Des Congolais se sentent floués par l’UE

Ils sont nombreux, des Congolais qui espèrent que l’Union européenne aiderait la RDC dans la mise en œuvre des mécanismes judiciaires et extra judiciaires de la justice transitionnelle. Mais lorsque le 2 septembre courant, ils ont vu l’Ambassadeur de l’Union européenne auprès de la RDC, Jean-Marc Châtaigner, recevoir Tommy Tambwe, nouveau coordonnateur national du Programme de Démobilisation, Désarmement, Relèvement Communautaire et Stabilisation (DDRC-S), dont la nomination n’avait pas été vue d’un bon œil par des activistes des droits humains, à cause de son passé d’ancien chef de guerre, ils ne savent plus à quel se vouer.

Dans ses nouvelles fonctions, l’ancien vice-gouverneur du Sud-Kivu sous la rébellion du RCD-Goma a reçu le soutien des diplomates européens. «La réussite du DDCR-S reposera nécessairement sur l’adhésion de la population à sa mise en œuvre, l’engagement politique au plus haut niveau des autorités nationales, la confiance et le soutien des partenaires internationaux de la RDC», a indiqué l’ambassadeur Jean-Marc Châtaigner sur compte Twitter.

Si le soutien des partenaires internationaux semble acquis au nouveau coordonnateur national du programme de Désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (DDRC-S), ce ne sera pas le cas, en termes d’adhésion, de la population notamment les défenseurs des droits humains. En tout cas, ce n’est pas demain la veille.

Ceux-ci disent à haute et intelligible voix, à l’image du Dr Denis Mukwege, que « la place des criminels n’est pas dans les institutions du pays, mais plutôt devant les instances judiciaires

Le célébrissime gynécologue de Panzi, Nobel de la Paix 2018, soutient que s’il existe une réelle volonté politique d’éradiquer les groupes armés et de relever les communautés affectées par les exactions des milices, il y a des hommes et des femmes qui ne se sont pas sali les mains avec du sang, sur lesquels on peut compter.

On se rappelle la réaction du Dr Denis Mukwege après la nomination de Tommy Tambwe. Il n’était pas allé avec le dos de la cuiller pour demander «aux autorités compétentes de rompre avec les politiques visant à accorder des promotions à ceux qui devraient répondre de leurs actes devant la Justice».

En décembre 2020, il avait demandé au Conseil de sécurité des Nations Unies de prendre en compte la question de la mise en place des mécanismes judiciaires et extra judiciaires de la justice transitionnelle en RDC. Et neuf mois plus tôt, en mars 2020, Denis Mukwege a bénéficié de la caution morale des ambassadeurs de l’Union européenne en RDC.

La rencontre entre Jean-Marc Châtaigner et les ambassadeurs européens accrédités à Kinshasa avec le nouveau coordonnateur de DDCR-S a « glacé » certains congolais dont l’un lui a posé la question de savoir comment le pays pourrait mettre en place la justice transitionnelle aussi longtemps que les conflits et les violences continuent à l’Est. «Je pense en fait que nous sommes d’accord que la priorité doit aller, où cela est possible, vers la réintégration civile et communautaire. Je rappelais pour nous ce qui est la ligne rouge : pas d’intégration dans l’armée de personnes coupables de crimes», a répondu Jean-Marc Châtaigner.

L’ambassadeur de l’Union européenne en RDC ne s’est pas arrêté là.  «Pour l’UE, il est important que le DDCR-S intègre un fort lien avec la stratégie de justice transitionnelle en préparation au ministère de la justice et qu’en particulier, il n’y ait pas d’amnistie des auteurs de crimes graves ou d’intégration automatiques dans l’armée », précise le diplomate européen.

Le programme de DDRS-C est né de la fusion du programme national de désarmement démobilisation, réinsertion en République Démocratique du Congo (PD-DDR) et du Programme de stabilisation et reconstruction des zones sortant des conflits armés (STAREC). Il s’inscrit dans une stratégie globale de stabilisation et de prévention des conflits avec pour priorité le renforcement du développement économique et social ainsi que la sécurité à long terme. Le programme DDRS-C est rattaché à la présidence de la République. Didier KEBONGO

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