Etats généraux, un vieux variant zaïro-congolais !

Autant le souligner tout de go. Sous toutes les latitudes, les états généraux constituent un exercice trop sérieux pour être brocardés. Surtout lorsqu’ils concernent un secteur basique, vital, structurant, porteur de croissance, gage de la nécessaire diversification de l’économie rd congolaise et, donc, hyper stratégique comme l’agriculture. Les états généraux sont à la fois une boussole, une feuille de route, un antidote au risque de navigation à vue, une banque de données pour l’action.
De ce point de vue, on ne peut que saluer la tenue, en ce moment, de la grand-messe sur l’agriculture.
Le hic, c’est que le pays de Lumumba bat tous les records en matière d’organisation des états généraux. Il n’est pas un seul secteur qui n’ait organisé son forum cathartique ! Même l’état des lieux du pays a été passé plus d’une fois au scanner. Quantité de recommandations et résolutions pertinentes ont déjà été formulées. Elles gisent – jusqu’à jaunir-au fond des tiroirs de la Présidence de la république, de la Primature, des ministères…
Deux fois, Premier ministre en France au début du siècle dernier, Georges Clémenceau avait eu cette phrase: « quand on veut enterrer une décision, on crée une commission ». Au Congo-Zaïre, mutatis mutandis, lorsqu’on veut enterrer un secteur de la vie nationale, on organise les états généraux ».
La RDC ressemble à un malade sur qui tous les examens ont été effectués et les maux détectés. Chaque médecin y est allé de ses prescriptions et de son projet de thérapie. Il reste tout simplement que le grabataire consente de se mettre à la cure.
Cela fait des décennies que ce paradoxe dure ! Un malade qui sait ce dont il souffre par le menu, qui connait par cœur la liste de produits à ingurgiter. Au lieu de commencer sa cure, il continue à multiplier des consultations pour s’entendre dire qu’il souffre de la même maladie depuis des lustres et qu’il n’a qu’à prendre les médicaments qui lui ont déjà été prescrits!
Est-il encore nécessaire de répéter pour la énième fois que l’agriculture devrait être la priorité des priorités ? Est-il besoin d’être ingénieur agronome pour savoir que la RDC a vocation à nourrir non seulement les -100 millions ?- de ses filles et fils, mais en plus une bonne partie de l’Afrique ? Combien de fois devrait-on dire que la diversification de l’économie a pour pierre angulaire l’agriculture ? Qu’a-t-on commencé à faire concrètement pour sortir « la revanche du sol sur le sous-sol » du large spectre des slogans et autres belles formules théoriques dans lesquels excellent les dirigeants politiques zaïro-congolais ?
Quand va-t-on enfin décider de cesser de proclamer notre « tigritude » en sautant sur la proie et en la dévorant, comme le conseille le dramaturge nigérian Wolé Soyinka? José NAWEJ

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