La prostitution sur internet, un nouveau fléau en expansion à Kinshasa

* En l’absence d’une réglementation locale sur les réseaux sociaux, ce business en plein boom reste difficile à endiguer.

Un nouveau type de prostitution nait à Kinshasa. A savoir, la prostitution digitale ou sur Internet. Ce « business » en pleine expansion, prend désormais les allures d’un fléau encore difficile à endiguer. Les réseaux sociaux devenus des vecteurs incontournables du plus vieux métier du monde, de plus en plus des jeunes filles s’exhibent nues sur la toile ! Rien n’à voir avec des « sextapes », parfois méchamment partagés. Bien au contraire. Il s’agit des court-métrages d’une vingtaine de minutes maximum, tournés avec des caméras domestiques.

Faute de statistiques disponibles, on estime encore à 30%, les proportions des filles de joie qui exploitent les réseaux sociaux à Kinshasa pour offrir leurs services. La stratégie et le mode opératoire restent les mêmes. La tactique pour ces jeunes prostituées  consiste à créer leurs propres télévisions YouTube, utilisées comme de véritables vitrines en ligne.

Généralement tournées en Lingala, ces vidéos n’ont rien à envier à une séquence porno, avec des coordonnées (numéros de téléphone) affichés au bas du fameux petit écran. Ici, la communication est essentiellement séductionnelle.

La fille, seule actrice principale, a des mots pour vanter ses qualités et son « savoir-faire » en matière sexuelle. L’objectif étant de raviver le fantasme de ses potentiels clients ! La particularité est qu’il n’y a aucun tarif affiché. Le « deal » se conclut via Wattsap. Discrétion oblige, surtout pour des partenaires se trouvant en dehors de Kinshasa.

« JE GAGNE AU MINIMUM 500 EUROS LE JOUR »

« Je ne m’exhibe pas pour une prostitution de survie, comme le font la plupart des prostituées de trottoir. Mes vidéos sont pour moi un véritable business et j’en tire des dividendes conséquents. J’ai des marchés partout. Ils sont nombreux, en Afrique de l’Ouest, à Lubumbashi, en Europe…des hommes qui me demandent en privé, mes vidéos nues pour assouvir leurs fantasmes. Pour ce type de relation, le minimum à payer est de 200€.  Et je dois vous avouer que je peux tout manquer, sauf un minimum journalier de 500 €. Il y a peu, j’ai séjourné à Brazzaville, sur invitation des personnes qui m’ont découverte sur ma chaine YouTube. Je préfère ne pas te donner tous les détails« , déclare à « Forum des As », une professionnelle du sexe, très connue sur You Tube sous un pseudo.

On note, cependant, que ce nouveau type de prostitution à Kinshasa, n’est pas une exclusivité des jeunes  filles. Certains jeunes gens en ont également fait leur créneau porteur. Ces proxénètes recrutent des jeunes filles prostituées pour leurs petites « agences de sexe » très discrètement tenues dans la ville, dont seuls les initiés peuvent accéder aux cordonnées.

« Abonnez-vous très massivement à notre chaine, votre chaine YouTube et vous ne serez jamais déçus. Car, nous vous y réservons des surprises, de nouveautés avec des actrices (Ndlr : des jeunes prostituées nouvellement recrutées qui ont la maitrise du métier« , ainsi désamorce le générique d’une télévision YouTube.

EN L’ABSENCE D’UN ARSENAL JURIDIQUE…

Bien qu’en vogue, la prostitution digitale à Kinshasa reste très peu connue de la majorité de la population. Cela pour plusieurs raisons. Mais la plus importante est d’ordre technique. On souligne que nombreux sont des Kinois qui, malgré eux, n’ont pas accès à YouTube à cause de son caractère onéreux. Car, le téléchargement des contenus  de ce nouveau média exige suffisamment de Mégabytes, dont le coût n’est pas à la portée du commun des mortels kinois.

Toutefois, la question qui se pose est celle de savoir comment faire pour endiguer ce nouveau phénomène et décourager tous ceux ou toutes celles qui seraient tentés de s’y adonner ? A priori, il n’existe pas à ce jour, d’arsenal juridique qui pénalise les proxénètes en ligne, en commençant par la censure préalable des contenus des médias sociaux. Moralité, tout y passe et la lutte contre ce type de prostitution reste encore illusoire à Kinshasa.

Dès lors que la prostitution en ligne, tout comme celle de trottoir, attire de nombreuses filles paresseuses et très portées sur la vie ou le gain facile, d’aucuns estiment qu’il y a lieu de créer une Unité spéciale de la Police nationale congolaise (PNC), dédiée à la veille sur les plateformes sociales. Evidement que dans cette quête de stratégie de lutte contre la prostitution sur Internet- au cas où on y aurait déjà pensé au niveau des dirigeants du pays- la plus grande difficulté semble technique, dans la mesure où les vrais responsables de ces chaines YouTube, sont pour la plupart hébergés à l’étranger.

Une autre piste à scruter, serait de mieux « former et informer les forces de l’ordre et les magistrats  » à cette prostitution de type nouveau dans la capitale. Dès lors, de personnes éprises de bonne moralité pensent que l’antidote à cette pratique serait également de créer une gouvernance mondiale de l’Internet qui permettrait l’application de mêmes règles partout.

Par ailleurs, il est une autre piste à scruter qui n’aurait les faveurs ni du Gouvernement ni d’éventuelles associations abolitionnistes. Il s’agit de lutter contre les réseaux sur Internet, en créant un site de mise en relation autorisé par l’Etat. Ainsi, on aurait une structure officielle chargée de vérifier a priori, toutes les communications des professionnelles du sexe, afin de s’assurer qu’elles ne proposent pas les services d’une mineure ou d’une personne exploitée par un réseau. Cela suppose que l’Etat  doive avant tout, identifier toutes les professionnelles du sexe pour un suivi rigoureux de la réglementation en aval. L’exercice pourrait s’avérer  certes difficile, mais pas impossible. Grevisse KABREL

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