C’est hier, dans la ville de Lubumbashi capitale du Haut-Katanga que Gabriel Kyungu Wa Kumwanza affectueusement appelé « Baba wa Katanga« , c’est-à-dire Papa, par ses partisans de l’UNAFEC « Union nationale des fédéralistes du Congo », a été inhumé dans un mausolée construit dans sa ferme privée située à 50 km de la ville cuprifère sur la route de Kasenga. Avant tout, les obsèques officielles ont eu lieu au Bâtiment du 30 juin, siège de l’Assemblée provinciale dont il était le Président et en présence de Félix Tshisekedi, Président de la République et Jean-Michel Sama Lukonde Kenge, Premier ministre et chef du gouvernement.
C’est au cours d’une célébration eucharistique où le célébrant qui présenté comme un catholique pratiquant qui a passé toute sa vie, 82 ans, jusqu’à sa mort à adorer le Très-Haut et son fils Jésus-Christ dans sa Paroisse, donc celle de la « Basilique » nef érigé au centre de la bouillante commune de Kenya. Il a surtout présenté « Baba » comme un homme de l’unité de la nation et aussi de la cohabitation pacifique entre toutes les communautés vivant sur le territoire du Katanga.
On ne peut parler de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza sans évoquer le « Groupe des 13« . En effet, ce sont les treize Commissaires du Peuple du Conseil législatif, qui fait office de Parlement dans le Zaïre du Maréchal Mobutu Sese Seko où les treize lui adressent, en 1980, la lettre de « 52 pages » qui en fait est un sévère réquisitoire de sa gouvernance politique qui est en contradiction avec le « Manifeste de la Nsele« , le projet de société du MPR, Parti-Etat qui préconise le développement intégral du Zaïre.
Tous les treize signataires de ce document notamment Kyungu Wa Kumwanza, sont brutalement arrêtés, sauvagement torturés et frappés de bannissement dans des relégations dans des contrées lointaines et inaccessibles. En février 1982, les treize parlementaires qui sont dans l’entretemps déchus de leur qualité de « Commissaires du peuple » -Députés- créent clandestinement le parti politique UDPS dont Kyungu Wa Kumwanza est l’un des treize fondateurs.
« Baba » évolue dans ce parti politique interdit jusqu’en avril 1990, date qui scelle la démocratisation de l’ancien Zaïre en réinstaurant les activités politiques des partis politiques qui étaient jusque-là interdites par l’Etat. C’est à cette occasion que Kyungu Wa Kumwanza avec d’autres leaders Katangais lancent la Fenadec qui, quelques mois après fusionnera avec le PRI de Jean Nguz pour donner naissance à l’UFERI « Union des fédéralistes et républicaine indépendants de Jean Nguz-A Karl-I Bond » qui le fera nommer gouverneur du Shaba, aujourd’hui Katanga lorsqu’il devient Premeir ministre du Zaïre fin 91.
C’est bien plus tard que Gabriel Kyungu Wa Kumwanza et le bâtonnier Kisimba Ngoy créent le parti politique l’UNAFEC « Union nationale des fédéraliste du Congo« .
Il sied peut-être de rappeler que la vie politique de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza est intimement liée à celle de son ami intime Fréderic Kibassa Maliba, le seul membre du Bureau Politique par élection aux suffrages de 1977 dans tout le Zaïre à avoir signé la lettre de « 52 pages » de treize Commissaires du Peuple. Début 60, Fréderic Kibassa Maliba se présente aux élections provinciales du Katanga et prend Gabriel Kyungu Wa Kumwanza comme son Directeur de campagne.
Kibassa est élu comme député provincial du Katanga et il est même nommé ministre au gouvernement provincial où il désigne Gabriel Kyungu Wa Kumwanza comme son Directeur de cabinet (DIRCAB). Cependant en 1977, Kyungu se présente à la députation comme Commissaire du Peuple, conseil législatif pour le Shaba, actuel Katanga et échoue. Son ami Kibassa Maliba est, lui, élu au Bureau Politique, toujours pour la province du Shaba.
C’est en 1980 que Kyungu Wa Kumwanza qui était finalement devenu suppléant de Mwando N’Simba le remplace au Conseil législatif lorsque ce dernier est nommé Commissaire de Région, c’est-à-dire gouverneur de l’ancien Kivu qui comprenait les vastes districts de la dimension de certains Etats européens du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema. Fabuleux parcours politique pour « Baba » qui avait commencé dans son Katanga natal, où il voit le jour à Ankoro, Territoire de Manono. KANDOLO M.