Maniema : l’Ong Heal Africa a soigné 102 femmes souffrant des fistules, complications post-accouchement et des VSBG

Du 23 juillet au 14 août  dernier, l’Ong Heal  Africa a soigné 102 femmes souffrant de diverses complications post-accouchement et/ou résultant de viol et violences basées sur le genre (VSBG) dans le territoire de Kibombo (à 152 km au sud de Kindu) dans la province du Maniema dans l’Est de la RDC.

Ces femmes bénéficiaires ont été les plus heureuses d’être délivrées de ces « limitations sociales « , comme le souligne M. Lubenga Omary Ezechiel, l’administrateur du territoire de Kibombo lors du lancement de la campagne :  » C’est un grand signe d’amour et de patriotisme que de venir d’aussi loin pour soulager la femme du Maniema « . Les femmes  » réparées  » présentaient des complications uro-gynécologiques (fistules vésico-vaginales, des prolapsus utérins, cystocèles, rectocèles, et déchirures du périnée) dues à l’accouchement ou à la violence sexuelle.

Céline se réjouit car elle pensait que  » donner la vie et garder sa bonne forme physique est un fait qui relève de la plus haute providence.  » Les bénéficiaires sont venues des zones de santé de Kunda,  de Kindu, Kasongo et de Kibombo. Exécutée par l’équipe de l’Hôpital Heal Africa de Goma dans son volet Clinique Mobile d’Uro-gynécologie, la campagne a été menée avec l’appui de la Banque Mondiale, à travers le Fonds Social de la République Démocratique du Congo dans le cadre du projet de Prévention et Réponse aux Violences Basées sur le Genre, PRVBG.

Des  pathologies évitables 

« Généralement, les complications de l’accouchement surviennent à la suite de facteurs évitables qui peuvent être regroupés dans le vocable 4 TROP : les grossesses trop précoces, les grossesses trop tardives, les grossesses trop nombreuses et celles trop rapprochées « , explique Dr Justin Paluku, gynécologue-obstétricien et chirurgien des fistules à l’hôpital Heal Africa de Goma, alors à la tête de l’équipe médicale qui a exécuté la campagne à l’Hôpital général de référence de  Kibombo. Couplés aux éléments du contexte culturel de certains milieux conservateurs en RDC, ces facteurs deviennent encore plus prononcés. Les études menées autour de la question révèlent qu’en milieu rural, l’exclusivité de la décision d’amener la femme enceinte vers les structures de santé revient à son mari. Le délabrement avancé des infrastructures routières rend encore plus rude l’acheminement des femmes enceintes vers les hôpitaux.

Le faible niveau d’instruction des femmes et les pesanteurs coutumières limitent gravement l’accès de la femme à l’information sur les moyens de contraception et l’accès à l’hôpital pour accoucher dignement. Ce qui cède la place aux rumeurs et diverses idées préconçues. Certaines pensent que la fistule n’est pas une maladie mais un mauvais sort.  » Deux de mes voisines porteuses de fistules n’ont pas voulu faire le voyage pour les soins, parce qu’elles auraient entendu dire que les médecins prélèvent des organes vitaux aux patientes lors des interventions pour ensuite les revendre. Personnellement, je suis venue parce que j’étais disposée à tenter l’impossible pour être délivrée de cette fistule qui me torturait depuis  9 ans « , rapporte Cécile, une bénéficiaire guérie. « J’ai d’abord perdu mon enfant et mon mari m’a abandonnée 5 mois plus tard, craignant que je ne lui porte malheur. Guérie, je ne sais comment exprimer ma gratitude envers Heal Africa « , laisse entendre Jeannette.

Mentorat, partage d’expériences pour améliorer les soins de proximité

Chaque campagne des soins à travers la RDC constitue pour Heal Africa une opportunité de partage d’expériences en vue de rehausser la qualité des soins dans les milieux les plus reculés du pays. Cela rencontre l’idée des soins de proximité prônés par Heal Africa, structure reconnue comme centre d’excellence en matière de formation continue du personnel soignant à l’Est de la RDC.

« Pour nous, c’est un devoir que de rendre le personnel soignant local capable de diagnostiquer une fistule, un prolapsus génital, et les autres complications de l’accouchement. Dans la mesure du possible, qu’ils sachent administrer les premiers soins aux porteuses de ces pathologies « , indique Dr Justin Paluku.

La réussite de chaque campagne de chirurgie mobile pour femmes exige des séances d’échange avec les soignants locaux. Ainsi, 20 personnes (médecins et infirmiers) ont bénéficié de sessions de mentorat pour un transfert de compétences tout au long de la campagne. Les thématiques traitées concernaient tous les aspects de la prise en charge chirurgicale des patientes, partant de l’accueil digne et humanisé jusqu’à la sortie de l’hôpital après l’intervention, et prenant en compte la prévention et le contrôle des infections en milieu hospitalier.

 » Nous venons d’acquérir de nouvelles pratiques quant à l’orientation du diagnostic pour nos patientes présentant des complications post-accouchement .Cela nous sera très utile même après le départ de l’équipe des spécialistes de Heal Africa « , s’est réjoui Dr  Sengi  Diangbo Roger, Médecin Directeur de l’Hôpital général de référence de Kibombo.    

Didier KEBONGO

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