au-delà des mesures ponctuelles et urgentes voulues par les contraintes de bonne gouvernance universitaire. Les multiples échanges avec les praticiens et intervenants dans notre secteur éducatif universitaire m’ont convaincu de la nécessité de lever la chape de plomb qui bloque les réformes audacieuses, réalistes et vitales sans lesquelles nous ne pouvons espérer relever, redresser, requalifier et innover l’Enseignement Supérieur et Universitaire congolais« .

Vivement des réformes

« Sans réformes audacieuses, il n’est pas possible d’améliorer notre système universitaire, dont les fondations ont été posées par de vaillants artisans de la grande réforme de 1971« , fait remarquer Muhindo Nzangi. Pas possible non plus de « l’adapter aux évolutions de l’environnement congolais dans un contexte mondial, façonné désormais par les technologies numériques, la globalisation économique et financière, ainsi que de nouvelles formes de mobilité enseignante et estudiantine« , explique-t-il.

Parmi les réformes attendues, il y a notamment la nécessité de  »réajuster le système universitaire congolais, au regard de l’évolution des universités dans le monde et notamment le système LMD (Licence-Maîtrise-Doctorat), conformément à l’article 98 de la Loi-Cadre n°14/004 du 11 février 2014 et à la Stratégie Sectorielle de l’Éducation et de la Formation’‘, précise Muhindo Nzangi.

Il y a, en outre, la nécessité de  »réfléchir sur l’amélioration des conditions de travail et de vie du personnel enseignant, administratif, technique et ouvrier pour que nos universités et instituts supérieurs continuent à être, non seulement des espaces de production et de transmission des savoirs, mais aussi des lieux de production de richesses pour garantir leur autofinancement et la qualité des services à la société », assure le ministre de l’ESU.

Les attentes

« En opérant une transformation qualitative de nos universités et instituts supérieurs, nous contribuerons à en faire des espaces où des enseignants et chercheurs délivrent davantage, au bénéfice des étudiants, des enseignements de qualité, soutenus par des recherches innovantes. Nos universités et instituts Supérieurs pourront également participer qualitativement et quantitativement à la diversification de l’économie nationale, à la création d’emplois et à l’offre des services de qualité pour la construction et le développement durable de la RDC« , soutient Muhindo Nzangi.

« Les conditions sociales et de travail de celles et ceux qui se dévouent à la formation de qualité de notre jeunesse – en l’occurrence, le personnel enseignant, administratif et technique – seront aussi améliorées pour permettre à notre pays de disposer davantage d’expertises et compétences, d’affronter et de relever les multiples défis dans les secteurs économique, sécuritaire, socioculturel et environnemental« , laisse entendre l’autorité de tutelle à l’ESU.

Pour matérialiser ces nobles ambitions et répondre aux attentes des bénéficiaires de réformes attendues, le Gouvernement, à travers le ministère de l’ESU, a confié la tâche de préparer ces états généraux à une équipe des scientifiques venus de quatre coins du pays. Depuis le mois de juillet 2021, un comité restreint travaille au sein d’un cadre méthodologique chargé d’organiser les Etats généraux de l’ESU (EGESU).

Placé sous la direction des professeurs Antoine Tshimpi et Barthelemy Pangadjanga, respectivement coordonnateur et coordonnateur adjoint, ce bureau a réalisé un grand travail de prospection et de planification de ces travaux qui ont démarré le vendredi dernier. Pour plus de détails, Forum des As publie en intégralité l’intervention du Dr Tshimpi.   

Yves KALIKAT

PRESENTATION DE LA VISION ET CADRE METHODOLOGIQUE DES EGESU PAR ANTOINE TSHIMPI, PROFESSEUR D’UNIVERSITES ET COORDONNATEUR DES EGESU-RDC-2021

Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Avec l’expression de nos hommages les plus déférents,

Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Avec l’expression de notre haute considération,

Excellence Monsieur le Ministre de l’ESU, Avec l’expression de nos sentiments de haute considération,

Honorables, Députés et Sénateurs,

Excellences, Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,

Vos Intelligence, Mesdames et Messieurs les Enseignants-Chercheurs d’Universités, très estimés Collègues,

Mesdames et Messieurs les Membres du Personnel Administratif, Technique et Ouvrier de nos EESU,

Mesdames et Messieurs les Représentants des Etudiant (e)s de la RD. Congo,

Mesdames et Messieurs les Représentant des organisations professionnelles de la RD. Congo,

Très chers Parents d’étudiants de la RD. Congo,

Très Chers compatriotes congolais, où que vous soyez, quoique vous fassiez,

Mesdames et Messieurs, en vos titres et qualités, tout protocole pris en compte.

Je vous remercie pour votre présence ici dans la Ville cuprifère et vous salue,

Mon mot de ce jour va comporter quelques quatre points, à savoir le prétexte des EGESU, son contexte, son texte et son Post texte.

1.Du prétexte des EGESU-RDC-2021

Le Gouvernement de la République attend de ces Etats Généraux de l’ESU que « les praticiens et partenaires de ce secteur dégagent des options et recommandations concrètes dont la mise en œuvre permettront au Gouvernement de relever les défis qui impactent négativement le système éducatif congolais parmi lesquels l’inadéquation entre la formation universitaire et le monde de l’emploi et la difficulté d’entreprendre des recherches axées sur des solutions aux problèmes de société »1.

C’est ainsi qu’au mois de juillet 2021, sur l’initiative de Monsieur le Ministre de l’ESU-RDC, des scientifiques venu de toutes les Provinces de la RD. Congo s’étaient réunis dans le Campus de l’Institut Supérieur de Commerce (ISC) de Kinshasa afin d’identifier les axes principaux des questions à aborder aux Etats Généraux proprement dits, et de convenir des thématiques, méthodologie et autres questions prioritaires sur lesquelles les parties prenantes aux Etats Généraux de l’ESU-RDC-2021 devaient répondre de toute urgence et éclairer les décisions publiques. Ils ont également convenu des moyens pour mobiliser, sensibiliser et impliquer une pluralité et diversité d’acteurs dans le but de travailler ensemble pour l’amélioration de la qualité de l’Enseignement, des Recherches et des Services à rendre à la société congolaise par l’Université.

La feuille de route qui en est issue a encouragé notamment, la nomination d’un Coordonnateur et d’un Coordonnateur adjoint chargés d’organiser les travaux des Etats Généraux de l’ESU RDC-2021. C’est ainsi que par l’Arrêté Ministériel N°….du …août 2021, les Professeurs Antoine Tshimpi et Barthelemy Pangadjanga furent respectivement nommé coordonnateur et coordonnateur adjoint de la Coordination desdits travaux. Ce Bureau de la Coordination s’est mobilisé à son tour pour recruter les membres de l’équipe chargée de les accompagner dans la réalisation de cette mission de Coordination.

Pour que les résolutions des Etats Généraux de l’ESU-RDC-2021 soient  basées sur des évidences scientifiques et ancrées dans les contextes locaux, la Coordination a souhaité qu’une recherche scientifique, empirique qualitatives et quantitatives soit menée pour interroger toutes les catégories des parties prenantes  au Système éducatif congolais. C’est ainsi qu’un questionnaire et un guide d’entretien ont été mis en place et des enquêtes ont été effectué auprès des étudiants, anciens étudiants, enseignants et membres du Personnel Administratif, technique et ouvrier de l’ESU, les parents d’étudiants, les employeurs et autres cadres d’entreprises, les bibliothécaires et responsables des structures des recherches. Plusieurs enquêteurs, affiliés à plusieurs de nos EESU ont participé à cette enquête dans toutes les Provinces de la RD. Congo en ciblant les catégories précitées et les personnes ressources au sein de la diaspora congolaise, dans une perspective de recherche à la fois rapide et appliquée.

Tout à l’heure, les Professeurs Michel Bisa et Santedi vont présenter les résultats de l’évaluation rapide qui a été réalisée dans ce cadre en ce qui concerne la préparation des EGESU-RDC-2021. Ce diagnostic qualitatif et quantitatif est axé sur les institutions publiques et privées.

La recherche empirique a été menée en deux phases qui se sont déroulées du mois de juillet au mois de septembre 2021. La première phase qui a été une phase exploratoire a eu lieu au mois juillet, pendant l’état de siège dans deux provinces de la RD. Congo (Nord-Kivu et Ituri) qui a coïncidé avec la situation sanitaire de la pandémie à Covid-19 dans l’ensemble de la RD. Congo. Cette conjoncture nous a exigé de combiner deux méthodes de collecte des données ; en ligne à travers un questionnaire électronique et, en présentiel dans le strict respect des mesures barrières anti covid-19. En effet, l’enregistrement des données s’est fait sur des formulaires électroniques à l’aide des Smartphones Android et aussi sur des formulaires papiers pour les enquêteurs n’ayant pas d’appareils, mais aussi dans des zones sans électricité. L’analyse des données a été réalisée grâce au logiciel Statistical Package for the Social Sciences (SPSS). Les mêmes canaux ont été utilisés pour les activités de sensibilisations des masses : en ligne, dans les médias et en présentiels au sein des sites universitaires, du Palais du Peuple, des sièges des représentations professionnelles et associatives (Fédération des entreprises du Congo, Coopération des Petites et moyennes entreprises, Musées et FOLECO).

L’objectif était d’obtenir des informations pouvant nous aider à identifier les principaux problèmes qui gangrènent l’ESU-RDC, d’appréhender les perceptions et suggestions des parties prenantes quant aux voies et moyens de solutionner ces problèmes et de sélectionner les acteurs indispensables à la table des EGESU-RDC-2021 afin d’assurer la diversité des situations, la représentativité nationale et des domaines d’activités à étudier pour proposer aux décideurs des pistes d’orientation des décisions officielles. Cette phase d’enquêtes nous a permis de bénéficier des suggestions de personnes et des institutions impliquées. C’est aussi pendant cette phase que nous avons mené des observations sur le terrain sur le vécu de l’ESU-RDC.

La deuxième phase de l’étude, essentiellement qualitative, s’est déroulée au mois d’août 2021, après l’assouplissement des mesures d’interdiction des réunions de plus de 10 personnes dans plusieurs villes de la RD. Congo. C’est en ce moment que les entretiens semi-directifs, individuels et en groupes, ont été conduites auprès des personnes ressources. Les entretiens auprès des regroupements professionnels et des représentants des partenaires sociaux de l’ESU-RDC, des parlementaires, des Professeurs Emérites ont permis de recueillir leurs points de vue sur les thématiques abordées.

La première semaine du mois de septembre actuel nous avons encore mené une enquête complémentaire pour compléter des informations manquantes ou obtenir des précisions auprès des enquêtés. Nous avons fait le choix de présenter les données auprès des experts qui vont siège aux EGESU, du 6 au 15 septembre 2021 à Lubumbashi et ce, sans analyse ni jugement de valeur. C’est à la fin de cette phase de présentation que nous allons effectué le travail d’analyse qui va permettre de sélectionner les domaines d’activités de l’ESU-RDC qui ont été identifiées comme prioritaire si l’on veut urgemment relever, redresser, requalifier et innover le système de l’ESU-RDC conformément au pilier 11, axe 51 du programme d’action du Gouvernement 2021-2023.

L’étude a donc permis de dégager un certain nombre d’enseignements sur lesquels il s’avère primordial de s’appuyer pour élaborer éventuellement un Plan d’action pouvant proposer des mesures d’appui à la Politique publique de l’ESU RDC. Cette étude  a été coordonnée par le Dr Antoine Tshimpi, le Dr Barthelemy Pangadjanga. L’enquête de terrain s’est appuyée sur la collaboration d’une équipe de 26 assistants de recherche, supervisée par le Dr Michel Bisa Kibul. Tous les enquêteurs ont été équipés d’un kit de prévention covid-19 (masques et gel hydro-alcoolique). Et avant de lancer l’enquête, nous avions tout d’abord organisé une séance d’information sur les risques liés à la pandémie et les gestes barrière pour se protéger. Les Membres de la Coordination des Etats Généraux de l’ESU-RDC-2021 ont constitué le Comité scientifique de l’enquête.

Du Contexte et enjeux de l’étude

La RDC est une véritable mosaïque universitaires avec en 2021, plus d’un millier d’institutions d’enseignement supérieur et universitaire, regroupés dans deux réseaux différents : public et privé. La question des EGESU est complexe, multi-facette, et implique plusieurs Acteurs. Cependant, la crise socioéconomique2 qui dure depuis plus de trois décennies dans ce pays a fortement entamé la qualité de l’ESU. Elle en a, à la fois, érodé la place centrale dans l’appareil et le budget de l’Etat et induit ou renforcé plusieurs formes d’antivaleurs et une gouvernance étrange des institutions de l’ESU. Pendant ces temps-là, 25 ans durant, l’ESU n’a pas pu organisé les Etats Généraux pour évaluer sa trajectoire !

En effet, du fait de ces longues crises multiformes, les infrastructures sont particulièrement affectées, les parties prenantes démotivées et les diplômes remis en cause par les employeurs. Dans ce cas, la qualité et la confiance disparaissent et deviennent chroniquement « absents ».

Face à l’incapacité des pouvoirs publics à organiser régulièrement les Etats Généraux de l’ESU-RDC tous les 5 ans (conformément aux dispositions) et à proposer une riposte efficace à cette crise de l’ESU, la plupart des Congolais se réfugient dans les antivaleurs.

Au-delà du diagnostic d’un contexte universitaire peu réjouissant, il y a aussi des éléments positifs. En effet, il y a actuellement une volonté politique affichée et qui permet de rêver le début d’un processus de reconstruction de l’ESU de développement de la RD. Congo, dans le cadre d’un Gouvernement de la République installé depuis 4 mois. Ici, nous entendons par Etats Généraux de l’ESU « un diagnostic sans complaisance et des options et recommandations concrètes,  réalistes, pragmatiques visant à relever, redresser, requalifier et innover le système universitaire congolais». Partant, comprendre les EGESU en RDC revient à répondre aux questions suivantes :

– Comment les étudiants et les différentes catégories du Personnel de l’ESU-RDC, d’une part, et les pouvoirs publics, patrons d’entreprises et autre partenaires du système éducatif, d’autre part, perçoivent-ils l’ESU-RDC ?

– Comment les contreperformances sont construites dans le contexte socioculturel universitaire congolais et comment y remédier ?

– Comment et par quels mécanismes implémenter le système LMD au Congo-Kinshasa et ce, selon les besoins locaux et conformément aux standards internationaux ?

– Par quels mécanismes et comment la gouvernance universitaire actuelle entrave ou impacte négativement le  développement du pays et quel type de gouvernance universitaire mettre  en place pour relever les défis, entre autres de l’inadéquation entre la formation universitaire et le monde de l’emploi et les difficultés d’entreprendre des recherches axées sur les  solutions aux problèmes de société,

– Que faire pour éliminer les antivaleurs et impliquer toutes les parties prenantes dans la promotion de l’assurance qualité au sein de l’ESU-RDC

Les objectifs principaux de ces EGESU sont, en premier lieu de donner la voix aux parties prenantes afin que leur situation soit prise en compte dans le développement de réponses à la crise de l’ESU-RDC. En second lieu, il s’agit de mieux comprendre les défis, les opportunités et les besoins afin d’orienter les décideurs, gouvernants, partenaires sociaux-éducatifs, organisations socioprofessionnelles et toute autre initiative d’appui non-gouvernementale pour le développement et la mise en œuvre de mesures immédiates et à moyen terme.

De manière plus spécifique, l’évaluation rapide de l’état de lieu de l’ESU-RDC a visé à :

– Dessiner le contexte universitaire congolais en fournissant un aperçu de son état de lieu par rapport à la crise multiforme qui le gangrène ; 

– Dessiner le contexte normatif, gouvernémentaliste, économique et social, y compris l’ampleur et la nature de l’informalité dans les universités, les secteurs les plus représentés et des indicateurs de gouvernance clés permettant un éclairage sur les secteurs à risque et ceux qui peuvent avoir le plus d’impact ;

– Identifier les effets directs et indirects de la Loi-Cadre de 2014 et des mesures prises par l’autorité de tutelle dans le cadre des instructions académiques et notes circulaires sur différents secteurs de la vie universitaire ;

– Identifier les défis relatifs à la mise en œuvre du système LMD (Licence-Master-LMD), ainsi que des mesures de son implémentation en tenant compte des spécificités locales et besoins locaux,

– Répertorier et promouvoir la mise en œuvre des mesures de protection socioprofessionnelle pour soutenir les travailleurs de l’ESU et leurs familles ; identifier également les mécanismes éventuels mis en œuvre au niveau individuel ou collectif dans les Institutions universitaires pour minimiser l’impact de la précarité sociale du Personnel de l’ESU ;

 – Identifier les opportunités permettant une réorientation de l’offre de formation et les besoins liés en matière d’acquisition de nouvelles compétences, des liens avec les entreprises et l’univers d’entrepreneuriat/emploi ;

– Donner la parole aux parties prenantes pour faire l’autopsie du système éducatif congolais et analyser, ensuite, les fondements et les manifestations des principaux problèmes répertoriés dans les microcosmes universitaires congolais et les manières dont les parties prenantes à ce système perçoivent leurs rôles et leurs responsabilités afin de provoquer une remise en question de ces perceptions, expériences, croyances et comportements;

– Identifier les spécificités socioculturelles et normatives des croyances, des comportements et des attitudes des parties prenantes ainsi que les contraintes à surmonter pour l’implémentation du système LMD déjà légalisé en RD. Congo à travers la loi cadre de 2014 ;

– Identifier les stratégies les plus performantes pour une meilleure implication des parties prenantes dans la promotion de la promotion de l’assurance qualité au sein des Institutions de l’ESU en particulier et des structures éducatives et de la recherche scientifique en RDC.

III.  Cadre conceptuel des Etats Généraux de l’ESU-RDC

Les dimensions problématiques de du système de l’ESU Congolais sont multiformes, complexes et difficiles à intégrer, en particulier dans les situations de pénurie de données et où la disponibilité des bases de données est non stationnaire à différentes échelles. Ces défis sont accentués dans le contexte où les conditions sociales, économiques et politiques n’ont pas reconnu la nécessité de disposer d’informations régulières et d’évaluations régulières sur la gouvernance des Institutions de l’ESU, ou lorsque les ressources nécessaires pour organiser régulièrement, tous les cinq ans, les Etats Généraux de l’ESU ne sont pas disponibles. Une approche holistique et pluridisciplinaire est donc requise pour aborder la complexité des problèmes qui se posent dans le système éducatif congolais. Ainsi, tout au long du processus de préparation des Etats Généraux de l’ESU-RDC-2021, l’équipe de coordination a construit le cadre conceptuel suivant :

Méthodes de production des données

Le travail de collecte des données s’est focalisé sur l’ensemble des vingt-six Provinces de la RDC (voir figure n°1. zone 1 d’étude) et au sein de la diaspora congolaise disséminée dans plusieurs Pays du monde (voir figure n°2. zone 2 de l’étude). Cette campagne de collecte des données a constitué une activité pivot de cette étude préalable aux Etats Généraux de l’ESU-RDC-2021, ce qui en a fait un objectif à double visées pour la production des données et la mobilisation, la sensibilisation, la vulgarisation et l’implication des parties prenantes au système de l’ESU congolais dans les travaux des Etats Généraux.  Nous avons donc fait de nos enquêtés des partenaires dans le procès de la connaissance de l’ESU-RDC et dans la construction des solutions à proposer aux décideurs.

Les deux zones d’étude identifiées dans le cadre de cette étude ont fait l’objet des investigations de terrain pour la collecte des données quantitatives et qualitatives en présentiel et en ligne (questionnaire électronique, mails, discussions zoom, débats dans les communautés virtuelles : Facebook, WhatsApp, Viber, Imo,…).

Les données ainsi collectées ont servi à six niveaux de comparaison :

– Le premier niveau de comparaison concerne les réalités universitaires de différentes provinces de la RDC et selon les spécificités locales ;

– Le deuxième niveau de comparaison implique les institutions des milieux urbains, péri-urbains et ruraux (grappe) dans chacune des provinces;

– Le troisième niveau de comparaison concerne les institutions privées et les institutions publiques ;

– Le quatrième niveau de comparaison concerne la RD. Congo et les Institutions étrangères,

– Le cinquième niveau de comparaison concerne les différentes catégories sociaux-professionnelles du Personnel de l’ESU-RDC,

–      Le sixième niveau de comparaison a porté sur les points de vue partagés, les points de vue divergents entre les praticiens et partenaires du secteur de l’ESU.

Les types des données recherchées sur le terrain sont résumés dans notre cadre conceptuel précité et ont concerné de manière spécifique les composantes des panels constitués lors des travaux préparatoires organisés à l’Institut Supérieur de Commerce ( ISC de Kinshasa) en date du 22 juillet 2021 et projetés pour les états Généraux proprement dits ici à Lubumbashi du 6 au 10 août 2021. Pour répondre à la problématique et aux objectifs susmentionnés nous avons recouru à une démarche méthodologique holistique combinant à la fois une approche qualitative et une approche quantitative.

Eu égard à cet objectif de la production des données de l’étude, cinq outils de collecte des données ont été conçus et mis à la disposition des enquêteurs et des chercheurs pour les travaux de terrain. Il s’agit des outils ci-après :

–      Manuel de l’enquêteur reprenant l-         Questionnaire d’enquête (électronique et en papier) pour les parties prenantes.

–      Guide des focus-groups et discussions des groupes (présentiel et virtuel) ;

–      Guide d’entretiens semi-directifs (en présentiel et en virtuel) ;

–      Guide pratique de l’animation des ateliers préparatoire des EGESU-RDC-2021.

L’élaboration de ces outils de recherche a permis de collecter les données autour de 14 thèmes ci-après:

–      La cartographie et la catégorisation des Institutions de l’ESU-RDC ;

–      Les expériences et perceptions des enquêtés ;

–      Les caractéristiques sociodémographiques et professionnelles des parties prenantes ;

–      Les perceptions, les craintes et les attentes des parties prenantes quant aux travaux et aux résolutions des Etats Généraux de l’ESU ;

–      Les principaux problèmes qui se posent à l’ESU congolais dans les domaines normatif (application des textes), économique (moyens de fonctionnement), Politique (Gouvernance et politique qualité) et culturel (Profil du personnel et des étudiants) ;

–      La mise en œuvre et l’implémentation du Système LMD ;

–      Partenariat éducatif et entrepreneurial interne et externe ;

–      Numérisation et gestion des ressources dans les Institutions de l’ESU-RDC ;

–      Organisation du troisième cycle, des études doctorales et la politique de la relève académique ;

–      Autopsie du programme d’enseignement à l’ESU et problèmes d’application/applicabilité des textes officiels et instructions académiques :

–      importance accordée aux urgences pour relever, redresser, requalifier et innover le système universitaire congolais en matière de :

o     l’implémentation du LMD,          

o     l’amélioration des conditions socioprofessionnelles du personnel et des étudiants,

o     l’informatisation de nos IES,

o     les élections des Recteurs et animateurs de l’ESU,

o     la réforme du programme,

o     l’instauration d’une Inspection de l’ESU et renforcement des sanctions disciplinaires,

o     le respect de la capacité d’accueil,

o     la construction de nouvelles infrastructures,

o     etc.

–      L’identification des principales antivaleurs à l’ESU ;

–      Priorités et rôles l’Etat (et des autres parties prenantes) pour assurer à l’Etudiant une bonne formation,

–      Mécanismes et priorités pour améliorer la qualité de la formation doctorale ;

–      Mécanismes et priorités pour améliorer la qualité et quantité de recherche scientifique dans les IES ;   

–      Priorités pour améliorer la qualité de l’ESU congolais ;

–      Priorités et mécanismes pour accroitre la confiance des employeurs congolais par rapport aux diplômés de l’Université congolaise et aboutir aux partenariats éducatifs et la responsabilité éducative des entreprises,   

–      La perception des enquêtés, impliquant les hommes, des femmes et les enfants, les praticiens et partenaires de l’ESU;    

–      Les différences construites dans le contexte universitaire et socioculturel des congolais.

Organisation de la collecte des données de terrain

L’étude étant basée sur une enquête combinant un volet qualitatif et un volet quantitatif, nous avons ciblé un public différent selon chaque volet de l’enquête.

L’activité de collecte des données de terrain pour l’étude préparatoire des EGESU-RDC-2021 s’est réalisée en trois phases complémentaires. Dans un premier temps, la coordination du projet a recruté, formé et déployé 26 enquêteurs en raison d’un pour chaque Province de la RD. Congo sur base du répertoire des enquêteurs de l’Observatoire de la Gouvernance  dans le but d’administrer les questionnaires quantitatifs auprès des enquêtés bien ciblées.

Ensuite, les chercheurs séniors ont organisé la phase des enquêtes qualitatives en identifiant les personnes ressources et en organisation les entretiens semi-directifs, individuels et en groupes, des discussions des groupes et des Focus groups. Tous les groupes étaient homogènes et composés d’entre 6 à 12 participants. Les différents entretiens avec les parties prenantes ont été organisés en présentiels ou à distance via WhatsApp, Skype et téléphone portable.

La troisième phase a  été celle de l’organisation des ateliers-débats dans les Institutions de l’ESU, des Syndicats, patronats, … en vue de collecter les données relatives à notre étude. Ainsi, nous avons organisé au total 23 Ateliers aussi bien à Kinshasa et dans plusieurs villes du Pays, notamment dans le Nord-Kivu, dans la grande orientale, le Grand Katanga, le Kongo Centra, Kwilu-Kwango,…

En dehors de la période officielle de collecte des données, de Juillet à Août 2021, les échanges permanents sont maintenus avec les parties prenantes des provinces investiguées jusqu’en plein travaux des Etats Généraux de l’ESU-RDC-2021 ici à Lubumbashi. Ce contact permanant contribue en l’enrichissement de la base des données et à l’amélioration de la compréhension de l’objet de l’étude tout en favorisant une construction collective des recommandations des Etats Généraux.

Post texte et conclusion,

Excellences, Honorables, Très chers experts,

Je me tourne vers vous pour vous dire que les résolutions des EGESU préoccupent au plus haut point les parties prenantes tant au niveau national que provinciaux, et sont très attendues. Notre présence ici est très observée par l’ensemble du Pays et a été au centre de plusieurs discussions. Je ne me permettrais pas de vous rappeler l’importance stratégique des résolutions que nous avons à prendre ici et connaissant la pointure professionnelle de notre composition, il me parait inutile de revenir sur le professionnalisme, le patriotisme,….

Permettez-moi, néanmoins, de vous remercier d’être venu jusqu’ici à Lubumbashi, terre de nos ancêtres.

Je vous remercie.

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