Les Congolais d’un certain âge le savent. Sous Mobutu et même sous Kabila -Père et fils-, le » mythe » UDPS s’est notamment nourri d’interdits. De beaucoup d’interdits. Lesquels ont permis à la formation tshisekediste de faire de la posture victimaire son dada. Mieux, son fonds de commerce …politique. Jouant à qui perd gagne, Etienne Tshisekedi a su tirer méthodiquement parti de l’image » père fouettard » des pouvoirs qu’il combattait. En particulier le Régime Mobutu durant les années de plomb. Ainsi naquit le sphinx de Limete.
On pouvait s’attendre raisonnablement à ce qu’une fois au pouvoir, l’UDPS et /ou ses succédanés évitent de marcher dans les pas de ses devanciers. Ce, au nom du « changement radical « , véritable mantra de ce parti tout au long de son très long séjour au sein de l’opposition. Que nenni ! Les restrictions à n’en point finir sur le front des manifestations publiques de Lamuka du tandem Fayulu-Muzito ont tout d’un variant de l’épidémie dont l’UDPS a souffert des décennies durant.
Au nom du sacro-saint principe selon lequel » les mêmes causes produisent les mêmes effets « , le pouvoir UDPS est en train de faire le lit de son opposition. Loin d’endormir …Lamuka, la batterie d’interdits aide plutôt cette plateforme à se réveiller- ou à se lever- du bon pied. Et à poursuivre sa marche de censeur en chef du Gouvernement des Warriors. La nature ayant horreur du vide -dixit Aristote-, la plateforme née à Genève ou ce qu’il en reste est en passe de se poser en alternative à la Fatshisphère.
A Kinshasa, le duo Fayulu-Muzito enfile d’autant plus facilement le costume d’opposants-résistants que l’absence du moindre début de redoux social ne plaide pas pour le pouvoir en place. Le dividende démocratique n’étant visiblement pas toujours à l’ordre du jour. Si les nababs du nouveau régime et leurs dépendants continuent à s’installer et à installer, le Congolais d’en bas n’a jusqu’ici que ses yeux pour assister à la métamorphose sociale des tenants de » Le peuple d’abord« .
Ce n’est pas tout. Dans cette RDC où le vernis partisan cache difficilement le « nationalisme tribal « , Lamuka exhale dans les banlieues de Kinshasa et leurs hinterlands comme une odeur de » l’ex- province Léopoldville » face à -ou contre ? – une autre réalité sociologique de taille, socle en béton armé du nouveau pouvoir.
L’on comprend dès lors que la Tshangu soit au cœur de la bataille entre le Régime et Lamuka. Jusqu’à y décréter un » état de siège » qui ne dit pas son nom. Un interdit dans l’interdit. José NAWEJ