*La procession partira bel et bien de Masina au Palais du peuple, renseigne le communiqué du présidium de la plateformùe pilotée par le duo Fayulu-Muzito.
Il n’y aura sans doute pas un sans deux. Après sa marche du 15 septembre, violemment réprimée à Kinshasa, Lamuka sera de nouveau dans la rue demain mercredi 29 septembre, pour dit NON à toute tentative de politisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). L’annonce a été faite par le présidium de cette plate-forme de l’Opposition, au cours d’une rencontre hier avec la presse à Kinshasa.
Cependant, malgré le communiqué de l’autorité urbaine du 25 septembre finissant, qui interdit l’organisation de toute manifestation publique, notamment sur le tronçon Pont Matete-aéroport international de N’Djili, Martin Fayulu et Adolphe Muzito maintiennent l’itinéraire de la marche de Lamuka. La procession, selon ces deux leaders de l’opposition- résistance – c’est selon -, partira du quartier 3 de la commune de Masina pour chuter devant le Palais du peuple, siège du Parlement.
S’agissant des restrictions du Gouverneur de la ville de Kinshasa, clairement mentionnées dans son communiqué sus-évoqué, le présidium de Lamuka n’entend pas du tout y souscrire. Bien au contraire. Il fustige cette décision qu’il qualifie à la fois d’illégale et de discriminatoire. « Ce communiqué qui ne vaut pas une décision pour nous, est illégal en ce qu’il ne s’appuie sur aucun soubassement légal. Il est aussi discriminatoire en ce qu’il prive les Congolais habitant cette partie de la ville de leur droit constitutionnel de manifester, garanti dans l’article 26 de la Constitution du 18 février 2008 en vigueur », expliquent Martin Fayulu et Adolphe Muzito, dans leur déclaration hier lundi 27 septembre devant la presse.
Et de poursuivre : « En réalité, le gouverneur de Kinshasa établit pratiquement et de manière sournoise, un état de siège qui ne dit pas son nom dans cette partie de la capitale (Nldr : l’Est de la ville considéré comme acquis à l’opposition depuis les années Mobutu) ». Par ailleurs, le présidium de Lamuka, usant d’un ton grave, considère la décision de Gentiny Ngobila comme une pure provocation et menace dont le seul but est de les faire disparaitre de la scène politique.
« ETAT DE SIEGE POUR MUSELER LA POPULATION »
Toujours dans sa déclaration d’hier, le présidium de Lamuka ne ménage pas du tout le Président Félix Tshisekedi. Il l’accuse de passer par le gouverneur Gentiny Ngobila pour instaurer un « Etat de siège » dans le district de la Tshangu, considérée non sans raison comme la zone rouge de la très vaste métropole du pays, afin de museler la population.
« Sans aucun fondement et sans préparation aucune, il (Ndlr: Félix Tshisekedi) s’évertue maintenant à vouloir museler les citoyens de Kinshasa par le canal de son gouverneur de la ville et ainsi continuer à diriger le pays sans légitimité et constamment en violation de la constitution« , tranchent Martin Fayulu et Adolphe Muzito dans leur déclaration.
Dans le même registre, Lamuka condamne avec véhémence, la décision de l’autorité urbaine, qu’il considère être à double vitesse. Sinon, la coalition ne comprend pas que ce dernier laisse faire les partis de l’Union sacrée dans l’axe pourtant déclaré « zone neutre » par lui-même. « Le même jour que le gouverneur a publié le fameux communiqué, le parti au pouvoir a organisé une marche dans l’axe ciblé. Le dimanche 26 septembre, le citoyen Mboso, président de l’Assemblée nationale de son état et dont le parti est membre de l’Union sacrée, a organisé un meeting populaire aux allures d’une campagne électorale, au stade de Masina se situant dans la zone dite neutre par le même gouverneur« , argumente Lamuka.
On rappelle que le Gouv de la ville de Kinshasa s’est entretenu le samedi 25 septembre, avec les représentants de certains partis politiques de la Majorité et de l’Opposition. C’est à l’issue de cette réunion qu’il a annoncé l’interdiction d’organiser les marches publiques sur certains tronçons et endroits bien définis de la capitale. A savoir, le centre-ville, principal siège des institutions politiques et l’axe du boulevard Lumumba compris entre le pont Matete et l’aéroport international de N’Djili. Ci-dessous, la déclaration de Lamuka. Rachidi MABANDU
DECLARATION
Mesdames et Messieurs,
L’heure est grave. La démocratie est en danger dans notre pays. Le régime de fait de Monsieur Félix Tshisekedi, après avoir décrété l’état de siège dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri, sans aucun fondement et sans préparation aucune, s’évertue maintenant à vouloir museler les citoyens de Kinshasa par le canal de son gouverneur de la ville et, ainsi continuer à diriger le pays sans légitimité et constamment en violation de la Constitution.
Ainsi, dans le cadre des préparatifs de la marche du 29 septembre courant en réclamation de la dépolitisation de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), le Présidium de LAMUKA rappelle et déclare ce qui suit :
La Constitution de la République, en son article 26, a institué le régime d’information qui oblige les organisateurs d’une manifestation publique à informer l’autorité urbaine de la tenue de la manifestation. C’est ainsi qu’après la marche du 15 septembre dernier, violemment réprimée par la police, les partis membres de LAMUKA avait écrit le 17 septembre 2021 au gouverneur de la ville de Kinshasa pour l’informer de la tenue d’une nouvelle marche le 29 septembre. Son silence, une semaine après la saisine, nous a déterminés à lui adresser une autre lettre le 25 septembre pour lui proposer une rencontre technique afin d’échanger sur les modalités d’encadrement de la manifestation, conformément à la loi. Le même jour, sans répondre à nos lettres, la ville de Kinshasa, à la suite d’une rencontre, convoquée via les réseaux sociaux, avec les partis et organisations politiques majoritairement de l’Union sacrée, a rendu public un communiqué dans lequel elle a décrété d’autorité l’axe «Pont Matete – Aéroport de Ndjili» de «zone neutre» où des manifestations publiques ne peuvent être organisées.
Ce communiqué, qui ne vaut pas décision pour nous, est illégal en ce qu’il ne s’appuie sur aucun soubassement légal. Il est aussi discriminatoire en ce qu’il prive les Congolais habitants cette partie de la ville de leur droit constitutionnel de manifester. En réalité, il établit, pratiquement et de manière sournoise, un «état de siège» qui ne dit pas son nom dans cette partie de la ville de Kinshasa.
Le Présidium note, cependant, que le même jour que le Gouverneur de la ville avait annoncé et fait publier le fameux communiqué, le parti au pouvoir avait organisé une marche dans l’axe ciblé. Le dimanche 26 septembre, le Citoyen Mboso, Président de l’Assemblée nationale de son état et dont le parti est membre de l’Union sacrée, a tenu un meeting populaire, aux allures de campagne électorale, au stade municipal de Masina, se situant, tenez-vous bien, dans la zone dite ‘’neutre’’ par le même gouverneur.
Le Présidium rappelle aussi que le 21 de ce mois, le parti politique ACP du gouverneur de la ville et les partis alliés à l’Udps, avaient organisé une manifestation dont le point de chute fut le Palais du peuple. La dite manifestation s’est terminée par l’attaque des bureaux de l’ECiDé situés sur le boulevard Triomphal.
Le Présidium observe, par ailleurs, que depuis la prise de pouvoir par ce régime de fait, toutes les manifestations publiques des partis politiques membres de LAMUKA sont systématiquement réprimées par la police sur instruction du gouverneur de la ville de Kinshasa. Manifestement, tout est fait pour «étouffer» nos partis politiques et nous empêcher de jouir de nos droits et libertés publiques en invoquant, à chaque fois, des raisons fallacieuses.
C’est justement contre cette discrimination et cette dictature que nous avons décidé de résister, conformément aux articles 12 et 28 de la Constitution.
Ainsi, le Présidium de Lamuka annonce solennellement qu’il maintient sa marche pacifique du 29 septembre courant qui partira du Quartier 3 à Masina jusqu’au Palais du Peuple.
Dans ce cadre, une nouvelle lettre a été adressée ce lundi 27 septembre au gouverneur de la ville pour solliciter, une fois de plus, une rencontre avec les services de l’hôtel de Ville de Kinshasa en présence du Commissaire provincial de la police afin d’échanger sur les modalités d’encadrement de la marche du 29 septembre.
Le Présidium est au courant du complot macabre ourdi dans certaines officines politiques visant l’élimination physique des leaders et des cadres de LAMUKA. Il demande à la police nationale de ne pas tomber dans ce piège et l’appelle a sécuriser la population et leurs biens plutôt que de se rendre complice de ce funeste projet en préparation.
Le Présidium prend l’opinion nationale et internationale à témoin sur les conséquences du comportement du gouverneur de la ville et en appelle au sens de responsabilité des uns et des autres pour la préservation de la paix et de la cohésion nationales.
LAMUKA ne laissera personne assassiner ou détruire les acquis démocratiques issus du pacte républicain de Sun-City.
Le Présidium appelle le peuple congolais en général et les kinois en particulier à ne pas céder aux intimidations et à se mobiliser pour répondre nombreux à cette manifestation du mercredi 29 septembre.
Que Dieu bénisse la RDC et son vaillant peuple.
Fait à Kinshasa, le 27 septembre 2021
LE PRESIDIUM DE LAMUKA
Martin FAYULU
Adolphe MUZITO