Unité de temps, unité de lieu mais…plusieurs rôles traduisant ou- trahissant ?- plusieurs statuts. Dans son interview accordée à la Voix de l’Amérique en terre étatsunienne, Félix-Antoine Tshisekedi déclare ne pas vouloir se mêler du dossier « désignation » du candidat Président de la CENI par les confessions religieuses.
Décryptage: le Président n’entend pas descendre dans l’arène. Il reste au- dessus de la mêlée. Le chef de l’Etat n’est pas prêt à interférer dans un processus dans lequel il n’intervient qu’à la fin. C’est-à-dire à l’étape ultime d’investiture du candidat des dignitaires religieux que l’Assemblée nationale aura adoubé.
Sur le papier, personne ne saurait faire grief au locataire du Palais de la nation et de la Cité de l’Union africaine. Pour le coup, le Président est à cheval sur la « division du travail » consacrée par la Constitution. « Chacun son métier et les vaches seront bien gardées » renseigne un proverbe.
Reste que la même loi fondamentale stipule que « le Président de la république assure par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions ainsi que la continuité de l’Etat« . Or, en commençant par le chef de l’Etat, personne n’ignore que le processus de désignation des animateurs de la CENI est au point mort. Les confessions religieuses ayant réussi l’exploit d’ériger une tour de Babel.
Comme répondant au principe des vases communicants, l’onde de choc du capharnaüm qu’est devenu l’espace « confessions religieuses » atteint les travées de l’Hémicycle et rend inopérant la commission paritaire. L’opposition parlementaire FCC conditionnant sa participation par l’entente au niveau des leaders religieux.
Le blocage étant établi, le garant constitutionnel de la bonne marche des instituions est d’autant plus en droit d’intervenir que le pays court le risque de bâcler le processus électoral. Avec tout ce que cela pourrait comporter comme danger en termes de trouble à l’ordre public, à la paix sociale et à la cohésion nationale.
Vu sous cet angle, le Président donne l’impression de botter en touche. Devrions-nous juger le premier des Congolais sans chercher à le comprendre ? Non, nous déconseillerait, outre-tombe, André Malraux.
Comme toute personne, « notre Fatshi national » a plusieurs identités pas toujours complémentaires. Donc parfois contradictoires. Le sociologue français Jean Stoetzel a théorisé cette question d’identités multiples dans la notion de statuts et de rôles. A chaque statut social correspond un rôle.
En l’occurrence, le Président de la république est aussi un acteur politique. Qui plus est, candidat à sa propre succession. D’où ce duel interne entre le Président de la république et le candidat-Président. Une opposition qui ira crescendo à mesure que l’on approchera de l’élection. Ce cas de figure n’est pas une spécificité tropicale. Loin s’en faut. Même si ailleurs, « la prime du sortant » est amortie par le degré élevé d’institutionnalisation du pouvoir et système huilé de contrepouvoirs.
Difficile, en effet, de ne demeurer qu’arbitre lorsque l’on est, par ailleurs, capitaine d’une équipe en…lice. José NAWEJ