Elections 2023 : la Cenco et l’ECC veilleront au grain

* Fortes de leur ancrage et de leur capacité de mobilisation, les deux Eglises traditionnelles entendent mener une mission conjointe d’observation.

La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) sont déterminées à travailler en synergie, en vue de garantir à la population « des élections honnêtes et apaisées ». C’est dans cette optique qu’elles viennent de fusionner leurs feuilles de route électorales en optant pour un canevas commun : l' »Agenda 2023, cap vers les élections honnêtes et apaisées ».

Président en exercice de la CENCO, Mgr Marcel Utembi Tapa révèle que cette initiative a été prise pour matérialiser l’engagement de ces deux confessions religieuses qui tiennent à  »œuvrer en consortium sur les questions liées à la démocratie, la gouvernance et les droits humains’‘. C’est dans cette perspective que la CENCO et l’ECC ont signé un Accord-cadre qui fixe les modalités de leur collaboration, souligne l’archevêque de Kisangani, à travers un communiqué émis le vendredi 17 décembre.

A la lumière de cette déclaration, Mgr Marcel Utembi renseigne que la nouvelle feuille de route a été minutieusement élaborée par les commissions Justice et paix de l’Eglise catholique et de l’Eglise protestante. Ces organes techniques, précise-t-il, se sont inspirés de feuilles électorales de deux entités pour les couler en une seule. Ils se sont donc référés, en l’occurrence, à l' »Agenda 2023″, publié par l’épiscopat catholique congolais le jeudi 18 mars 2021, et à « Cap vers 2023 », diffusé par l’ECC le 27 mars de l’année en cours.

CENI : triompher de la dissidence

Cette synergie s’est consolidée lors d’un atelier organisé du 15 au 16 septembre dernier. Assises auxquelles ont pris part des structures techniques et laïques de deux confessions religieuses et  »dont les conclusions participent au renforcement de l’engagement de ces deux Eglises sœurs en faveur de la consolidation de la démocratie par l’organisation des élections honnêtes et apaisées en RDC », fait remarquer le président en exercice de la CENCO.

Ces travaux de concertation interviennent à une phase délicate de la vie politique en RDC. Période marquée par des dissensions au sein de la composante  »Confessions religieuses »  à propos de la désignation de l’animateur censé diriger la Centrale électorale en perspective des élections de 2023. Cette scission, qui n’est pas la première du genre, quant au choix du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), met en évidence deux blocs qui ont du mal à émettre sur le même diapason.

Il y a, d’une part, les deux grandes confessions religieuses, l’Eglise catholique et l’Eglise protestante, qui ont l’avantage d’avoir un ancrage réel au pays, aussi bien à travers leur implantation géographique dans le Congo profond que par l’important effectif numérique de leurs membres sur l’échiquier national. Il y a, d’autre part, les six autres confessions religieuses, soupçonnées de jouer la carte du pouvoir, en s’agrippant à un candidat jugé proche du pouvoir en place. Et donc qui ne pourrait résister aux pressions où il faudrait annoncer le verdict des urnes.

Déjouer la manipulation

C’est dans ce contexte que la CENCO et l’ECC ont jugé opportun de faire chorus pour résister contre toute tentative d’intimidation et de manipulation de la part de certains tenants du pouvoir qui tenteraient de leur imposer un candidat à la tête de la CENI. Opposé au dépôt, à l’Assemblée nationale, d’un procès-verbal non consensuel, estampillé  »Confessions religieuses », le tandem a tenté en vain d’obtenir l’arbitrage du chef de l’Etat.

« Redoutant, dès lors, d’être court-circuité au niveau de la chambre basse par le vote des députés, en majorité pro Union sacrée, ces deux églises veulent dicter leur partition en jouant, comme à l’accoutumée, un rôle de plus en plus actif sur un terrain où elles regorgent tant de compétences. Un pays où elles sont plus présentes et crédibles que l’Etat », commente un analyste politique.  

Eviter toute contestation anticipée des élections

Se voulant toutefois moins conflictuels, les porte-étendards de ces deux églises traditionnelles se proposent de contribuer à atténuer les chocs liés au processus électoral, et particulièrement aux limites de la Loi organique sur la Ceni, qui sera débattue lors de la session de septembre en cours à la Chambre basse.

Rappelant les échanges qu’il y a eu récemment entre les ambassadeurs et le consortium ECC-Cenco sur le processus électoral en RDC, eu égard aux conclusions des travaux dudit atelier, Mgr Marcel Utembi a évoqué quelques recommandations sur la Loi organique sur la Ceni, la désignation des animateurs de la Centrale électorale, la Loi électorale, la Mission d’observation électorale.

A propos de la Loi organique sur la CENI, l’ECC et la Cenco invitent « les composantes concernées par le processus de désignation des animateurs à privilégier le consensus en interne » pour « éviter toute contestation anticipée des élections ». En ce qui concerne la Loi électorale, le tandem demande « que soit clairement définie l’utilisation de la machine à voter, la gestion transparente des résultats et le rôle des missions d’observation ».

       Pour sa part, le consortium deux Eglises traditionnelles annonce son intention de mener une Mission conjointe d’observation des élections, compte tenu de leur ancrage et de leur capacité de mobilisation.   Yves KALIKAT et Kléber KUNGU

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