L’Union sacrée désormais à la croisée des chemins!

* Entre un passage en force et un consensus, on devrait choisir.

Le dossier CENI (Commission électorale nationale indépendante) en RD Congo, a bien l’air d’une problématique à la fois récurrente et monotone. Elle est récursive dans la mesure où le problème qu’il pose demeure irrésolu à ce jour. Il est rébarbatif, parce que suffisamment abordé. Et parois dans tous les sens. Mais au-delà de tout, se dégage une constante que nul ne saurait dénier. A avoir que le pays s’est installé dans un blocage, faute de n’avoir trouvé la voie de décrispation.

Face à cette situation, la nouvelle majorité parlementaire, estampillée Union sacrée de la nation (USN), se trouve, dès lors, à la croisée des chemins. Par Union sacrée, on voit l’Assemblée nationale, seule instance agréée pour l’entérinement de la candidature du nouveau président de la Centrale électorale. Soit, qu’elle  devra opter pour un passage en force, avec tout ce que cela charrie comme conséquences à court, moyen et long terme. Soit, le Bureau Mboso (simple synecdoque pour dire la Chambre base), devra choisir le chemin de la conciliation. C’est-à-dire la recherche d’un consensus par la voie d’un dialogue entre tous les acteurs.

Si le pouvoir privilégie le forcing, cela équivaudrait à faire fi de la donne opposition parlementaire. Pour le cas d’espèce, le Front commun pour le Congo (FCC) qui, justement, incarne la contestation à l’hémicycle. Opter pour cette voie, aura également été la preuve que la Représentation nationale méprise ou banalise le pouvoir réel dont dispose la plateforme Confessions religieuses, dans le processus de désignation de nouveaux membres de la Ceni.

DIALOGUE COMME VOIE ROYALE ?

Dans le contexte actuel du pays, nombre d’acteurs politiques sont plus enclins à la dissonance cognitive, dans l’entendement de Léon Festinger. Dire que par concours de circonstance, nombre d’acteurs de la scène politique rd congolaise sont finalement amenés à agir en désaccord avec leurs propres croyances, bien que conscients de l’état de tension, d’inconfort intérieur qui s’ensuit.

Dès lors, nombre d’analystes pensent que dans la situation actuelle du pays, seul l’arbitrage du Président Félix Tshisekedi, garant constitutionnel du bon fonctionnement des institutions, sortirait le pays de l’impasse. Plus concrètement, si le Chef de l’Etat conseille à sa nouvelle majorité parlementaire de privilégier le dialogue, comme voie royale de sortie de crise, c’est out le pays qui en sortira gagnant.

Toujours dans cette hypothèse de dialogue, le premier niveau est celui des Confessions religieuses. Les huit représentants des églises doivent donc taire leurs querelles de chapelle, pour scruter la voie de conciliation ou du compromis. Ensuite, au niveau du Parlement, on ne peut pas ne pas échanger en toute transparence, en vue de mettre sur pied, une Commission véritablement paritaire, avec des délégués de l’opposition dument mandatés. Car, dans son format actuel, cette commission technique instituée par l’Assemblée nationale n’est paritaire que de nom, au regard de l’absence des députés de l’Opposition.

UN SAUT VERS L’INCONNU ?

A priori, il y aurait un camp qui tire les dividendes de l’impasse actuelle. Celui-ci voudrait bien que cette crise dure le plus longtemps possible. Pas donc surprenant que les partisans de ce camp soutiennent la thèse d’un passage en force, pour valider la carte Denis Kadima, jouée par les six confessions religieuses, malgré la souveraine objection des Catholiques et de l’Eglise du Christ au Congo (ECC).

«Une politique se juge par ses résultats», soutient notre ancien confrère et homme politique français, Noël Mamère. Dans la même veine, Stefan Zweig postule que la «politique, c’est la pratique du compromis». Si pour l’Assemblée nationale, le compromis consiste à considérer le choix des six confessions religieuses sur les huit qui composent la plateforme, nombre d’observateurs ne cachent plus la peur que la situation après-vente soit difficile à gérer. Qu’on les aime ou qu’on ne les aime pas, l’Eglise catholique et l’ECC, en plus de leurs rôles respectifs de Président et de vice-président de la plateforme Confessions religieuses, sont bien installées dans le pays profond. Il s’agit donc là, d’une réalité sociologique qui s’affirme comme une évidence.

Sur base du tableau actuel, doit-on considérer que la RD Congo est en passe d’effectuer un saut vers l’inconnu ? S’il est admis que la crédibilité d’un processus électoral est fonction de la transparence dans les préalables, alors les acteurs politiques congolais devraient fournir les efforts de se surpasser et se projeter dans l’avenir. Car, du moment que le processus actuel part déjà chahuté dès le départ, il y a fort à craindre que l’Eglise catholique, l’ECC ne puissent l’accompagner. Grevisse KABREL

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